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- Ah !

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

- Ah ! c'est un bien gentil garçon. - N'est-ce pas ? - Si jovial ! - Et un fameux homme pour parler ! Comme ses idées sont coulantes, hein ? - Étonnant ! elles débondent si vite qu'elles se cognent la tête l'une sur l'autre que c'en est étourdissant, et qu'on ne sait pas seulement de quoi il s'agit. - C'est le grand mérite de son style d'éloquence... Prenez garde au dernier pas, monsieur Weller. Voudriez-vous vous laver les mains avant de rejoindre les ladies ? Voilà une fontaine, et il y a un essuie-mains blanc accroché derrière la porte. - Je ne serai pas fâché de me rincer un brin, répliqua Sam, en appliquant force savon noir sur le torchon. Combien y a-t-il de dames ? - Seulement deux dans notre cuisine. Cuisinière et bonne. Nous avons un garçon pour faire les ouvrages sales et une fille de plus ; mais ça dîne dans la buanderie. - Ah ! ça dîne dans la buanderie ! - Oui, nous en avons essayé à notre table quand c'est arrivé ; mais nous n'avons pas pu y tenir ; les manières de la fille sont horriblement vulgaires, et le garçon fait tant de bruit en mâchant, que nous avons trouvé impossible de rester à table avec lui. - Oh ! quel jeune popotame ! - C'est dégoûtant ! voilà ce qu'il y a de pire dans le service de province, monsieur Weller ; les jeunes gens sont si tellement mal élevés... Par ici, monsieur, s'il vous plaît. » Tout en parlant ainsi et en précédant Sam avec la plus exquise politesse, Muzzle le conduisit dans la cuisine. « Mary, dit-il à la jolie servante, c'est M. Weller, un gentleman que notre maître a envoyé en bas pour être fait aussi confortable que possible. - Et votre maître s'y connaît. Il m'a envoyé au bon endroit pour ça, ajouta Sam en jetant un regard d'admiration à la jolie bonne ; si j'étais le maître de cette maison ici, je serais toujours où Mary serait. - Oh ! monsieur Weller ! fit Mary en rougissant. - Eh bien ! et moi, donc ! s'écria la cuisinière. - Ah ! cuisinière, je vous avais oubliée, dit M. Muzzle. Monsieur Weller, permettez-moi de vous présenter. - Comment vous portez-vous, madame ? demanda Sam à la cuisinière. Très-enchanté de vous voir, et j'espère que notre connaissance durera longtemps, comme dit le gentleman à la banknote de cinq guinées. » Après les cérémonies de la présentation, la cuisinière et Mary se retirèrent dans leur cuisine pour chuchoter pendant dix minutes, et lorsqu'elles furent revenues toutes minaudantes et rougissantes, on s'assit pour dîner. Les manières aisées de Sam et ses talents de conversation eurent une influence si irrésistible sur ses nouveaux amis, qu'à la moitié du dîner il était déjà avec eux sur un pied d'intimité complète, et les avait mis en pleine possession des perfidies de Job Trotter. « Je n'ai jamais pu supporter cet homme-là, dit Mary. - Et vous ne le deviez pas non plus, ma chère, répliqua Sam. - Pourquoi cela ? - Parce que la laideur et l'hypocrisie ne va jamais d'accord avec l'élégance et la vertu. C'est-il pas vrai, monsieur Muzzle ? - Certainement. » À ces mots Mary se prit à rire et assura que c'était à cause de la cuisinière, et la cuisinière, assurant que non, se prit à rire aussi. « Tiens, je n'ai pas de verre, dit Mary. - Buvez avec moi, ma chère, reprit Sam, mettez vos lèvres sur ce verre ici, et alors je pourrai vous embrasser par procuration. - Fi donc ! monsieur Weller ! - Pourquoi fi, ma