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Voltaire : L'Ingénu : Chapitre 10

Publié le 18/01/2011

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voltaire

Introduction : Voltaire est un Philosophe du XVIIIème siècle qui lutte contre les institutions politiques et sociales de son pays. On peut dire qu’il se sert de l'écriture comme d’une arme. Lorsqu'il fait publier en août 1767 son roman l'Ingénu, ne sait pas encore que son ouvrage va être retiré de la vente sur ordre de la police. Dès qu'il apprend le fait, il s'empresse de refuser la paternité de ce pamphlet (la littérature de combat) politique. L'Ingénu de Voltaire manifeste une innocence, une naïveté qui accepte les évidences, qui n'est pas encore déformée par les préjugés. Comme les autres textes de Voltaire, il développe une analyse critique des travers de l'homme, de la société et des dogmes, mais on ne peut le réduire à sa seule dimension satirique.

 

I - L'ironie et les interventions Voltairiennes

    • Ironie avec le personnage Gordon car il dit que l'Homme a comme bien le plus précieux la liberté, alors que Gordon es un Janséniste, qui eux pensent que l'Homme n'a pas de liberté.

    • Cependant, Gordon est aussi parole de Volaire puisqu'il dénonce les injustices (interventions de Voltaire à travers Gordon à certains moments).

II - La critique des préjugés et de l'intolérance

    • Critique de l'ordre Jésuite. : Un jésuite professe les trois voeux : de pauvreté, de chasteté et d’obéissance à leur Supérieur. Ils font un voeu spécial d’obéissance au pape.

    • Le personnage Gordon est non-éloquant : Manière de s'exprimer avec aisance, art d'émouvoir

    • Critique de la barbarie.

    • Critique de la théorie Janséniste. : Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l'Église catholique, et à l'absolutisme royal. Né au cœur de la Réforme catholique, il doit son nom à l'évêque d'Ypres Cornelius Jansen, auteur de son texte fondateur l'Augustinus, publié en 1640. Le jansénisme prend son essor sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV et demeure un courant important sous leurs successeurs. C'est d'abord une réflexion théologique centrée sur le problème de la grâce divine, avant de devenir une force politique qui se manifeste sous des formes variées, touchant à la fois à la théologie morale, à l'organisation de l'Église catholique, aux relations entre foi et vie chrétienne, à la place du clergé dans la société et aux problèmes politiques de son temps.

    • L'argument de Gordon est que Dieu est tout, et donc aussi le Mal (Critique de la religion, des croyances).

    • L'Ingénu répond que c'est exactement la même chose chez les Jansénistes.

    • Critique de l’œuvre de Malebranche

 

   III-Fonction du dialogue :

 

   Rendre le récit plus vivant, personnages plus réalistes et présents

   Faire progresser l’action

   Permettre le débat d’idées

   Inscrire le lecteur dans une dynamique de réflexion

    De nombreux sujets touchant à de multiples aspects de la pensée sont abordés : l’Encyclopédie, le Providence, la métaphysique (partie de la philo qui s’intéresse à l’existence de Dieu), l’Histoire, les Sciences, les rapports entre nature et culture, la critique littéraire…

 

Conclusion : Cet extrait est donc bien identique à tous les autres contes philosophiques de Voltaire, qui utilise ici une nouvelle fois comme outil critique le regarde étranger, et s'en sert pour introduire une partie de l'ironie présente dans ce passage. On retrouve ici aussi une sévère critique du Jansénisme et de la religion chrétienne.

Une critique acerbe et quasi systématique

   Voltaire utilise la forme du conte, ou plutôt du roman sentimental et larmoyant alors à la mode pour répandre dans les intelligences les plus simples quelques idées philosophiques.

 

                           ▪ Voltaire entend surtout mener le procès contre certaines formes de religion. Il poursuit là une idée qui lui est chère et qu'il a déjà exposée dans Le Siècle de Louis XIV[pic]. Le règne du Roi-Soleil est apparu comme une période grandiose, un état achevé de la pensée humaine comme le siècle de Périclès, celui de César et d'Auguste ou celui des Médicis. Pourtant ce siècle de lumière fut terni par les luttes religieuses.

                             Certes, à la suite de Rabelais, il critique l'abus de la bonne chère dans le clergé de province et assure que l'abbé de Kerkabon était "le seul bénéficier du pays qu'on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrères". De même il relève l'ignorance du bas-clergé incapable de répondre aux questions du Huron concernant la Bible. L'évêque n'est pas épargné lui non plus qui ignore le personnage d'Hercule donné comme patron à l'Ingénu. Mais déjà, dans les deux cas, plane l'ombre inquiétante des jésuites, ordre qui possède une science certaine mais qui en l'occurrence se révèle opportuniste en christianisant le héros grec.

                             Plus grave. Voltaire dénonce la mise au couvent des filles rebelles. Ailleurs il refuse les positions intransigeantes des jansénistes, en particulier leur conception de la Providence (thème qui sera repris dans Candide) ; certes leur inhumanité est rebutante, leur étroitesse d'esprit proche de l'intolérance, pourtant ils sont honnêtes et le brave Gordon saura pratiquer les vertus évangéliques de compassion et de charité.

