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absurde dans son entier.

Publié le 04/11/2013

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absurde dans son entier. Si l'on veut alors rapprocher ces conclusions de nos remarques initiales, le fond de la forme, le sens secret du Château de l'art naturel dans lequel il s'écoule, la quête passionnée et orgueilleuse de K... du décor quotidien où elle chemine, on comprendra ce que peut être sa grandeur. Car si la nostalgie est la marque de l'humain, personne peut-être n'a donné tant de chair et de relief à ces fantômes du regret. Mais on saisira en même temps quelle est la singulière grandeur que l'oeuvre absurde exige et qui peut-être ne se trouve pas ici. Si le propre de l'art est d'attacher le général au particulier, l'éternité périssable d'une goutte d'eau aux jeux de ses lumières, il est plus vrai encore d'estimer la grandeur de l'écrivain absurde à l'écart qu'il sait introduire entre ces deux mondes. Son secret est de avoir trouver le point exact où elles se rejoignent, dans leur plus grande disproportion. Et pour dire vrai, ce lieu géométrique de l'homme et de l'inhumain, les coeurs purs savent le voir partout. Si Faust et Don Quichotte sont des créations éminentes de l'art, c'est à cause des grandeurs sans mesure qu'ils nous montrent de leurs mains terrestres. Un moment cependant vient toujours où 'esprit nie les vérités que ces mains peuvent toucher. Un moment vient où la création n'est plus prise au ragique : elle est prise seulement au sérieux. L'homme alors s'occupe d'espoir. Mais ce n'est pas son affaire. Son affaire est de se détourner du subterfuge. Or, c'est lui que je retrouve au terme du éhément procès que Kafka intente à l'univers tout entier. Son verdict incroyable acquitte, pour finir, ce onde hideux et bouleversant où les taupes elles-mêmes se mêlent d'espérer  [31] .     Fin du texte [1]     Ne manquons pas l'occasion de marquer le caractère relatif de cet essai. Le suicide peut en effet se rattacher à des considérations beaucoup plus honorables. Exemple : les suicides politiques dits de protestation, dans la révolution chinoise. 2]    J'ai entendu parler d'un émule de Peregrinos, écrivain de l'après-guerre, qui après avoir terminé son premier livre se suicida pour attirer l'attention sur son oeuvre. L'attention en effet fut attirée mais le livre jugé mauvais. 3]    Mais non pas au sens propre. Il ne s'agit pas d'une définition, il s'agit d'une énumération des sentiments qui peuvent comporter de l'absurde. L'énumération achevée, on n'a cependant pas épuisé l'absurde. [4]    À propos de la notion d'exception notamment et contre Aristote. [5]    On peut penser que je néglige ici le problème essentiel qui est celui de la foi. Mais je n'examine pas la philosophie de Kierkegaard, ou de Chestov ou, plus loin, de Husserl (il y faudrait une autre place et une autre attitude d'esprit), je leur emprunte un thème et j'examine si ses conséquences peuvent convenir aux règles déjà fixées. Il s'agit seulement d'entêtement. 6]    Je n'ai pas dit « exclut Dieu «, ce qui serait encore affirmer. [7]    Précisons encore une fois : ce n'est pas l'affirmation de Dieu qui est mise en cause ici, c'est la logique qui y mène. [8]    Même les épistémologies les plus rigoureuses supposent des métaphysiques. Et à ce point que la métaphysique d'une grande partie des penseurs de l'époque consiste à n'avoir qu'une épistémologie. [9]    A. - À cette époque, il fallait que la raison s'adaptât ou mourût. Elle s'adapte. Avec Plotin, de logique elle devient esthétique. La métaphore remplace le syllogisme.       B. - D'ailleurs ce n'est pas la seule contribution de Plotin à la phénoménologie. Toute cette attitude est déjà contenue dans l'idée si chère au penseur alexandrin qu'il n'y a pas seulement une idée de l'homme, mais aussi une idée de Socrate. 10]   Il s'agit ici d'une comparaison de fait, non d'une apologie de l'humilité. L'homme absurde est le contraire de l'homme réconcilié. [11]   La quantité fait quelquefois la qualité. Si j'en crois les dernières mises au point de la théorie scientifique, toute matière est constituée par des centres d'énergie. Leur quantité plus ou moins grande fait sa spécificité plus ou moins singulière. Un milliard d'ions et un ion différent non seulement en quantité, mais encore en qualité. L'analogie est facile à retrouver dans l'expérience humaine. [12]   Même réflexion sur une notion aussi différente que l'idée du néant. Elle n'ajoute ni ne retranche rien au réel. Dans l'expérience psychologique du néant, c'est à la considération de ce qui arrivera dans deux mille ans que notre propre néant prend véritablement son sens. Sous un de ses aspects, le néant est fait exactement de la somme des vies à venir qui ne seront pas les nôtres. [13]   La volonté n'est ici que l'agent : elle tend à maintenir la conscience. Elle fournit une discipline de vie, cela est appréciable. [14]   Ce qui importe c'est la cohérence. On part ici d'un consentement au monde. Mais la pensée orientale enseigne qu'on peut se livrer au même effort de logique en choisissant contre le monde. Cela est aussi légitime et donne à cet essai sa perspective et ses limites. Mais quand la négation du monde s'exerce avec la même rigueur on parvient souvent (dans certaines écoles vedantas) à des résultats semblables en ce qui concerne par exemple l'indifférence des oeuvres. Dans un livre d'une grande importance, Le Choix, Jean Grenier fonde de cette façon une véritable « philosophie de l'indifférence «. 15]   Au sens plein et avec ses défauts. Une attitude saine comprend aussi des défauts. [16]   Je pense ici à l'Alceste de Molière. Tout est si simple, si évident et si grossier. Alceste contre Philinte, Célimène contre Elianthe, tout le sujet dans l'absurde conséquence d'un caractère poussé vers sa fin, et le vers lui-même, le « mauvais vers «, à peine scandé comme la monotonie du caractère. [17]   Il est curieux de voir que la plus intellectuelle des peintures, celle qui cherche à réduire la réalité à ses éléments essentiels, n'est plus à son terme dernier qu'une joie des yeux. Elle n'a gardé du monde que la couleur. [18]   Qu'on y réfléchisse : cela explique les pires romans. Presque tout le monde se croit capable de penser et, dans une certaine mesure, bien ou mal, pense effectivement. Très peu, au contraire, peuvent s'imaginer poète ou forgeur de phrases. Mais à partir du moment où la pensée a prévalu sur la style, la foule a envahi le roman.             Cela n'est pas un si grand mal qu'on la dit. Les meilleurs sont conduits à plus d'exigences envers eux-mêmes. Pour ceux qui succombent, ils ne méritaient pas de survivre. [19]   Celle de Malraux, par exemple. Mais il eût fallu aborder en même temps le problème social qui en effet

