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« Alors, Tom est apparu pimpant et reluisant comme un empereur romain et tout ce qui restait comme véhicule était un râteau à foin.

Publié le 30/10/2013

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« Alors, Tom est apparu pimpant et reluisant comme un empereur romain et tout ce qui restait comme véhicule était un râteau à foin. Il n'était pas question pour lui d'offrir cela, même à une des soeurs Williams. Est-ce un bien ou un mal ? Liza faisait sa sieste à ce moment-là. Tom s'est assis sur les marches et a cherché une solution. Au bout d'un moment, je l'ai vu se diriger vers la remise et atteler deux chevaux. Ensuite, il est entré dans la maison et est ressorti, portant le canapé sur son dos. Il l'a posé sur le râteau et l'a fixé avec des chaînes. Un canapé aux accoudoirs en col de cygne, que Liza préfère à tout au monde ! Je le lui avais offert pour se reposer avant la naissance de George. La dernière vision que j'ai eue, c'est Tom gravissant la colline, pénétré de plaisir à l'idée que les soeurs Williams auraient un siège digne d'elles. Quand je pense, oh ! Seigneur, qu'il sera hors d'usage quand il reviendra ! « Samuel posa ses pinces et se mit les mains sur les hanches pour rire plus commodément. « Le bûcher expiatoire brûle déjà dans le coeur de Liza. La fumée lui sort par le nez. Pauvre Tom ! « Adam proposa en souriant : « Voulez-vous boire un petit quelque chose ? - Avec plaisir «, dit Samuel. Il prit la bouteille, en but une gorgée rapide et la rendit à son propriétaire. « Uisquebaugh. C'est un mot irlandais pour whisky, l'eau de vie. C'est bien vrai. « Il posa une à une les barres rouges sur son enclume, les perça pour le passage des vis et les courba à coups de marteau. Les étincelles naissaient sous ses coups. Il plongea le fer dans une barrique d'eau noire. Il y eut un sifflement. « Voilà «, dit-il. Et il jeta les équerres sur le sol. « Merci, dit Louis. Combien vous dois-je ? - Le plaisir de votre compagnie. - C'est toujours comme ça, dit Louis. - Non. Lorsque j'ai foré votre nouveau puits, vous m'avez payé le prix que je demandais. - Au fait... Mr. Trask que voici va peut-être acheter la terre des Bordini. L'ancienne propriété Sanchez, vous vous rappelez ? - Je la connais, dit Samuel. C'est un beau morceau. - Mr. Trask m'a parlé d'eau. Et je lui ai dit que vous en connaissiez plus sur ce sujet que n'importe qui. « Adam repassa la bouteille. Samuel but une nouvelle gorgée et s'essuya la bouche sur la partie propre de son avant-bras. « Je ne suis pas encore décidé, dit Adam. Ce que je veux, c'est vous poser certaines questions. - Seigneur ! C'était la chose à ne pas faire. On dit qu'il est dangereux de questionner un Irlandais, car il vous répond aussitôt. J'espère que vous savez ce que vous risquez en ouvrant les écluses de mon verbe. Il y a deux façons de voir : l'homme silencieux est sage ou bien l'homme qui ne dit rien ne pense rien. Naturellement, la seconde m'agrée beaucoup plus. Liza dit que j'en profite. Que voulez-vous savoir ? - -Sur la terre des Bordini, par exemple, jusqu'où faut-il creuser pour trouver l'eau ? - Il faut que je voie l'endroit. Quelquefois, c'est trente pieds, quelquefois cinquante, quelquefois il faut aller jusqu'au centre de la terre. - Vous pourriez trouver de l'eau ? - Je trouve de l'eau partout, sauf chez moi. - J'ai entendu dire que vous en manquiez. - Entendu dire ? Dieu lui-même a dû l'entendre. Je l'ai hurlé assez fort. - Il y a un terrain de quatre cents arpents le long de la rivière. Croyez-vous qu'il y ait une nappe ? - Il faut que je voie. C'est une étrange vallée. Si vous vous sentez assez de