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  47.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

  47. Munn Li Compor ne se rappelait plus quand on l'avait recruté. Il faut dire qu'il n'était qu'un enfant, à l'époque. Et puis, les agents de la Seconde Fondation prenaient le plus grand soin d'effacer autant que possible eurs traces. Compor était un « Observateur » et pour tout membre de la Seconde Fondation, immédiatement identifiable omme tel. Cela signifiait que Compor avait des notions de mentalique et pouvait dans une certaine mesure dialoguer dans leur langue avec les Seconds Fondateurs mais qu'il était dans les rangs subalternes de la hiérarchie : il ouvait percevoir, par bribes, les esprits, mais n'était aucunement capable de les ajuster... L'éducation qu'il avait eçue n'allait pas jusque-là. C'était un Observateur, pas un Actant. Ce qui faisait de lui un Fondateur de second rang, au mieux, mais ça ne le gênait pas - enfin, pas trop. Il était onscient de son importance dans le schéma général. Durant les tout premiers siècles de son existence, la Seconde Fondation avait sous-estime l'ampleur de la âche qui l'attendait. Elle s'était imaginé qu'avec sa poignée de membres, elle pourrait diriger la Galaxie entière et que le Plan Seldon ne requerrait, pour être maintenu dans la bonne ligne, que les plus légères interventions, ça et là, et très épisodiquement. Le Mulet les avait débarrassés de ces illusions. Surgi de nulle part, il avait pris la Seconde Fondation (et bien entendu, la Première, mais cela c'était sans importance) totalement par surprise et il avait laissé ses membres omplètement désemparés. Il leur avait fallu cinq bonnes années pour organiser une contre-attaque - et encore, eulement au prix de nombreuses vies humaines. Avec Palver, le rétablissement avait été total - bien qu'encore une fois, bien cher payé ; mais l'homme avait finalement su prendre les mesures adéquates : les opérations de la Seconde Fondation, avait-il décidé, devraient être considérablement accrues, sans pour autant qu'on multiplie les risques de détection ; d'où son instauration du corps des Observateurs. Compor ignorait combien il y avait d'Observateurs en poste dans la Galaxie et même combien d'entre eux se trouvaient sur Terminus. Il n'avait pas à le savoir : dans l'idéal, il ne devait pas exister de connexion détectable ntre deux Observateurs quels qu'ils soient, de sorte que la perte de l'un ne puisse en aucun cas entraîner la perte d'un autre. Les seules connexions s'effectuaient vers le haut, avec les échelons supérieurs situés à Trantor. C'était l'ambition de Compor d'aller un jour à Trantor. Même s'il jugeait l'éventualité des plus improbables, il savait qu'occasionnellement un Observateur pouvait être conduit à Trantor pour y recevoir une promotion, mais le cas était rare. Les qualités qui faisaient un bon Observateur n'étaient pas de celles qui vous orientaient vers ne carrière à la Table. Gendibal, par exemple, qui était de quatre ans le cadet de Compor : on avait dû le recruter, petit garçon, tout comme Compor, mais lui, on l'avait expédié directement à Trantor et aujourd'hui, c'était un Orateur. Compor ne se faisait aucune illusion sur les raisons de la chose : il avait eu de nombreux contacts avec Gendibal récemment, et avait pu faire l'expérience de la puissance d'esprit de ce jeune homme. Il n'aurait certainement pas pu lui tenir tête plus d'une seconde. Compor n'avait que rarement conscience de son statut subalterne. Il n'avait presque jamais l'occasion de s'interroger dessus. Après tout (et ce devait être le cas des autres Observateurs, s'imaginait-il), il n'était subalterne que selon les critères de Trantor. Sur leurs propres planètes non trantoriennes, dans leurs propres sociétés non mentalistes, il était aisé pour les Observateurs d'acquérir une position élevée. Compor, par exemple, n'avait jamais eu de difficulté pour entrer dans les meilleures écoles ou pour se trouver toujours en bonne compagnie. Il avait été en mesure d'utiliser assez facilement ses pouvoirs mentaux pour accroître ses capacités d'intuition naturelles (capacités naturelles grâce auxquelles, il en était sûr, on l'avait de prime abord recruté) et, de cette façon, il avait pu se révéler une vedette de la traque hyperspatiale. Il était devenu un héros au collège et cela lui avait mis le pied sur le premier échelon de la carrière politique. Une fois la présente