                             Les principales attaques sont pourtant réservées à une erreur monumentale du règne de Louis XIV : la révocation de l'Édit de Nantes. Au cours de son voyage de Bretagne à Paris, le Huron découvre le spectacle d'une ville jadis brillante et alors désolée : Saumur, que la persécution exercée à l'encontre des protestants a quasiment ruinée et dépeuplée. L'exil des huguenots, à la suite des dragonnades, a conduit de fidèles sujets à devenir des ennemis de leur patrie. Le roi a été trompé - Voltaire met alors en pleine lumière la responsabilité des jésuites et du confesseur du monarque : le père La Chaise. L'ordre de Saint Ignace de Loyola a rallumé la guerre de religion. Il a étendu sur tout le royaume une police parallèle qui confesse "les femmes de chambre par lesquelles on savait le secret des maîtresses", qui espionne les cafés. C'est aux jésuites que l'Ingénu doit son séjour en Bastille. Leur apparente affabilité cache en fait une absence totale de scrupule. Le père La Chaise promet mais oublie tout de suite. Leur seul but est la poursuite des protestants et des jansénistes et en fin de compte le maintien sinon l'accroissement de leur pouvoir temporel. Voltaire leur reproche leur opportunisme, leur casuistique toujours au service des intérêts de la congrégation : le père Tout-à-tous, dont le nom est déjà tout un programme, condamne tout d'abord celui qui a abusé de son pouvoir pour tenter de séduire Mlle de Saint-Yves, mais l'absout aussitôt lorsqu'il apprend qu'il s'agit du puissant Saint-Pouange et trouve alors les raisonnements les plus spécieux pour pousser sa pénitente à transiger avec sa conscience.

                             Ce que finalement Voltaire reproche à la religion, c'est le terrorisme intellectuel qui tyrannise les esprits, aussi s'en prend-il aux "linostoles" (les docteurs de Sorbonne) aux "pastophores" (les prêtres) qui refusent par obscurantisme et fanatisme l'aphorisme placé dans la bouche de Bélisaire : "La vérité luit de sa propre lumière, et on n'éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers". Le philosophe doit en dernier ressort pourfendre l'erreur et apporter la lumière.

La quête d’une certaine vérité ou une éducation philosophique

                           ▪ L'Ingénu convertit Gordon et ne peut trouver le bonheur dans la liberté sans qu'il n'ait obtenu l'élargissement de son compagnon de cachot. Le philosophe est un homme d'action.

                           ▪ "le jeune homme voulait beaucoup apprendre". La prison va lui permettre de se cultiver, de méditer. "La lecture agrandit l'homme" et le Huron d'avouer : "J'ai été changé de brute en homme". Au cours de son incarcération, le jeune homme pratique l'astronomie, les sciences exactes, la littérature. Ce programme n'est pas neutre ; Voltaire oppose la métaphysique où les sectes s'affrontent à la géométrie ou règne un bel accord : les sciences unissent là où la religion divise. Ce qu'il faut exercer, c'est la raison. En tout cas l'ingénuité du Huron débouche toujours sur l'étonnement et l'incompréhension qui mettent en valeur l'absurdité des situations.

 

La critique de la doctrine janséniste [modifier]

 

Elle est annoncée par l’attribution de L’Ingénu à un janséniste par Voltaire. En effet, outre les nombreux sous-entendus grivois que l’œuvre contient, qui ridiculisent son auteur prétendu, la critique du jansénisme, illustrée par la "conversion" de Gordon par l’Ingénu, est en totale opposition avec les opinions de l’auteur apocryphe. En effet, si la rencontre fortuite à la Bastille entre Gordon et l’Ingénu place celui-ci en position d’élève et celui-là en position de maître, leur relation va progressivement s’équilibrer dans une amitié réciproque, voire par moments s’inverser ; l’Ingénu, dont l’esprit est clair et pur, remet en cause les préjugés de la pensée de Gordon avec une naïveté lui conférant une clairvoyance inouïe.

Plus largement, l’Ingénu, en prison avec Gordon, va évoluer (on retrouve ici une idée de roman d'apprentissage) et, ce faisant, va remettre en cause de nombreuses conceptions du monde. L’Ingénu, comme Candide dans le roman éponyme (« Il faut cultiver notre jardin. «), préfère l’action concrète à une spéculation métaphysique et philosophie vaine que Gordon incarne, et qu’il finit par renier.

Personnages opposés lors de leur rencontre à la Bastille, puis, leur pensée va s’équilibrer et s’harmoniser, jusqu’à ce qu’ils se mettent d’accord  : l’Ingénu aura transmis à son ami Gordon un recul sur ses convictions et une volonté d’action directe plutôt que de spéculation, mais il aura acquis une culture, une élévation intellectuelle et des connaissances profitables."Le Huron convertit un janséniste"

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