patience, peut- être pourrais-je vous en dire deux mots, car je la connais pour l'avoir examinée pouce par pouce. « Louis Lippo dit : « Mr. Trask vient de la Nouvelle-Angleterre. Il a l'intention de s'établir ici, mais il est déjà venu dans l'Ouest. Il était soldat. Il a combattu les Indiens. - Vraiment ? Alors c'est à vous de parler et à moi d'écouter. - Je ne veux pas en parler. - Et pourquoi cela ? Seigneur ! Si j'avais combattu les Indiens, ma famille et mes voisins seraient bien à plaindre. - Je ne voulais pas les combattre, monsieur. « Le monsieur était venu à sa bouche sans qu'il s'en rendît compte. « Oui, je comprends cela. Ce doit être dur de tuer un homme que l'on ne connaît pas et pour lequel on n'a pas de haine. - Au contraire, c'est plus facile, dit Louis. - C'est une façon de voir, Louis. Mais certains hommes éprouvent de l'amitié pour tout le reste du monde et certains autres se haïssent eux-mêmes et étalent leur haine autour d'eux comme du beurre sur du pain chaud. - J'aimerais mieux que nous parlions de la Vallée «, dit Adam avec une sorte de gêne. Car une nausée le prenait en évoquant les cadavres amoncelés. « Quelle heure est-il ? « Louis sortit et regarda le soleil. « Il n'est pas encore dix heures. - Lorsque je commence à parler, je ne me contrôle plus. Mon fils Will dit que je parle aux arbres quand je n'ai pas d'auditoire humain. « Il soupira et s'assit sur une caisse. « J'ai dit que c'était une étrange vallée, mais peut-être est-ce parce que je suis né dans un pays verdoyant. Vous paraît-elle étrange, Louis ? - Non, car je ne connais qu'elle. - Je l'ai beaucoup sondée, dit Samuel. Quelque chose a vécu dessous et continue peutêtre d'y vivre. Sous la terre, il y a le lit d'un océan et plus profond encore il y a un autre monde. Mais cela n'intéresse pas le fermier. Au-dessus, le sol est bon, particulièrement sur les plats. Dans la vallée supérieure, la terre arable est légère et sablonneuse, mais elle est mélangée à l'humus qui couvrait les collines et que les pluies ont entraîné vers le bas. Plus on va vers le Nord, plus la Vallée s'élargit et le sol y est plus noir, plus lourd et peutêtre plus riche. Je crois qu'il y a eu des marais jadis et que les plantes, en pourrissant, au cours des siècles, ont noirci le sol et l'ont fertilisé. Lorsque l'on retourne la terre, on voit qu'elle est mélangée d'argile grasse. Surtout aux alentours de Gonzalès, au nord de l'embouchure de la rivière. Sur les côtés, autour de Salinas, de Blanco, de Castroville et de Moss Landing, les marais sont encore là. Et lorsqu'un jour ces marais seront asséchés, cette terre sera la plus riche de ce monde. - Il parle toujours de ce que la terre sera un jour, interrompit Louis. - L'esprit de l'homme ne peut se contenter de vivre avec son temps comme le fait son corps. - Si je m'établis ici, je veux savoir ce qu'est la terre et ce qu'elle sera, dit Adam. Car mes enfants, si j'en ai, vivront sur cette terre. « Les yeux de Samuel fixèrent la lumière dorée par-delà ses amis et la forge sombre. « Il faut que je vous dise que, sous une bonne partie de la Vallée, quelquefois profondément, quelquefois très près de la surface, on trouve ce que nous appelons une croûte. C'est de l'argile dense et grasse à la fois. Par endroits, elle a un pied d'épaisseur ; par endroits, plus. Et cette croûte est imperméable à l'eau. Si elle n'était pas là, les pluies d'hiver imprégneraient la terre et, en été, l'eau pourrait remonter vers les racines. Mais quand la terre au-dessus de la couche d'argile est bien trempée, l'eau se perd en

« être pourrais-je vousendire deux mots, carjela connais pourl’avoir examinée pouce par pouce. » Louis Lippo dit : « Mr.

