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Andromaque Mais à qui prétend-on que je le sacrifie ?

Publié le 12/04/2014

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Andromaque Mais à qui prétend-on que je le sacrifie ? La Grèce a-t-elle encor quelque droit sur sa vie ? Et seul de tous les Grecs ne m'est-il pas permis D'ordonner d'un captif que le sort m'a soumis ? Oui, Seigneur, lorsqu'au pied des murs fumants de Troie Les vainqueurs tout sanglants partagèrent leur proie, Le sort, dont les arrêts furent alors suivis, Fit tomber en mes mains Andromaque et son fils. Hécube près d'Ulysse acheva sa misère ; Cassandre dans Argos a suivi votre père : Sur eux, sur leurs captifs, ai-je étendu mes droits ? Ai-je enfin disposé du fruit de leurs exploits ? On craint qu'avec Hector Troie un jour ne renaisse ; Son fils peut me ravir le jour que je lui laisse. Seigneur, tant de prudence entraîne trop de soin : Je ne sais point prévoir les malheurs de si loin. Je songe quelle était autrefois cette ville, Si superbe en remparts, en héros si fertile, Maîtresse de l'Asie ; et je regarde enfin Quel fut le sort de Troie et quel est son destin. Je ne vois que des tours que la cendre a couvertes, Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes, Un enfant dans les fers ; et je ne puis songer Que Troie en cet état aspire à se venger. Ah ! Si du fils d'Hector la perte était jurée, Pourquoi d'un an entier l'avons-nous différée ? Dans le sein de Priam n'a-t-on pu l'immoler ? Sous tant de morts, sous Troie il fallait l'accabler. Tout était juste alors : la vieillesse et l'enfance En vain sur leur faiblesse appuyaient leur défense La victoire et la nuit, plus cruelles que nous, Nous excitaient au meurtre et confondaient nos coups. Mon courroux aux vaincus ne fut que trop sévère. Mais que ma cruauté survive à ma colère ? Que, malgré la pitié dont je me sens saisir, Dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir ? Non, Seigneur. Que les Grecs cherchent quelque autre proie ; Qu'ils poursuivent ailleurs ce qui reste de Troie. De mes inimitiés le cours est achevé ; L'Épire sauvera ce que Troie a sauvé. ORESTE. Seigneur, vous savez trop avec quel artifice Un faux Astyanax fut offert au supplice Où le seul fils d'Hector devait être conduit ; Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit. Oui, les Grecs sur le fils persécutent le père ; Il a par trop de sang acheté leur colère. Ce n'est que dans le sien qu'elle peut expirer ; SCENE IIPYRRHUS, ORESTE, PHOENIX. 7 Andromaque Et jusque dans l'Épire il les peut attirer. Prévenez-les. PYRRHUS. Non, non. J'y consens avec joie : Qu'ils cherchent dans l'Épire une seconde Troie ; Qu'ils confondent leur haine et ne distinguent plus Le sang qui les fit vaincre et celui des vaincus. Aussi bien ce n'est pas la première injustice Dont la Grèce d'Achille a payé le service. Hector en profita, Seigneur ; et quelque jour Son fils en pourrait bien profiter à son tour. ORESTE. Ainsi la Grèce en vous trouve un enfant rebelle ? PYRRHUS. Et je n'ai donc vaincu que pour dépendre d'elle ? ORESTE. Hermione, Seigneur, arrêtera vos coups : Ses yeux s'opposeront entre son père et vous. PYRRHUS. Hermione, Seigneur, peut m'être toujours chère ; Je puis l'aimer sans être esclave de son père ; Et je saurai peut-être accorder quelque jour Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour. Vous pouvez cependant voir la fille d'Hélène : Du sang qui vous unit je sais l'étroite chaîne. Après cela, Seigneur, je ne vous retiens plus, Et vous pourrez aux Grecs annoncer mon refus. SCENE IIIPYRRHUS, PHOENIX. SCENE IIIPYRRHUS, PHOENIX. 8
andromaque

« Et jusque dans l'Épire il les peut attirer.

Prévenez-les.

PYRRHUS.

Non, non.

J'y consens avec joie : Qu'ils cherchent dans l'Épire une seconde Troie ; Qu'ils confondent leur haine et ne distinguent plus Le sang qui les fit vaincre et celui des vaincus.

Aussi bien ce n'est pas la première injustice Dont la Grèce d'Achille a payé le service.

Hector en profita, Seigneur ; et quelque jour Son fils en pourrait bien profiter à son tour.

ORESTE.

Ainsi la Grèce en vous trouve un enfant rebelle ? PYRRHUS.

Et je n'ai donc vaincu que pour dépendre d'elle ? ORESTE.

Hermione, Seigneur, arrêtera vos coups : Ses yeux s'opposeront entre son père et vous.

PYRRHUS.

Hermione, Seigneur, peut m'être toujours chère ; Je puis l'aimer sans être esclave de son père ; Et je saurai peut-être accorder quelque jour Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour.

Vous pouvez cependant voir la fille d'Hélène : Du sang qui vous unit je sais l'étroite chaîne.

Après cela, Seigneur, je ne vous retiens plus, Et vous pourrez aux Grecs annoncer mon refus.

SCENE III\24PYRRHUS, PHOENIX.

Andromaque SCENE III\24PYRRHUS, PHOENIX.

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