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- Ah !

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

- Ah ! dit le petit homme, vous êtes un farceur, n'est-ce pas ?... - Mon frère aîné était affligé de cette maladie-là, répondit Sam. Nous couchions ensemble, et ça s'attrape peut-être... - Oh ! la drôle de vieille maison que voilà ! reprit le petit homme en regardant autour de lui. - Fallait faire prévenir de votre arrivée, on lui aurait fait des réparations, rétorqua le décrotteur imperturbable. » Son interlocuteur parut un peu déconcerté de ces rebuffades successives. Une courte consultation eut lieu entre lui et les deux gros gentlemen ; ensuite il prit une prise de tabac dans une étroite tabatière d'argent, et il paraissait se disposer à renouveler la conversation, quand l'un de ses compagnons, qui, outre une contenance bienveillante, était porteur d'une paire de lunettes et d'une paire de guêtres noires, s'avança et dit en montrant l'autre gros gentleman. « Le fait est que mon ami vous donnera une demi-guinée, si vous voulez répondre à une ou deux... » - Eh ! mon cher monsieur ! mon cher monsieur ! interrompit le petit homme. Permettez, je vous prie, mon cher monsieur. Le premier principe à observer dans des cas semblables, est celui-ci : Si vous mettez la chose entre les mains d'un homme d'affaires, vous ne devez plus vous en mêler aucunement. Vous devez reposer en lui une entière confiance. Réellement, monsieur... » Il se tourna vers l'autre gros gentleman en lui disant : « J'ai oublié le nom de votre ami. - Pickwick, répondit M. Wardle, car c'était ce joyeux personnage lui-même. - Ah ! Pickwick. Réellement, monsieur Pickwick, mon cher monsieur, excusez-moi : Je serai heureux de recevoir vos avis en particulier, comme amicus curiae : mais vous devez voir l'inconvenance de votre intervention en ce moment, surtout par un argument ad captandum, tel que l'offre d'une demi-guinée. Réellement, mon cher monsieur, réellement... et le petit homme prit un air profond et une prise de tabac argumentative. - Mon seul désir, monsieur, répondit M. Pickwick, était d'amener à fin, aussi vite que possible, cette désagréable affaire. - Très-bien, très-bien, dit le petit homme. - C'est pourquoi, continua M. Pickwick, j'ai fait usage de l'argument que mon expérience des hommes m'a fait reconnaître comme le meilleur dans tous les cas. - Oui, oui, dit le petit homme : très-bon ! très-bon ! c'est vrai. Mais vous auriez dû me suggérer cela à moi. Vous savez, j'en suis sûr, quelle confiance sans bornes on doit placer dans son homme d'affaires. S'il était besoin d'une autorité à ce sujet, permettez-moi, mon cher monsieur, de vous référer à un cas bien connu dans Barnwell... - Ne vous alambiquez pas de George Barnevelt, interrompit Sam, qui était resté fort étonné de ce dialogue. Tout le monde connaît son histoire, et, voyez-vous, j'ai toujours imaginé que la jeune femme méritait beaucoup mieux que lui d'être pendue[14]. Mais c'est égal ; ça n'a rien à voir ici. Vous voulez que j'accepte une demi-guinée. Très-bien, ça me va ; je ne puis pas parler mieux que ça. Pas vrai, monsieur ? (M. Pickwick sourit.) Alors il ne s'agit plus que de savoir ce que diable vous me voulez, comme dit c't autre quand il vit le revenant. - Nous voulons savoir... dit M. Wardle. - Eh ! mon cher monsieur ! mon cher monsieur ! interrompit le petit homme à l'air affairé. » M. Wardle leva les épaules, et se tut. « Nous voulons savoir, reprit solennellement le petit homme, et nous vous adressons cette question pour ne pas éveiller d'inutiles appréhensions dans l'auberge ; nous voulons savoir ce qui s'y trouve actuellement. - Qu'est-ce qu'il y a dans la maison ? Il y a une paire de bottes hongroises, au n° 13, répondit Sam, dans l'esprit duquel les logeurs étaient représentés par la partie de leur costume qui se trouvait sous sa direction immédiate. Il y a une jambe de bois au n° 6 ; deux paires de demi-bottes dans la salle du commerce. Il y a ces bottes à revers ici, au rez-de-chaussée, et cinq autres paires dans le café. - Pas davantage ? dit le petit homme. - Attendez un brin, reprit Sam, en cherchant à se rappeler ; oui, il y a une paire de bottes à la Wellington, pas mal usées, et des souliers de dame, au n° 5. - Quelle sorte de souliers ? demanda avec empressement M. Wardle, qui, ainsi que M. Pickwick, s'était perdu dans ce singulier catalogue de chalands. - Souliers de province. - Y a-t-il le nom du cordonnier ? - Brown. - D'où cela ? - Muggleton. - Ce sont eux ! s'écria Wardle. Par le ciel nous les avons trouvés. - Chut ! dit Sam : Les Wellington sont allés aux Doctors' Commons. - Bah ! fit le petit homme. - Oui, pour un permis. - Nous arrivons à temps, s'écria Wardle. Montrez-nous la chambre ; il n'y a pas un moment à perdre. - Je vous en prie, mon cher monsieur, je vous en prie, dit le petit homme. De la prudence ; de la prudence ! » En parlant ainsi, il tira de sa poche une bourse de soie rouge, dont il aveignit un souverain, en regardant fixement Sam. Celui-ci sourit d'une manière expressive. « Montrez-nous la chambre, tout d'un coup, sans nous annoncer, dit le petit homme ; et il est à vous. » Sam jeta la botte à revers dans un coin, et conduisit nos gens à travers un corridor sombre et un large escalier. Arrivé dans un second corridor, il fit halte et tendit la main. « Le voilà, » dit tout bas l'avoué en déposant le souverain dans la main de leur guide. Sam fit encore quelques pas, et s'arrêta devant une porte. « C'est ici ? demanda le petit homme. » Sam fit signe que oui. Le vieux Wardle ouvrit la porte, et tous les trois pénétrèrent dans la chambre, juste au moment où M. Jingle, qui venait de rentrer, montrait le permis à la tante demoiselle. Rachel jeta un grand cri, et se renversant sur une chaise, se couvrit le visage avec les mains. M. Jingle chiffonna le permis, et le fourra dans sa poche. Les visiteurs intempestifs s'avancèrent au milieu de la chambre. « Vous êtes un joli coquin ! s'écria le vieux Wardle, haletant de colère. Vous êtes... - Mon cher monsieur ! mon cher monsieur ! interrompit le petit homme, en posant son chapeau sur la table. Je vous en prie, faites attention. Scandalum magnatum... diffamation... action pour dommages... Calmez-vous, mon cher monsieur, je vous en prie. - Comment osez-vous enlever ma soeur de ma maison ? reprit M. Wardle. - Oui, très-bien, dit le petit gentleman. Vous pouvez lui demander cela. Comment osez-vous enlever sa soeur, eh ! monsieur ? - Qui diable êtes-vous ! s'écria M. Jingle d'un ton si violent que le petit homme en recula involontairement un pas ou deux. - Qui il est ? coquin ! C'est mon avoué, M. Perker. Perker, je veux poursuivre ce gueux-là ! je veux le faire empoigner ! Je veux... Je veux... Dieu me damne ! je veux le ruiner. - Et vous, continua M. Wardle en se tournant brusquement vers sa soeur ; vous Rachel, à votre âge ! quand vous devriez connaître le monde ! À quoi pensez-vous de vous enfuir avec un vagabond ?