Trask vientdelaNouvelle-Angleterre.

Ilal’intention des’établir ici,mais ilest déjà venu dansl’Ouest.

Ilétait soldat.

Ilacombattu lesIndiens. – Vraiment ? Alorsc’estàvous deparler etàmoi d’écouter. – Je neveux pasenparler. – Et pourquoi cela ?Seigneur ! Sij’avais combattu lesIndiens, mafamille etmes voisins seraient bienàplaindre. – Je nevoulais paslescombattre, monsieur. » Le monsieur étaitvenu àsa bouche sansqu’ils’enrendît compte. « Oui, jecomprends cela.Cedoit êtredurdetuer unhomme quel’on neconnaît paset pour lequel onn’a pas dehaine. – Au contraire, c’estplusfacile, ditLouis. – C’est unefaçon devoir, Louis.

Maiscertains hommes éprouvent del’amitié pourtout le reste dumonde etcertains autressehaïssent eux-mêmes etétalent leurhaine autour d’eux comme dubeurre surdupain chaud. – J’aimerais mieuxquenous parlions delaVallée », ditAdam avecunesorte degêne. Car une nausée leprenait enévoquant lescadavres amoncelés. « Quelle heureest-il ? » Louis sortitetregarda lesoleil. « Il n’est pasencore dixheures. – Lorsque jecommence àparler, jene me contrôle plus.MonfilsWill ditque jeparle aux arbres quand jen’ai pasd’auditoire humain. » Il soupira ets’assit surune caisse. « J’ai ditque c’était uneétrange vallée,maispeut-être est-ceparcequejesuis nédans un pays verdoyant.

Vousparaît-elle étrange,Louis ? – Non, carjene connais qu’elle. – Je l’aibeaucoup sondée,ditSamuel.

Quelque choseavécu dessous etcontinue peut- être d’yvivre.

Souslaterre, ilya le lit d’un océan etplus profond encoreilya un autre monde.

Maiscelan’intéresse paslefermier.

Au-dessus, lesol est bon, particulièrement sur lesplats. Dans lavallée supérieure, laterre arable estlégère etsablonneuse, maiselleest mélangée àl’humus quicouvrait lescollines etque lespluies ontentraîné verslebas. Plus onvavers leNord, pluslaVallée s’élargit etlesol yest plus noir, pluslourd etpeut- être plus riche.

Jecrois qu’ilya eu des marais jadisetque lesplantes, enpourrissant, au cours dessiècles, ontnoirci lesol etl’ont fertilisé.

Lorsquel’onretourne laterre, onvoit qu’elle estmélangée d’argilegrasse.Surtout auxalentours deGonzalès, aunord de l’embouchure delarivière.

Surlescôtés, autour deSalinas, deBlanco, deCastroville et de Moss Landing, lesmarais sontencore là.Etlorsqu’un jourcesmarais seront asséchés, cetteterre seralaplus riche decemonde. – Il parle toujours deceque laterre seraunjour, interrompit Louis. – L’esprit del’homme nepeut secontenter devivre avecsontemps comme lefait son corps.

– Si jem’établis ici,jeveux savoir cequ’est laterre etce qu’elle sera,ditAdam.

Carmes enfants, sij’en ai,vivront surcette terre. » Les yeux deSamuel fixèrent lalumière doréepar-delà sesamis etlaforge sombre. « Il faut quejevous diseque, sous unebonne partiedelaVallée, quelquefois profondément, quelquefoistrèsprès delasurface, ontrouve ceque nous appelons une croûte.

C’estdel’argile denseetgrasse àla fois.

Parendroits, elleaun pied d’épaisseur ; par endroits, plus.Etcette croûte estimperméable àl’eau.

Sielle n’était paslà,les pluies d’hiver imprégneraient laterre et,enété, l’eau pourrait remonter verslesracines.

Mais quand laterre au-dessus delacouche d’argile estbien trempée, l’eauseperd en. »

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