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RONSARD : « Il faut laisser maisons... »

Publié le 15/02/2011

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ronsard

Il faut laisser maisons, et vergers, et jardins, Vaisselles et vaisseaux que l'artisan burine, Et chanter son obsèque en la façon du cygne, Qui chante son trépas sur les bords Méandrins. C'est fait ! J'ai dévidé le cours de mes destins ; J'ai vécu ; j'ai rendu mon nom assez insigne ; Ma plume vole au ciel pour être quelque signe, Loin des appas mondains qui trompent les plus fins. Heureux qui ne fut onc ! plus heureux qui retourne En rien, comme il était I plus heureux qui séjourne, D'homme fait nouvel ange, auprès de Jésus-Christ, Laissant pourrir çà-bas sa dépouille de boue, Dont le sort, la fortune et le destin se joue, Franc des liens du corps pour n'être qu'un esprit.   

Ronsard traitant le thème de la Mort se révèle tantôt franchement épicurien, — et ce sont les plaintes de Je n'ai plus que les os..., la mélancolie de Ma douce jouvence est passée..., la révolte de Mignonne contre la « marâtre nature « — tantôt sincèrement chrétien, — et ce sont la foi et l'abnégation de l'Hymne de la Mort. Les deux inspirations sont peut-être philosophiquement incompatibles. Mais ne sont-elles pas conciliées dans l'œuvre de Ronsard, notamment dans le sonnet qu'il écrivit au bord de la tombe II faut laisser maisons... ? Réactions épicuriennes, foi chrétienne, culte de l'art... n'y forment-ils pas un tout pathétiquement vécu ?   

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