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Ah ! ceci est trop, Cassius, et je n'ai pas mérité

Publié le 15/12/2013

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Ah ! ceci est trop, Cassius, et je n'ai pas mérité tant d'amour. (Cassius fait un geste de protestation.) Non, non, te dis-je. J'en suis indigne. (Il appelle deux gardes.) Emmenez-le. (À Cassius, doucement.) Va, mi. Et souviens-toi que Caligula t'a donné son coeur.   TROISIÈME PATRICIEN, vaguement inquiet.   Mais où m'emmènent-ils ?   CALIGULA   À la mort, voyons. Tu as donné ta vie pour la mienne. Moi, je me sens mieux maintenant. Je n'ai même plus cet affreux goût de sang dans la bouche. Tu m'as guéri. Es-tu heureux, Cassius, de pouvoir donner ta ie pour un autre, quand cet autre s'appelle Caligula ? Me voilà prêt de nouveau pour toutes les fêtes.   On entraîne le troisième patricien qui résiste et hurle.   TROISIÈME PATRICIEN   Je ne veux pas. Mais c'est une plaisanterie.   CALIGULA, rêveur, entre les hurlements.   Bientôt, les routes sur la mer seront couvertes de mimosas. Les femmes auront des robes d'étoffe légère. Un grand ciel frais et battant, Cassius ! Les sourires de la vie !   Cassius est prêt à sortir. Caesonia le pousse doucement. Se retournant, soudain sérieux.   La vie, mon ami, si tu l'avais assez aimée, tu ne l'aurais pas jouée avec tant d'imprudence.       On entraîne Cassius. Revenant vers la table.   Et quand on a perdu, il faut toujours payer. (Un temps.) Viens, Caesonia. (Il se tourne vers les autres.) À propos, il m'est venu une belle pensée que je veux partager avec vous. Mon règne jusqu'ici a été trop eureux. Ni peste universelle, ni religion cruelle, pas même un coup d'État, bref, rien qui puisse vous faire asser à la postérité. C'est un peu pour cela, voyez-vous, que j'essaie de compenser la prudence du destin. e veux dire... je ne sais pas si vous m'avez compris (avec un petit rire), enfin, c'est moi qui remplace la este. (Changeant de ton.) Mais, taisez-vous. Voici Cherea. C'est à toi, Caesonia.   Il sort. Entrent Cherea et le premier patricien.   SCÈNE X   Caesonia va vivement au-devant de Cherea.   CAESONIA   Caligula est mort.   Elle se détourne, comme si elle pleurait, et fixe les autres qui se taisent. Tout le monde a l'air consterné, mais pour des raisons différentes.   PREMIER PATRICIEN   Tu... tu es sûre de ce malheur ? Ce n'est pas possible, il a dansé tout à l'heure.       CAESONIA   Justement. Cet effort l'a achevé.   Cherea va rapidement de l'un à l'autre, et se retourne vers Caesonia. Tout le monde garde le silence. Lentement.   Tu ne dis rien, Cherea.   CHEREA, aussi lentement.   C'est un grand malheur, Caesonia.   Caligula entre brutalement et va vers Cherea.   CALIGULA   Bien joué, Cherea. (Il fait un tour sur lui-même et regarde les autres. Avec humeur.) Eh bien ! c'est raté. (À Caesonia.) N'oublie pas ce que je t'ai dit.   Il sort.   SCÈNE XI   Caesonia le regarde partir en silence.   LE VIEUX PATRICIEN, soutenu par un espoir infatigable.   Serait-il malade, Caesonia ?   CAESONIA, le regardant avec haine.   Non, ma jolie, mais ce que tu ignores, c'est que cet homme dort deux heures toutes les nuits et le reste du temps, incapable de reposer, erre dans les galeries de son palais. Ce que tu ignores, ce que tu ne t'es jamais demandé, c'est à quoi pense cet être pendant les heures mortelles qui vont du milieu de la nuit au retour du soleil. Malade ? Non, il ne l'est pas. À moins que tu n'inventes un nom et des médicaments pour les ulcères dont son âme est couverte.   CHEREA, qu'on dirait touché.   Tu as raison, Caesonia. Nous n'ignorons pas que Caïus...   CAESONIA, plus vite.   Non, vous ne l'ignorez pas. Mais comme tous ceux qui n'ont point d'âme, vous ne pouvez supporter ceux ui en ont trop. Trop d'âme ! Voilà qui est gênant, n'est-ce pas ? Alors, on appelle cela maladie : les cuistres sont justifiés et contents. (D'un autre ton.) Est-ce que tu as jamais su aimer, Cherea ?   CHEREA, de nouveau lui-même.   Nous sommes maintenant trop vieux pour apprendre à le faire, Caesonia. Et d'ailleurs, il n'est pas sûr que Caligula nous en laissera le temps.   CAESONIA, qui s'est reprise.   Il est vrai. (Elle s'assied.) Et j'allais oublier les recommandations de Caligula. Vous savez u'aujourd'hui est un jour consacré à l'art.   LE VIEUX PATRICIEN   D'après le calendrier ?       CAESONIA   Non, d'après Caligula. Il a convoqué quelques poètes. Il leur proposera une composition improvisée sur un sujet donné. Il désire que ceux d'entre vous qui sont poètes y concourent expressément. Il a désigné en particulier le jeune Scipion et Metellus.   METELLUS   Mais nous ne sommes pas prêts.   CAESONIA, comme si elle n'avait pas entendu, d'une voix neutre.   Naturellement, il y aura des récompenses. il y a aussi des punitions. (Petit recul des autres.) Je puis vous dire, en confidence, qu'elles ne sont pas très graves.   Entre Caligula. Il est plus sombre que jamais.     SCÈNE XII   CALIGULA   Tout est prêt ?   CAESONIA   Tout. (À un garde.) Faites entrer les poètes.   Entrent, deux par deux, une douzaine de poètes qui descendent à droite ait pas cadencé.