chère ? - Pour parler comme ça. - Bah ! il n'y a pas de mal. C'est dans la nature. Pas vrai, cuisinière ? - Taisez-vous, impertinent, » répliqua celle-ci avec un visage de jubilation. Et là-dessus la cuisinière et Mary se prirent à rire encore, jusqu'à ce que le rire et la bière et la viande combinés eussent mis la charmante bonne en danger d'étouffer. Elle ne tut tirée de cette crise alarmante qu'au moyen de fortes tapes sur le dos et de plusieurs autres petites attentions, délicatement administrées par le galant Sam. Au milieu de ces joyeusetés, on entendit sonner violemment, et le jeune gentleman qui prenait ses repas dans la buanderie, alla immédiatement ouvrir la porte du jardin. Sam était dans le feu de ses galanteries auprès de la jolie bonne ; M. Muzzle s'occupait de faire les honneurs de la table, et la cuisinière ayant cessé de rire un instant portait à sa bouche un énorme morceau, lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit pour laisser entrer M. Job Trotter. Nous avons dit pour laisser entrer M. Job Trotter, mais cette expression n'a pas l'exactitude scrupuleuse dont nous nous piquons. La porte s'ouvrit et M. Job Trotter parut. Il serait entré, et même il était en train d'entrer, lorsqu'il aperçut Sam. Reculant involontairement un pas ou deux, il resta muet et immobile à contempler avec étonnement et terreur la scène qui s'offrait à ses yeux. « Le voici ! s'écria Sam, en se levant plein de joie. Eh bien ! je parlais de vous dans ce moment ici, comment ça va-t-il ? pourquoi donc êtes-vous si rare ? Entrez. » En disant ces mots, il mit la main sur le collet violet de Job, le tira sans résistance dans la cuisine, ferma la porte et en passa la clef à M. Muzzle, qui l'enfonça froidement dans une poche de côté, et boutonna son habit par-dessus. « Eh bien ! en voilà une farce ! s'écria Sam. Mon maître qui a le plaisir de rencontrer votre maître là-haut, et moi qui a le plaisir de vous rencontrer ici en bas. Comment ça vous va-t-il ? Et notre petit commerce d'épiceries, ça marche-t-il bien ? Véritablement, je suis charmé de vous voir. Comme vous avez l'air content ! C'est charmant. N'est-il pas vrai, M. Muzzle ? - Certainement. - Il est si jovial ! - De si bonne humeur ! - Et si content de nous voir ! C'est ça qui fait le plaisir d'une réunion. Asseyez-vous, asseyezvous. » Job se laissa asseoir sur une chaise, au coin du feu, et dirigea ses petits yeux d'abord sur Sam, pois sur Muzzle ; mais il ne dit rien. « Eh bien ! maintenant, reprit Sam, faites-moi l'amitié de me dire devant ces dames ici, si vous croyez être le gentleman le plus gentil et le mieux éduqué qui a jamais employé un mouchoir rouge et les hymnes n° 4. - Et qui a jamais été pour être marié à une cuisinière, le mauvais gueux ! s'écria la cuisinière avec une sainte indignation. - Et pour mener une vie plus vertueuse et pour s'établir dans l'épicerie, ajouta la bonne. - Jeune homme ? vociféra Muzzle, enragé par ces deux dernières allusions ; écoutez-moi-z-un peu maintenant. Cette lady ici (montrant la cuisinière) est ma bonne amie. Et quand vous avez le toupet de parler de tenir une boutique d'épiceries avec elle, vous me blessez, monsieur, dans l'endroit le plus sensible où un homme pût en blesser un autre. Me comprenez-vous, monsieur ? » Ici Muzzle, qui, comme son maître, avait une grande idée de son éloquence, s'arrêta pour attendre une réponse, mais Job ne paraissant pas disposé à parler, Muzzle poursuivit avec

