Toussaint Louverture, François Dominique

Toussaint Louverture, François Dominique (1743-1803), général et homme politique haïtien, artisan précurseur de l’indépendance d’Haïti.

L’enfance et la jeunesse de Toussaint Louverture sont mal connues. Fils d'esclaves, de son vrai nom François Dominique Toussaint, il est probablement né près de la ville de Cap-François (actuel Cap-Haïtien), dans la colonie française de Saint-Domingue (partie occidentale de l’île d’Hispaniola et actuelle Haïti). Esclave lui-même, il aurait bénéficié cependant d’un statut privilégié de domestique de maison. Affranchi vers 1776, à l’âge de 33 ans, il devient alors petit propriétaire terrien, détenant lui-même quelques esclaves. Pendant 15 ans, il s’occupe de son domaine, jusqu’à ce qu’éclate, en 1791, une grande révolte des esclaves.

Les relations que l’on possède sur ses activités au cours de cette révolte sont contradictoires : selon certains, il ne participe pas directement à ces événements, tandis que, selon d’autres, il fait au contraire partie des insurgés qui la dirigent. Quoi qu’il en soit, Toussaint s’engage en 1793 dans l’armée espagnole, pour combattre la France (les combats font rage dans l’île depuis la révolte des esclaves). Cependant, un an plus tard (l’année qui marque l’abolition officielle de l’esclavage par la France), il rejoint les troupes françaises où, remarqué pour ses qualités de stratège, il monte rapidement en grade. Menant au combat ses partisans, il permet à la France de remporter plusieurs victoires contre les troupes espagnoles. La tradition veut que ce soit cette habileté guerrière qui lui ait valu son surnom de Louverture, après qu’un admiratif (peut-être le commissaire de la République Polverel) eut dit de lui : « Mais cet homme fait ouverture partout ! «.

Promu colonel en 1795, il est la même année élevé au grade de général de brigade par la Convention. En 1796, alors que vient d’éclater une révolte de la population mulâtre de l’île (qui voit d’un mauvais œil le pouvoir croissant qu’acquièrent les Noirs dans la colonie), il délivre le général français Levaux assiégé dans Port-de-Paix. Cette action d’éclat lui vaut d’être nommé général de division et lieutenant au commandement général de la colonie de Saint-Domingue. Toussaint Louverture s’emploie alors à chasser les troupes anglaises qui sont encore cantonnées dans le nord et l’ouest de l’île.

Promu commandant en chef de la colonie de Saint-Domingue en 1797, Toussaint Louverture accroît son pouvoir. Il s’emploie à renforcer son armée et n’hésite pas à expulser le général Hédouville, envoyé par le Directoire pour le remplacer. Il va jusqu’à menacer le Directoire d’une révolte des Noirs si celui-ci envoie une armée dans l’île pour rétablir l’ordre colonial, à savoir réinstaurer l’esclavage. Mais l’humanité n’est en rien à l’origine de cette décision : en effet, en 1800, Toussaint Louverture réorganise le fonctionnement des plantations et instaure les travaux forcés. En 1801, il édicte une Constitution qui fait de lui le gouverneur à vie de Saint-Domingue. Il se montre un habile administrateur, mais également un homme intransigeant qui n’hésite pas à réprimer les révoltes (qu’elles soient le fait des Mulâtres ou des Noirs) dans le sang. Malgré tout, il s’attache à toujours sauver, dans ses relations avec la France, les apparences de la soumission, bien que la tradition veuille que ses lettres à Napoléon commençassent par « Le Premier des Noirs au Premier des Blancs. «

En 1802, Napoléon I^er envoie dans l’île des troupes commandées par son beau-frère, le général Charles Victor Emmanuel Leclerc, pour renverser Toussaint Louverture et établir au pouvoir un homme proche du Directoire. Arrêté et accusé de conspiration, Toussaint Louverture est déporté en France, où il meurt en prison. Considéré comme l'un des pères fondateurs de la république indépendante d'Haïti, il y est aujourd'hui honoré comme un héros national.