«   CALIGULA   À la mort, voyons.

Tuasdonné tavie pour lamienne.

Moi,jeme sens mieux maintenant.

Jen'ai même plus cetaffreux goûtdesang dans labouche.

Tum'as guéri.

Es-tuheureux, Cassius,depouvoir donnerta vie pour unautre, quandcetautre s'appelle Caligula ? Mevoilà prêtdenouveau pourtoutes lesfêtes.   Onentraîne letroisième patricienquirésiste ethurle.   TROISIÈMEPATRICIEN   Je neveux pas.Mais c'est uneplaisanterie.   CALIGULA,rêveur, entreleshurlements .   Bientôt, lesroutes surlamer seront couvertes demimosas.

Lesfemmes aurontdesrobes d'étoffe légère.

Ungrand cielfrais etbattant, Cassius ! Lessourires delavie !   Cassiusestprêt àsortir.

Caesonia lepousse doucement. Se retournant, soudainsérieux.   La vie, mon ami, situ l'avais assezaimée, tune l'aurais pasjouée avectantd'imprudence.       On entraîne Cassius.Revenant verslatable.   Et quand onaperdu, ilfaut toujours payer.( Un temps .) Viens, Caesonia.

( Il se tourne verslesautres .) À propos, ilm'est venuunebelle pensée quejeveux partager avecvous.

Monrègne jusqu'ici aété trop heureux.

Nipeste universelle, nireligion cruelle,pasmême uncoup d'État, bref,rienquipuisse vousfaire passer àla postérité.

C'estunpeu pour cela, voyez-vous, quej'essaie decompenser laprudence dudestin. Je veux dire...

jene sais passivous m'avez compris (avecunpetit rire), enfin, c'estmoiquiremplace la peste.

(Changeant deton .) Mais, taisez-vous.

VoiciCherea.

C'estàtoi, Caesonia.   Ilsort.

Entrent Chereaetlepremier patricien.   SCÈNEX  . »

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