crise réglée, nul ne pouvait dire jusqu'où il pourrait encore progresser. Si la crise se résolvait avec succès, comme il était certain, ne se souviendrait-on pas que c'était Compor qui le premier avait remarqué Trevize - non pas en tant qu'être humain, ce que tout le monde aurait pu faire - mais en ant qu'esprit ? Il avait fait sa connaissance au collège et n'avait vu en lui, tout d'abord, qu'un camarade jovial et plein d'esprit. Un matin, toutefois, alors qu'il se dégageait laborieusement des brumes du réveil, dans le flot de lucidité qui accompagne cette phase du demi-sommeil, il avait ressenti combien il était dommage que Trevize n'eût jamais été recruté. Il n'aurait pu l'être, bien sûr, puisqu'il était natif de Terminus et non, comme Compor, originaire d'une autre lanète. Et même cela mis à part, il était, de toute façon, trop tard. Seuls les tout jeunes sujets étaient assez alléables pour recevoir une formation à la mentalique ; l'introduction douloureuse de cet art - c'était plus u'une science - dans le cerveau d'un adulte, déjà rouillé dans son moule, n'avait été pratiquée qu'avec les deux remières générations après Seldon. A leur rencontre suivante, Compor avait pénétré l'esprit de Trevize en profondeur pour enfin y découvrir ce qui avait initialement dû le troubler : l'esprit de Trevize avait des caractéristiques qui ne collaient pas avec les règles qu'on lui avait enseignées, à lui, Compor. A chaque fois, il lui échappait. A mesure qu'il le suivait à l'oeuvre, il découvrait en lui des failles - non pas vraiment des failles, de véritables tranches de non-existence : par endroits, les tournures d'esprit de Trevize plongeaient trop profondément pour pouvoir être suivies. Compor n'avait aucun moyen de déterminer ce que cela signifiait mais il observa le comportement de Trevize à la lumière de ce qu'il avait déjà découvert et il commença de soupçonner en lui une surprenante capacité à déboucher sur des conclusions correctes à partir des données pourtant insuffisantes en apparence. Y avait-il un rapport avec les failles qu'il avait détectées ? Sans doute la question relevait-elle d'une mentalique qui dépassait largement son niveau - peut-être même le niveau de la Table. Il avait la désagréable sensation que l'intéressé lui-même ignorait dans leur totalité l'étendue de ses pouvoirs de décision et qu'il pouvait bien être capable de... De quoi ? Les connaissances de Compor étaient insuffisantes. Il pouvait presque discerner la signification du don que possédait Trevize - presque, mais pas tout à fait. Ne lui restait que la conclusion intuitive - pour ne pas dire une simple supposition : Trevize pouvait se révéler, potentiellement, un personnage de la plus extrême importance. Il allait devoir jouer son va-tout sur cette hypothèse - au risque de paraître moins que qualifié pour occuper sa charge. Oui mais, après tout, s'il ne se trompait pas... Il se demandait, en y repensant, comment il était parvenu à trouver le courage de poursuivre ses efforts : il lui était impossible de franchir les barrières administratives qui entouraient la Table. Il avait presque fini par se faire à l'idée d'y laisser sa réputation. Et puis, en désespoir de cause, il s'était frayé un chemin jusqu'au cadet de la Table, et finalement Stor Gendibal avait répondu à son appel. Gendibal l'avait écouté patiemment, et depuis ce moment-là, s'était instaurée entre eux une relation particulière : c'était à l'instigation de Gendibal que Compor était resté en rapport étroit avec Trevize et sous sa direction qu'il avait soigneusement monté le scénario qui devait aboutir à l'exil de Trevize. Et c'était à travers Gendibal que Compor pouvait encore (et il commençait à l'espérer) accomplir son rêve de promotion sur Trantor. Tous les préparatifs, toutefois, avaient tendu à envoyer Trevize à Trantor. Son refus avait pris Compor complètement par surprise et (du moins le pensait-il) n'avait pas non plus été prévu par Gendibal. En tout cas, ce dernier était en train de se précipiter sur les lieux et pour Compor, c'était le signe que la crise entrait dans une phase aiguë. Il envoya un hypersignal. 