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Valéry, Paul - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Valéry, Paul - écrivain. 1 PRÉSENTATION Valéry, Paul (1871-1945), poète et essayiste français qui se fixa pour tâche de réfléchir sur le fonctionnement de l'esprit, l'attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l'art sont également possibles. 2 UN HÉRITIER DU SYMBOLISME Paul Valéry naquit à Sète : la présence du soleil et de la mer devaient illuminer de nombreuses pages de sa poésie, et le cimetière marin de la ville lui inspirer un poème célèbre. Valéry poursuivit ses études secondaires à Montpellier. N'ayant pu faire l'École navale, il entra à la faculté de droit (1888) et « dériva cette passion maritime malheureuse vers les lettres et la peinture «. Il mena des études peu brillantes par « horreur des choses prescrites «. Passionné de poésie, il lut Hugo, Gautier, Baudelaire puis, par l'intermédiaire de À rebours, de Huysmans, il découvrit les poètes symbolistes, en particulier Verlaine et Mallarmé. C'est sous l'influence de ces lectures qu'il composa ses premiers vers. En 1890, il se lia d'amitié avec Pierre Louÿs, qui lui fit rencontrer Mallarmé, José Maria de Heredia et André Gide. Son activité poétique semblait alors sur la voie de l'épanouissement, puisqu'il avait fait paraître quelques poèmes dans la revue la Conque, par l'intermédiaire de Louÿs. Mais, un jour de 1892, à Gênes, il traversa une crise passionnelle et prit conscience en même temps que la poésie, avec Mallarmé, avait atteint un achèvement. Cet événement, occasionnant une brusque remise en question de lui-même, l'amena à renoncer à la poésie et à rechercher une nouvelle maîtrise de lui-même pour échapper au confusionnisme : « la littérature n'est rien de désirable si elle n'est pas un exercice supérieur de l'animal intellectuel «. 3 DEVENIR LE « MAÎTRE DE SA PENSÉE « Installé à Paris en 1894, Valéry fut reçu au concours de rédacteur au ministère de la Guerre, et occupa ce poste jusqu'en 1900, date à laquelle il devint secrétaire particulier d'un administrateur de l'agence Havas. Il fréquenta alors des milieux professionnels très divers, tout en disposant de loisirs suffisants pour un travail personnel quotidien de lecture et de réflexion. Pendant une vingtaine d'années, Valéry travailla sa pensée, s'adonnant en particulier à l'étude des mathématiques et cherchant à saisir le fonctionnement de l'esprit. Cette période de réflexion donna lieu à plusieurs textes, comme l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci (1895) ou la Soirée avec M. Edmond Teste (1896, publié en 1919). Ce dernier ouvrage a pour personnage principal M. Teste, sorte d'intelligence à l'état pur, puisqu'il est conscience témoin (testis en latin) d'elle-même. Teste, Léonard et l'« architecte « (Eupalinos ou l'Architecte, 1921) représentent dans les oeuvres de Valéry la figure de l'esprit se réfléchissant et construisant sa méthode. Ils sont conçus sur le modèle de l'auteur lui-même qui, jusqu'à la fin de sa vie, prit l'habitude de consigner, tous les matins et pendant plusieurs heures, la totalité de ses réflexions dans des cahiers (psychologie de l'attention, du rêve, de la création, de la conscience du temps ; épistémologie et méthodologie ; réflexion sur la technique, l'histoire, le destin des civilisations, etc.). Deux cent cinquante-sept cahiers, longtemps tenus secrets, furent écrits de la sorte, et constituent un témoignage irremplaçable sur la vie d'un esprit et d'une pensée, pris dans leurs exercices quotidiens. 4 PUBLICATIONS POÉTIQUES Bien qu'ayant renoncé à la création poétique, Valéry ne s'était pas coupé des milieux littéraires parisiens : il continua à fréquenter le cercle réuni autour de Mallarmé -- dont il devint un proche -- jusqu'à la mort de celui-ci en 1898 ; en outre, il voyait régulièrement Pierre Louÿs, André Gide et Heredia. C'est sous l'influence de ses amis, et en particulier de Gide, qu'il accepta de remanier ses poèmes de jeunesse (écrits entre 1890 et 1892) pour les publier en un recueil, l'Album de vers anciens (1920). Valéry voulut y ajouter un poème qui serait un « exercice « : ce fut la Jeune Parque, qui donna lieu à un travail acharné de 1913 à 1917. 