«    Même lesépistémologies lesplus rigoureuses supposentdesmétaphysiques.

Etàce point quela métaphysique d'unegrande partiedespenseurs del'époque consisteàn'avoir qu'uneépistémologie. [9]    A.

-À cette époque, ilfallait quelaraison s'adaptât oumourût.

Elles'adapte.

AvecPlotin, delogique elle devient esthétique.

Lamétaphore remplacelesyllogisme.       B.-D'ailleurs cen'est paslaseule contribution dePlotin àla phénoménologie.

Toutecetteattitude est déjà contenue dansl'idée sichère aupenseur alexandrin qu'iln'yapas seulement uneidée de l'homme, maisaussi uneidée deSocrate. [10]   Il s'agit icid'une comparaison defait, nond'une apologie del'humilité.

L'hommeabsurdeestle contraire del'homme réconcilié. [11]   La quantité faitquelquefois laqualité.

Sij'en crois lesdernières misesaupoint delathéorie scientifique, toutematière estconstituée pardes centres d'énergie.

Leurquantité plusoumoins grande faitsaspécificité plusoumoins singulière.

Unmilliard d'ionsetun ion différent nonseulement en quantité, maisencore enqualité.

L'analogie estfacile àretrouver dansl'expérience humaine. [12]   Même réflexion surune notion aussidifférente quel'idée dunéant.

Ellen'ajoute nine retranche rien au réel.

Dans l'expérience psychologique dunéant, c'estàla considération decequi arrivera dansdeux mille ansque notre propre néantprend véritablement sonsens.

Sousunde ses aspects, lenéant est fait exactement delasomme desvies àvenir quineseront paslesnôtres. [13]   La volonté n'esticique l'agent : elletend àmaintenir laconscience.

Ellefournit unediscipline devie, cela estappréciable. [14]   Ce qui importe c'estlacohérence.

Onpart icid'un consentement aumonde.

Maislapensée orientale enseigne qu'onpeutselivrer aumême effort delogique enchoisissant contre le monde.

Celaestaussi légitime etdonne àcet essai saperspective etses limites.

Maisquand lanégation dumonde s'exerce avec lamême rigueur onparvient souvent(danscertaines écolesvedantas) àdes résultats semblables en cequi concerne parexemple l'indifférence desœuvres.

Dansunlivre d'une grande importance, Le Choix, Jean Grenier fondedecette façon unevéritable « philosophie del'indifférence ». [15]   Au sens plein etavec sesdéfauts.

Uneattitude sainecomprend aussi des défauts. [16]   Je pense iciàl'Alceste deMolière.

Toutestsisimple, siévident etsigrossier.

AlcestecontrePhilinte, Célimène contreElianthe, toutlesujet dansl'absurde conséquence d'uncaractère pousséverssafin, et levers lui-même, le« mauvais vers »,àpeine scandé commelamonotonie ducaractère. [17]   Il est curieux devoir quelaplus intellectuelle despeintures, cellequicherche àréduire laréalité àses éléments essentiels, n'estplusàson terme dernier qu'unejoiedesyeux.

Ellen'agardé dumonde quela couleur. [18]   Qu'on yréfléchisse : celaexplique lespires romans.

Presque toutlemonde secroit capable depenser et, dans unecertaine mesure,bienoumal, pense effectivement.

Trèspeu,aucontraire, peuvent s'imaginer poèteouforgeur dephrases.

Maisàpartir dumoment oùlapensée aprévalu surlastyle, la foule aenvahi leroman.             Celan'est pasunsigrand malqu'on ladit.

Lesmeilleurs sontconduits àplus d'exigences envers eux-mêmes.

Pourceux quisuccombent, ilsne méritaient pasdesurvivre. [19]   Celle deMalraux, parexemple.

Maisileût fallu aborder enmême temps leproblème socialquieneffet. »

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