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LE THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE

Publié le 27/06/2012

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Le théâtre s'est transformé depuis 1550 autant que la poésie; c'est alors que naissent, sous une·forme à peu près définitive, la tragédie et la comédie. Les anciennes formes théâtrales sont méprisées et meurent; seule la farce subsistera, parallèlement à la comédie, mais en dehors du champ littéraire. Les mystères devaient succomber parce qu'ils ne satisfaisaient ni le public cultivé, tout à l'enthousiasme pour les tragédies grecques nouvellement publiées et traduites, ni le public dévot, dont la religion, plus épurée, se choquait des familiarités qui s'y mêlaient au sentiment religieux...

« LE THÉATRE DE LA RENAISSANCE 91 de Boncourt est la représentation (fin 1552 ou début 1553) de Cléopâtre, œuvre d'un jeune homme de vingt ans, Jodelle (1532-1573); représentation solen­ nelle devant les plus grands personnages, et qui donne d'un coup la gloire à l'auteur.

Cette pièce est la pre­ mière tragédie régulière : cinq actes, avec chœurs lyriques entre les actes, unité de temps, de lieu, d'action, péripéties réduites au minimum.

Qu'on ne l'imagine pas cependant semblable à une tragédie de Corneille 1 La différence est profonde.

Ici, nulle progression.

Cléopâtre est vaincue et prisonnière; va-t-elle accepter de figurer au triomphe de son vainqueur, Octave? La pièce est faite de ses hésitations, d'ailleurs vite terminées par la décision de mourir, et surtout de ses adieux, de ses lamentations, de commentaires moraux sur sa situation, des objections de ses suivantes et du récit de sa mort.

Point d'action : le tableau d'une souffrance et les commentaires qu'elle suscite.

Du lyrique, du didactique, peu de dramatique; et c'est pourtant cette conception de la tragédie, dite tragédie­ passion, qui persistera jusqu'à la veille du triomphe de Corneille.

Les jeunes rivaux du collège de Coqueret comprirent l'originalité de la tentative; ils en fêtèrent le succès en une cérémonie tout antique, à Arcueil; le sacrifice d'un bouc scella l'union des groupes de Boncourt et de Coqueret, dans une commune passion pour l'antiquité grecque, au milieu de joyeuses beuveries.

Jodelle poursuivit une carrière si brillamment com­ mencée, avec une Didon se sacrifiant, qui met en scène la séparation d'Énée et de Didon et le suicide de celle-ci (1558), tandis que divers poètes du groupe s'attaquaient à des sujets analogues.

Jusqu'en 1560 les poètes dramatiques travaillent à l'imitation de Sénèque ou des tragiques grecs, sans avoir réfléchi aux lois du genre.

Après cette date, des ouvrages théoriques paraissent, qui font réfléchir et obligent les auteurs à préciser leur technique : les Sept livres de poétique de Scaliger, en latin (1561), le Discours pour l'intelligence de ce théâtre de Grévin (1562) et l'Art de la tragédie (1562) de Jean de la Taille.

Ces ouvrages, celui de Scaliger surtout, sont les premiers éléments d'une longue dispute sur la vraie nature et les véri­ tables lois du genre dramatique, dispute qui durera près de cent ans, et dont les épisodes influeront pro-. »

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