« trouvait soussadirection immédiate.

Ilya une jambe debois aun°6 ; deux paires de demi- bottes danslasalle ducommerce.

Ilya ces bottes àrevers ici,aurez-de-chaussée, etcinq autres pairesdanslecafé. – Pas davantage ? ditlepetit homme. – Attendez unbrin, reprit Sam,encherchant àse rappeler ; oui,ilya une paire debottes àla Wellington, pasmal usées, etdes souliers dedame, aun°5. – Quelle sortedesouliers ? demanda avecempressement M. Wardle,qui,ainsi que M. Pickwick, s’étaitperdudanscesingulier catalogue dechalands. – Souliers deprovince. – Ya-t-il lenom ducordonnier ? – Brown. – D’où cela ? – Muggleton. – Ce sont eux ! s’écria Wardle.

Parleciel nous lesavons trouvés. – Chut ! ditSam : LesWellington sontallés aux Doctors’ Commons . – Bah ! fitlepetit homme. – Oui, pour unpermis. – Nous arrivons àtemps, s’écriaWardle.

Montrez-nous lachambre ; iln’y apas unmoment à perdre.

– Je vous enprie, mon chermonsieur, jevous enprie, ditlepetit homme.

Delaprudence ; dela prudence ! » En parlant ainsi,iltira desapoche unebourse desoie rouge, dontilaveignit unsouverain, en regardant fixementSam.Celui-ci souritd’unemanière expressive. « Montrez-nous lachambre, toutd’un coup, sansnous annoncer, ditlepetit homme ; etilest à vous. » Sam jetalabotte àrevers dansuncoin, etconduisit nosgens àtravers uncorridor sombreetun large escalier.

Arrivédansunsecond corridor, ilfit halte ettendit lamain. « Le voilà, » dittout basl’avoué endéposant lesouverain danslamain deleur guide. Sam fitencore quelques pas,ets’arrêta devantuneporte. « C’est ici ?demanda lepetit homme. » Sam fitsigne queoui. Le vieux Wardle ouvritlaporte, ettous lestrois pénétrèrent danslachambre, justeaumoment où M. Jingle, quivenait derentrer, montrait lepermis àla tante demoiselle. Rachel jetaungrand cri,etse renversant surune chaise, secouvrit levisage aveclesmains. M. Jingle chiffonna lepermis, etlefourra danssapoche.

Lesvisiteurs intempestifs s’avancèrent au milieu delachambre. « Vous êtesunjoli coquin ! s’écrialevieux Wardle, haletant decolère.

Vousêtes… – Mon chermonsieur ! monchermonsieur ! interrompit lepetit homme, enposant son chapeau surlatable.

Jevous enprie, faites attention.

Scandalum magnatum … diffamation… action pourdommages… Calmez-vous, monchermonsieur, jevous enprie. – Comment osez-vousenlevermasœur dema maison ? repritM. Wardle. – Oui, très-bien, ditlepetit gentleman.

Vouspouvez luidemander cela.Comment osez-vous enlever sasœur, eh !monsieur ? – Qui diable êtes-vous ! s’écriaM. Jingle d’untonsiviolent quelepetit homme enrecula involontairement unpas oudeux. – Qui ilest ? coquin ! C’estmonavoué, M. Perker.

Perker,jeveux poursuivre cegueux-là ! je veux lefaire empoigner ! Jeveux… Jeveux… Dieumedamne ! jeveux leruiner.

–Et vous, continua M. Wardle ensetournant brusquement verssasœur ; vousRachel, àvotre âge ! quand vousdevriez connaître lemonde ! Àquoi pensez-vous devous enfuir avecunvagabond ?. »

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