48. Gendibal fut tiré du sommeil par le contact sur son esprit. Un contact efficace, et pas le moins du monde gênant : puisqu'il affectait directement le centre gouvernant l'éveil, il s'éveilla tout simplement. Il s'assit dans son lit et les draps en tombant découvrirent son torse aux muscles souples et bien proportionnés. Il avait reconnu le contact : les différences de toucher étaient aussi manifestes pour un mentaliste que les différences de voix pour ceux qui communiquent essentiellement de manière orale. Gendibal envoya le signal habituel demandant si un léger répit était possible et l'indication « non urgent » lui revint aussitôt. C'est donc sans hâte inutile qu'il vaqua à ses occupations matinales. Il était encore dans la douche de son astronef - tandis que les eaux usées se déversaient dans les dispositifs de recyclage - lorsqu'il renoua le contact. « Compor ? -- Oui, Orateur. -- Avez-vous parlé avec Trevize et l'autre personne ? -- Pelorat. Janov Pelorat. Oui, Orateur. -- Bien. Accordez-moi encore cinq minutes et je nous arrange un contact visuel. » Il dépassa Sura Novi en se dirigeant vers le poste de commande. Elle lui jeta un regard interrogateur et fit mine de parler mais il lui posa un doigt sur les lèvres et elle se tut aussitôt. Gendibal éprouvait encore un certain malaise devant l'intensité de l'adoration respectueuse qui émanait de cet esprit mais la chose commençait plus ou moins à faire partie maintenant de son environnement. Il avait relié leurs deux esprits par un mince filament si bien qu'il était impossible de l'affecter, lui, sans ffecter simultanément l'esprit de la jeune femme. Esprit dont la simplicité (et c'était un fantastique plaisir sthétique que d'en contempler la symétrie sans artifice, ne pouvait-il s'empêcher de penser) rendait impossible a présence d'un champ mental étranger dans les parages sans qu'il fût aussitôt détecté. Il ressentit une vague de econnaissance pour l'accès de courtoisie qu'il avait eu à l'égard de la jeune femme alors qu'ils étaient aux portes e l'Université et qui avait conduit celle-ci à venir le voir au moment précis où elle pouvait le plus lui être utile.  Compor ? -- Oui, Orateur. -- Détendez-vous, je vous prie. Il faut que j'étudie votre esprit. N'y voyez aucune attaque personnelle. -- Comme vous voudrez, Orateur. Puis-je vous demander la raison ? -- Pour m'assurer que vous êtes intouché. -- Je sais que vous avez des adversaires politiques à la Table, Orateur, mais sûrement aucun ne... -- Pas de spéculations, Compor. Détendez-vous... Non, vous êtes bien intact. A présent, si vous voulez bien oopérer avec moi, nous allons établir le contact visuel. » Ce qui suivit était - à proprement parler - une illusion puisque seul un individu secondé par les pouvoirs entaliques d'un Second Fondateur parfaitement entraîné aurait été capable de déceler quoi que ce soit - à 'aide simplement de ses sens ou d'un appareillage de détection physique. C'était la construction d'un visage, son apparition élaborée à partir des contours d'un esprit ; et même le eilleur des mentalistes pouvait ne réussir qu'à produire une silhouette brumeuse et quelque peu incertaine. Le isage de Compor planait au milieu du vide, comme aperçu au travers d'un fin mais ondulant voile de gaze, et endibal savait que son visage apparaissait de manière identique devant Compor. Grâce aux faisceaux d'hyperondes, la communication aurait fort bien pu s'établir en permettant d'avoir des isages si nets que deux interlocuteurs distants de mille parsecs pouvaient se croire face à face. Le vaisseau de endibal était équipé d'un tel émetteur. La vision mentalique avait toutefois ses avantages : le principal était qu'elle ne pouvait être interceptée par ucun dispositif connu de la Première Fondation. Pas plus d'ailleurs qu'un membre de la Seconde ne pouvait spionner la vision mentalique d'un autre : on parvenait certes à suivre l'échange mental mais pas ces délicats hangements d'expression faciale qui donnaient à la communication toute sa finesse. Quant aux anti-Mulets... eh bien, la pureté de l'esprit de Novi suffisait à démontrer qu'aucun d'eux ne se rouvait dans les parages. « Relatez-moi précisément, demanda-t-il à Compor, la teneur de votre conversation avec Trevize et Pelorat. récisément, jusqu'au niveau mental. -- Bien entendu, Orateur », répondit Compor. Cela ne prit guère de temps : la combinaison des sons, des expressions et de la mentalique permettait de ondenser considérablement les choses malgré le fait qu'au niveau mental, il y avait énormément plus de choses dire que s'il s'était agi simplement de singer le discours parlé. Gendibal observait avec la plus extrême attention : il n'y avait pratiquement pas de redondance dans la vision