4.1 La Jeune Parque Ce long poème en alexandrins présente la vie intérieure d'une jeune femme qui, assise sur un rivage, se trouve partagée entre l'appel de ses désirs voluptueux et une innocence que seule la mort lui permettrait de préserver. Cette allégorie traite en réalité de l'opposition entre la conscience et l'inconscience, ou, si l'on préfère, de la lutte entre l'absolu de l'intelligence lucide, d'une part, et l'instinct et la sensualité, d'autre part. Poème philosophique -- qui aurait pu se dévoyer dans l'abstraction --, la Jeune Parque repose sur un jeu très concerté d'images et de sonorités, et constitue ainsi une véritable « composition musicale à plusieurs parties «. Dès sa publication (1917), le poème eut un important succès et apporta à Valéry une renommée qui devait être confortée quelques années plus tard avec le recueil de ses nouveaux poèmes, Charmes (1922), qui allie préciosité et néoclassicisme et où figure le célèbre Cimetière marin. 4.2 Charmes Les vingt et un poèmes composant ce recueil se voulaient, selon les termes de Valéry lui-même, une tragédie de l'esprit. Affirmant que « la vie de l'intelligence constitue un univers lyrique incomparable, un drame complet où ne manquent ni l'aventure, ni les passions, ni le comique, ni rien d'humain « (Discours sur Descartes), Valéry retrace dans Charmes un drame de l'intelligence où chaque poème pourrait constituer une étape dans l'aventure de la connaissance. Ici, comme dans la Jeune Parque, la dimension intellectuelle de la poésie n'empêche pas son extrême sensualité, ni sa dimension suggestive, mystérieuse et magique, qu'atteste le titre incantatoire de Charmes (carmen en latin signifie « parole magique «, « enchantement «). 4.3 Un idéal de poésie pure Poursuivant un idéal de « poésie pure «, Valéry ne cessa de mener conjointement son activité poétique et sa réflexion sur la poésie. Le langage poétique, selon lui, ne saurait être seulement une des espèces du langage, mais un moyen de transmettre « l'état poétique qui engage tout l'être sentant «, par le son, par le rythme, par les « rapprochements physiques de mots, leurs effets d'induction ou leurs influences mutuelles qui dominent, aux dépens de leur propriété de se consommer en un sens défini et certain « (Commentaire de « Charmes «). Ainsi, la poétique de Valéry vise-t-elle à faire advenir un « langage dans le langage «. 5 CONSÉCRATION ET RETOUR À LA PROSE La production poétique de Paul Valéry prit fin avec Charmes. La plupart des écrits qu'il produisit par la suite et jusqu'à sa mort furent des essais (l'Idée fixe, 1932 ; Degas, Danse, Dessin, 1936), qui sont parfois construits sous la forme de dialogue, car pour Valéry tout essai est un « théâtre d'idée « (Mon Faust, 1940). Il écrivit aussi des articles, des préfaces et les textes des conférences qu'il fit dans différents pays. Cet ensemble, qui aborde des domaines aussi variés que la littérature, la philosophie, la politique, la poétique et l'esthétique, fut rassemblé dans Variétés (Variété, 1924 ; Variété II, 1929 ; Variété III, 1936 ; Variété IV, 1938 ; Variété V, 1944) et dans Tel Quel, où figure en particulier Rhumbs (1941). L'immense succès de Paul Valéry avait fait de lui une « espèce de poète d'État « : élu à l'Académie française (voir Institut de France) en 1925, il fut nommé professeur de poétique au Collège de France en 1937, et reçut des funérailles nationales en 1945. 6 BILAN D'UNE OEUVRE Partagées entre la sensualité et l'ascèse, la création et la réflexion, la solitude laborieuse en refus du « monde actuel « et la fréquentation mondaine, la vie et l'oeuvre de Valéry sont marquées par un déchirement (« il faut tenter de vivre «) qu'on aurait tort de ne pas voir sous l'intellectualisme affiché. Sa définition du poème comme « fête de l'intellect « pousse à leur terme les doutes du symbolisme : « J'aimerais infiniment mieux écrire en toute conscience et dans une entière lucidité quelque chose de faible, que d'enfanter à la faveur d'une transe un chef-d'oeuvre d'entre les plus beaux. « C'est par une « débâcle de la raison « que la poésie, avec le surréalisme, sortira de cette impasse. Sa volonté de fonder une « poétique « (rendre compte de la littérature en termes de « métier « et de création de formes) et la réhabilitation qu'il fait de la rhétorique et de la contrainte en poésie font de Paul Valéry un précurseur de certaines formes d'écritures contemporaines (OuLiPo, poésie et mathématique) comme du renouveau critique des années 1960-1970 (son héritage sera revendiqué par les structuralistes ; un groupe d'avant-garde « matérialiste « reprendra pour sa revue le titre Tel quel). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« « enchantement »). 4. 3 Un idéal de poésie pure Poursuivant un idéal de « poésie pure », Valéry ne cessa de mener conjointement son activité poétique et sa réflexion sur la poésie.

