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  61.

Publié le 15/12/2013

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  61. Encore une journée. « L'orbite est presque circulaire, dit enfin Trevize, ce qui veut dire que sa probabilité d'habitabilité s'accroît substantiellement. Et malgré cela, toujours personne pour venir à notre rencontre, même à présent. Il va falloir essayer d'y voir de plus près. -- Pourquoi faut-il tout ce temps pour préparer un saut ? Vous avancez par sauts de puce. -- Faites confiance à l'homme de l'art. Les petits sauts sont plus délicats à maîtriser que les grands. Qu'est-ce ui est le plus facile ? Saisir un rocher ou un grain de sable ? Par ailleurs, Gaïa-S est proche et l'espace fortement ourbé. Ce qui complique les calculs, même pour l'ordinateur. Même un mythologiste devrait être capable de voir ça. » Pelorat grommela. Trevize poursuivit : « Maintenant, vous pouvez distinguer la planète à l'oeil nu. Tenez, là. Vous la voyez ? La période de rotation est d'environ vingt-deux heures galactiques et l'inclinaison axiale de douze degrés. C'est pratiquement le cas d'école d'une planète habitable ; et elle abrite effectivement la vie. -- Comment pouvez-vous savoir ? -- On note de substantielles quantités d'oxygène libre dans l'atmosphère. Ce qui est impossible sans une couverture végétale solidement établie. -- Et la vie intelligente ? -- C'est fonction de l'analyse des ondes radio. Bien sûr, on peut imaginer une vie intelligente qui aurait renoncé à la technologie, je suppose, mais cela me semble fort improbable. -- On connaît des exemples historiques... -- Je veux bien vous croire sur parole. C'est votre domaine. Malgré tout, je m'imagine mal ne subsister que quelques pasteurs sur une planète qui terrorisa jadis le Mulet ! -- A-t-elle un satellite ? -- Oui, dit Trevize d'une voix neutre. -- Quelle taille ? » demanda Pelorat qui, lui, s'étranglait presque. « ... Peux pas dire avec certitude. Peut-être cent kilomètres de diamètre. -- Sapristi ! » s'exclama mélancoliquement Pelorat. « J'aimerais avoir à l'esprit un stock d'interjections plus xpressives, cher compagnon, mais il y avait encore cette petite chance... -- Vous voulez dire, si elle était dotée d'un satellite géant, que ce puisse être la Terre ? -- Oui, mais ce n'est manifestement pas le cas. -- Eh bien, si Compor a raison, la Terre, de toute manière, ne se trouverait pas dans ce secteur de la Galaxie. lle serait plutôt du côté de Sirius... Sincèrement, Janov, je suis désolé. -- Oui, bof... -- Écoutez, on va attendre un peu et risquer encore un petit saut. Et si l'on ne découvre aucun signe de vie ntelligente, alors on pourra toujours s'y poser sans danger - sauf qu'on n'aura plus aucune raison de s'y poser, 'est-ce pas ? »   62. Au saut d'après, Trevize dit d'une voix étonnée : « Ça y est, Janov. C'est bien Gaïa. Et on sait au moins qu'elle possède une civilisation technologique. -- Ce sont les ondes radio qui vous le font dire ? -- Mieux que ça : il y a une station spatiale en orbite autour de la planète. Vous voyez ça ? » Un objet était apparu sur l'écran. Pour l'oeil profane de Pelorat, il n'avait rien de vraiment remarquable mais Trevize annonça : « Artificiel, métallique, et c'est une radio-source. -- Bon. Qu'est-ce qu'on fait à présent ? -- Rien, pour l'instant. A ce stade de développement technique, ils ne peuvent pas manquer de nous avoir détectés. Si d'ici un moment, ils n'ont toujours pas réagi, je leur enverrai un message radio. Et s'ils continuent de faire la sourde oreille, j'avancerai, prudemment. -- Et s'ils font effectivement quelque chose ? -- Tout dépendra du " quelque chose ". Si ça ne me plaît pas, alors je profiterai du fait qu'il est hautement improbable qu'ils puissent rivaliser avec la facilité qu'a ce vaisseau de réaliser des sauts... -- Vous voulez dire qu'on détalera. -- Comme un vrai missile hyperspatial. -- Mais on ne sera pas plus avancés qu'à notre arrivée. -- Pas du tout : dans le pire des cas, on aura au moins appris que Gaïa existe, qu'elle dispose d'une technologie efficace, et qu'elle avait de quoi nous effrayer... -- Mais Golan, ne nous laissons pas trop facilement effrayer... -- Écoutez, Janov, je sais bien que vous ne voulez rien tant dans toute la Galaxie qu'en savoir à tout prix plus long sur la Terre mais rappelez-vous, s'il vous plaît, que je ne partage pas votre monomanie. Nous sommes à bord d'un vaisseau désarmé et ces gens, là-dessous, vivent depuis des siècles dans un isolement complet. Supposez qu'ils n'aient jamais entendu parler de la Fondation et donc ne voient pas l'intérêt de lui témoigner du respect. Ou supposez que l'on tombe bel et bien sur la Seconde Fondation : une fois entre leurs mains - pour eu qu'ils en aient assez de nous - on peut très bien ne plus jamais être les mêmes. Avez-vous envie de vous faire laver le cerveau, pour ne plus être un mythologiste et vous retrouver incapable de rien savoir sur la oindre légende ? » Cette perspective parut déprimer Pelorat : « Si vous voyez les choses sous cet angle... mais qu'est-ce qu'on ait, une fois partis ? -- Simple. On rentre à Terminus avec la nouvelle - enfin, aussi près de Terminus que le permettra l'autre ieille. Ensuite, on pourra toujours revenir ici - plus vite cette fois, et sans traînasser en route - et revenir avec n vaisseau armé, voire toute une flotte. Et là, les choses pourraient bien prendre une autre tournure. »   63. Ils attendirent. C'était devenu une habitude. Ils avaient passé plus de temps à attendre dans les parages de Gaïa qu'à voler pour se rendre de Terminus à Seychelle. Trevize mit l'ordinateur en alarme automatique et poussa la nonchalance jusqu'à somnoler dans son siège capitonné. Si bien qu'il s'éveilla immédiatement en sursaut dès que l'alarme retentit. Pelorat surgit dans sa cabine, tout aussi surpris. Il avait été interrompu en plein rasage. Il demanda : « Avons-nous reçu un message ? -- Non, dit avec vigueur Trevize. Nous sommes en train d'avancer. -- Avancer ? Où ça ? -- Vers la station spatiale. -- Pourquoi ça ? -- Je ne sais pas. Les moteurs sont en marche et l'ordinateur ne répond pas à mes ordres - mais on avance quand même. Janov, on s'est fait capturer. On a dû s'approcher un peu trop près de Gaïa. »

