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LA POÉSIE ET SES MARGES (APRES-GUERRE)

Publié le 21/11/2011

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Sans doute est-ce cette dernière particularité qui devait amener tant de jeunes à reconnaître en lui l'initiateur d'une nouvelle forme de parole, enivrée de son propre pouvoir de signification. C'est en tout cas à un exercice d'équilibre entre l'insolite et la rigueur que Char ne cesse de se livrer au fil de ses livres : Fureur et mystère (1948); le Soleil des eaux, 1949; Claire, 1949; les Matinaux, 1950; A une

sérénité crispée, 1951; Recherche de la base et du sommet, 1955; la Parole en archipel, 1962; Commune présence, 1964. Poète obscur bien qu'épris de la plus claire lumière, poète abstrjlit bien que fasciné par la réalité la plus proche, la plus immédiatement saisissable, moraliste -tout ensemble familier et hautain, Char l'énigmatique n'existe au fond que par cette ambiguïté centrale. Elle seule permet à son discours, parfois entaché d'un certain didactisme métaphysique, de prendre son véritable essor...

« La surréalisme par Valentine Hugo (1932), à gauche , René Char Coll .

Particulière (C) by Spadem, 1980/Snark rose, 1966).

Enfin et surtout, René Char, après des débuts prometteurs, mais sans plus, accède enfin à lui-même.

· René CHAR (né en 1907) Ce Vauclusien qui se reconnaît dans les lieux que fréquenta jadis Pétrarque commence par mili­ ter dans les rangs surréalistes (Artine, 1929; le Marteau sans maître, 1934).

Mais c'est la guerre, avec son cortège de fatalités (l'engagement, le maquis), qui va lui permettre de découvrir sa vraie voie.

Cette expérience, qui est pour lui tout à la fois celle de la solidarité et de la solitude, le conduit tout naturellement vers une poésie autre : adhésion résolument optimiste à la très simple et très parlante réalité des choses (arbres, eaux, pierres, oiseaux qui sont ici autant de modèles pour l'homme), mais aussi, mais surtout volonté de donner plus de densité, plus de sens au langage.

Sans doute est-ce cette dernière particularité qui devait amener tant de jeunes à reconnaître en lui l'initiateur d'une nouvelle forme de parole, enivrée de son propre pouvoir de signification.

C'est en tout cas à un exercice d'équilibre entre l'insolite et la rigueur que Char ne cesse de se livrer au fil de ses livres : Fureur et mystère (1948); le Soleil des eaux, 1949; Claire, 1949; les Matinaux, 1950; A une sérénité crispée, 1951; Recherche de la base et du sommet , 1955; la Parole en archipel, 1962; Com­ mune présence, 1964.

Poète obscur bien qu'épris de la plus claire lumière, poète abstrjlit bien que fas­ ciné par la réalité la plus proche, la plus immédia­ tement saisissable, moraliste -tout ensemble familier et hautain, Char l'énigmatique n'existe au fond que par cette ambiguïté centrale.

Elle seule permet à son discours, parfois entaché d'un cer­ tain didactisme métaphysique, de prendre son véritable essor : Oh la toujours plus rase solitude Des larmes qui montent aux cimes.

Quand se déclare la débâcle Et qu'un vieil aigle sans pouvoir Voit revenir son assurance, Le bonheur s'élance à son tour, A flanc d'abîme le rattrape .

Chasseur rival, tu n'as rien appris , Toi qui sans hâte me dépasses Dans la mort que je contredis.

Héritiers eux aussi du surréalisme, parfois à leur corps défendant, tous ceux qui, en marge du mou­ vement, recherchent un accomplissement dans des voies qui sont celles de la frénésie : le torrentiel AUDIBERTI (1899-1965), « réservoir géant des mots •• (Toujours , 1944; la Beauté de l'Amour, 1955; Ange aux entrailles, 1961); Jean-Pierre DUPREY (1930-1958), qui se suicide à 28 ans, '' spectre qui ne le cède pas en diversité au spectre solaire "• selon la belle définition de Breton; Èdmond JABÈS (né en 1912), Égyptien d'expres­ sion française, dont l'art fait magnifiquement vio­ lence aux. »

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