Le langage poétique, selon lui, ne saurait être seulement une des espèces du langage, mais un moyen de transmettre « l’état poétique qui engage tout l’être sentant », par le son, par le rythme, par les « rapprochements physiques de mots, leurs effets d’induction ou leurs influences mutuelles qui dominent, aux dépens de leur propriété de se consommer en un sens défini et certain » (Commentaire de « Charmes »). Ainsi, la poétique de Valéry vise-t-elle à faire advenir un « langage dans le langage ». 5 CONSÉCRATION ET RETOUR À LA PROSE La production poétique de Paul Valéry prit fin avec Charmes. La plupart des écrits qu’il produisit par la suite et jusqu’à sa mort furent des essais ( l’Idée fixe, 1932 ; Degas, Danse, Dessin, 1936), qui sont parfois construits sous la forme de dialogue, car pour Valéry tout essai est un « théâtre d’idée » ( Mon Faust, 1940).

Il écrivit aussi des articles, des préfaces et les textes des conférences qu’il fit dans différents pays.

Cet ensemble, qui aborde des domaines aussi variés que la littérature, la philosophie, la politique, la poétique et l’esthétique, fut rassemblé dans Variétés (Variété, 1924 ; Variété II, 1929 ; Variété III, 1936 ; Variété IV, 1938 ; Variété V, 1944) et dans Tel Quel, où figure en particulier Rhumbs (1941). L’immense succès de Paul Valéry avait fait de lui une « espèce de poète d’État » : élu à l’Académie française ( voir Institut de France) en 1925, il fut nommé professeur de poétique au Collège de France en 1937, et reçut des funérailles nationales en 1945. 6 BILAN D’UNE ŒUVRE Partagées entre la sensualité et l’ascèse, la création et la réflexion, la solitude laborieuse en refus du « monde actuel » et la fréquentation mondaine, la vie et l’œuvre de Valéry sont marquées par un déchirement (« il faut tenter de vivre ») qu’on aurait tort de ne pas voir sous l’intellectualisme affiché. Sa définition du poème comme « fête de l’intellect » pousse à leur terme les doutes du symbolisme : « J’aimerais infiniment mieux écrire en toute conscience et dans une entière lucidité quelque chose de faible, que d’enfanter à la faveur d’une transe un chef-d’œuvre d’entre les plus beaux.

» C’est par une « débâcle de la raison » que la poésie, avec le surréalisme, sortira de cette impasse. Sa volonté de fonder une « poétique » (rendre compte de la littérature en termes de « métier » et de création de formes) et la réhabilitation qu’il fait de la rhétorique et de la contrainte en poésie font de Paul Valéry un précurseur de certaines formes d’écritures contemporaines (OuLiPo, poésie et mathématique) comme du renouveau critique des années 1960-1970 (son héritage sera revendiqué par les structuralistes ; un groupe d’avant-garde « matérialiste » reprendra pour sa revue le titre Tel quel ). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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