«   62. Au saut d’après, Trevizeditd’une voixétonnée : « Çayest, Janov.

C’estbienGaïa.

Eton sait aumoins qu’elle possède unecivilisation technologique. — Ce sontlesondes radioquivous lefont dire ? — Mieux queça :ilya une station spatiale enorbite autour delaplanète.

Vousvoyez ça ? » Un objet étaitapparu surl’écran.

Pourl’œilprofane dePelorat, iln’avait riendevraiment remarquable mais Trevize annonça : « Artificiel, métallique, etc’est uneradio-source. — Bon.

Qu’est-ce qu’onfaitàprésent ? — Rien, pourl’instant.

Ace stade dedéveloppement technique,ilsne peuvent pasmanquer denous avoir détectés.

Sid’ici unmoment, ilsn’ont toujours pasréagi, jeleur enverrai unmessage radio.Ets’ils continuent de faire lasourde oreille, j’avancerai, prudemment. — Et s’ilsfont effectivement quelquechose ? — Tout dépendra du“ quelque chose ”.Siça ne me plaît pas,alors jeprofiterai dufait qu’il esthautement improbable qu’ilspuissent rivaliseraveclafacilité qu’acevaisseau deréaliser dessauts... — Vous voulezdirequ’on détalera. — Comme unvrai missile hyperspatial. — Mais onnesera pasplus avancés qu’ànotre arrivée. — Pas dutout : danslepire descas, onaura aumoins appris queGaïa existe, qu’elle dispose d’une technologie efficace,etqu’elle avaitdequoi nous effrayer... — Mais Golan,nenous laissons pastrop facilement effrayer... — Écoutez, Janov,jesais bien quevous nevoulez rientant dans toute laGalaxie qu’ensavoir àtout prixplus long surlaTerre maisrappelez-vous, s’ilvous plaît, quejene partage pasvotre monomanie.

Noussommes à bord d’unvaisseau désarmé etces gens, là-dessous, viventdepuis dessiècles dansunisolement complet. Supposez qu’ilsn’aient jamaisentendu parlerdelaFondation etdonc nevoient pasl’intérêt delui témoigner du respect.

Ousupposez quel’on tombe beletbien surlaSeconde Fondation : unefoisentre leursmains – pour peu qu’ils enaient assez denous – on peuttrèsbien neplus jamais êtrelesmêmes.

Avez-vous enviedevous faire laver lecerveau, pourneplus êtreunmythologiste etvous retrouver incapable derien savoir surla moindre légende ? » Cette perspective parutdéprimer Pelorat :« Sivous voyez leschoses souscetangle...

maisqu’est-ce qu’on fait, unefoispartis ? — Simple.

Onrentre àTerminus aveclanouvelle – enfin, aussiprèsdeTerminus quelepermettra l’autre vieille.

Ensuite, onpourra toujours revenirici – plus vitecette fois,etsans traînasser enroute – et reveniravec un vaisseau armé,voiretoute uneflotte.

Etlà, les choses pourraient bienprendre uneautre tournure. ». »

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