« vous embrasser parprocuration. – Fi donc ! monsieur Weller ! – Pourquoi fi,ma chère ? – Pour parler comme ça. – Bah ! iln’y apas demal.

C’est danslanature.

Pasvrai, cuisinière ? – Taisez-vous, impertinent, » répliquacelle-ciavecunvisage dejubilation.

Etlà-dessus la cuisinière etMary seprirent àrire encore, jusqu’àceque lerire etlabière etlaviande combinés eussentmislacharmante bonneendanger d’étouffer.

Ellenetut tirée decette crise alarmante qu’aumoyen defortes tapessurledos etde plusieurs autrespetites attentions, délicatement administréesparlegalant Sam. Au milieu deces joyeusetés, onentendit sonnerviolemment, etlejeune gentleman quiprenait ses repas danslabuanderie, allaimmédiatement ouvrirlaporte dujardin.

Samétait dans lefeu de ses galanteries auprèsdelajolie bonne ; M. Muzzle s’occupaitdefaire leshonneurs dela table, etlacuisinière ayantcesséderire uninstant portaitàsa bouche unénorme morceau, lorsque laporte delacuisine s’ouvrit pourlaisser entrerM. Job Trotter. Nous avons ditpour laisser entrer M. Job Trotter, maiscette expression n’apas l’exactitude scrupuleuse dontnous nous piquons.

Laporte s’ouvrit etM. Job Trotter parut.Ilserait entré, et même ilétait entrain d’entrer, lorsqu’ilaperçutSam.Reculant involontairement unpas ou deux, ilresta muet etimmobile àcontempler avecétonnement etterreur lascène quis’offrait à ses yeux. « Le voici ! s’écria Sam,enselevant pleindejoie.

Ehbien ! jeparlais devous dans cemoment ici, comment çava-t-il ? pourquoi doncêtes-vous sirare ? Entrez. » Endisant cesmots, ilmit la main surlecollet violet deJob, letira sans résistance danslacuisine, fermalaporte eten passa la clef àM. Muzzle, quil’enfonça froidement dansunepoche decôté, etboutonna sonhabit par-dessus.

« Eh bien ! envoilà unefarce ! s’écria Sam.Monmaître quiale plaisir derencontrer votre maître là-haut, etmoi quiale plaisir devous rencontrer icien bas.

Comment çavous va-t-il ? Et notre petitcommerce d’épiceries, çamarche-t-il bien ?Véritablement, jesuis charmé devous voir.

Comme vousavezl’aircontent ! C’estcharmant.

N’est-ilpasvrai, M. Muzzle ? – Certainement. – Ilest sijovial ! – De sibonne humeur ! – Et sicontent denous voir ! C’estçaqui fait leplaisir d’uneréunion.

Asseyez-vous, asseyez- vous. » Job selaissa asseoir surune chaise, aucoin dufeu, etdirigea sespetits yeuxd’abord surSam, pois surMuzzle ; maisilne dit rien. « Eh bien ! maintenant, repritSam,faites-moi l’amitiédeme dire devant cesdames ici,sivous croyez êtrelegentleman leplus gentil etlemieux éduqué quiajamais employé unmouchoir rouge etles hymnes n°4. – Et qui ajamais étépour êtremarié àune cuisinière, lemauvais gueux !s’écrialacuisinière avec unesainte indignation. – Et pour mener unevieplus vertueuse etpour s’établir dansl’épicerie, ajoutalabonne. – Jeune homme ? vociféraMuzzle,enragéparcesdeux dernières allusions ; écoutez-moi-z-un peu maintenant.

Cetteladyici(montrant lacuisinière) estma bonne amie.Etquand vousavez le toupet deparler detenir uneboutique d’épiceries avecelle,vous meblessez, monsieur, dans l’endroit leplus sensible oùunhomme pûtenblesser unautre.

Mecomprenez-vous, monsieur ? » Ici Muzzle, qui,comme sonmaître, avaitunegrande idéedeson éloquence, s’arrêtapour attendre uneréponse, maisJobneparaissant pasdisposé àparler, Muzzle poursuivit avec. »

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