« Il n’aurait pul’être, biensûr,puisqu’il étaitnatif deTerminus etnon, comme Compor, originaire d’uneautre planète.

Etmême celamisàpart, ilétait, detoute façon, troptard.

Seuls lestout jeunes sujetsétaient assez malléables pourrecevoir uneformation àla mentalique ; l’introduction douloureusedecet art – c’était plus qu’une science – dans lecerveau d’unadulte, déjàrouillé danssonmoule, n’avaitétépratiquée qu’aveclesdeux premières générations aprèsSeldon. A leur rencontre suivante,Comporavaitpénétré l’espritdeTrevize enprofondeur pourenfin ydécouvrir ce qui avait initialement dûletroubler : l’espritdeTrevize avaitdescaractéristiques quinecollaient pasavec les règles qu’onluiavait enseignées, àlui, Compor.

Achaque fois,illui échappait.

Amesure qu’illesuivait à l’œuvre, ildécouvrait enlui des failles – non pasvraiment desfailles, devéritables tranchesdenon-existence : par endroits, lestournures d’espritdeTrevize plongeaient tropprofondément pourpouvoir êtresuivies. Compor n’avaitaucunmoyen dedéterminer ceque cela signifiait maisilobserva lecomportement deTrevize à la lumière decequ’il avait déjàdécouvert etilcommença desoupçonner enlui une surprenante capacitéà déboucher surdes conclusions correctesàpartir desdonnées pourtant insuffisantes enapparence. Y avait-il unrapport aveclesfailles qu’ilavait détectées ? Sansdoute laquestion relevait-elle d’une mentalique quidépassait largement sonniveau – peut-être mêmeleniveau delaTable.

Ilavait ladésagréable sensation quel’intéressé lui-mêmeignoraitdansleurtotalité l’étendue deses pouvoirs dedécision etqu’il pouvait bienêtrecapable de... De quoi ? Lesconnaissances deCompor étaientinsuffisantes.

Ilpouvait presque discerner lasignification du don quepossédait Trevize – presque, maispastout àfait.

Neluirestait quelaconclusion intuitive – pour nepas dire unesimple supposition : Trevizepouvait serévéler, potentiellement, unpersonnage delaplus extrême importance.

Ilallait devoir jouersonva-tout surcette hypothèse – au risquedeparaître moinsquequalifié pouroccuper sa charge.

Ouimais, après tout,s’ilnesetrompait pas... Il se demandait, enyrepensant, commentilétait parvenu àtrouver lecourage depoursuivre sesefforts : illui était impossible defranchir lesbarrières administratives quientouraient laTable.

Ilavait presque finiparse faire àl’idée d’ylaisser saréputation.

Etpuis, endésespoir decause, ils’était frayéunchemin jusqu’au cadetde la Table, etfinalement StorGendibal avaitrépondu àson appel. Gendibal l’avaitécouté patiemment, etdepuis cemoment-là, s’étaitinstaurée entreeuxune relation particulière : c’étaitàl’instigation deGendibal queCompor étaitresté enrapport étroitavecTrevize etsous sa direction qu’ilavait soigneusement montélescénario quidevait aboutir àl’exil deTrevize.

Etc’était àtravers Gendibal queCompor pouvaitencore(etilcommençait àl’espérer) accomplir sonrêve depromotion sur Trantor.

Tous lespréparatifs, toutefois,avaienttenduàenvoyer TrevizeàTrantor.

Sonrefus avaitprisCompor complètement parsurprise et(du moins lepensait-il) n’avaitpasnon plus étéprévu parGendibal. En tout cas,cedernier étaitentrain deseprécipiter surleslieux etpour Compor, c’étaitlesigne quelacrise entrait dansunephase aiguë. Il envoya unhypersignal.. »

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