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Andromaque PYLADE.

Publié le 12/04/2014

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Andromaque PYLADE. Hé bien, il la faut enlever ; J'y consens. Mais songez cependant où vous êtes. Que croira-t-on de vous, à voir ce que vous faites ? Dissimulez : calmez ce transport inquiet, Commandez à vos yeux de garder le secret. Ces gardes, cette cour, l'air qui vous environne, Tout dépend de Pyrrhus, et surtout Hermione. A ses regards surtout cachez votre courroux. O Dieux ! En cet état pourquoi la cherchiez-vous ? ORESTE. Que sais-je ? De moi-même étais-je alors le maître ? La fureur m'emportait, et je venais peut-être Menacer à la fois l'ingrate et son amant. PYLADE. Et quel était le fruit de cet emportement ? ORESTE. Et quelle âme, dis-moi, ne serait éperdue Du coup dont ma raison vient d'être confondue ? Il épouse, dit-il, Hermione demain ; Il veut, pour m'honorer, la tenir de ma main. Ah ! Plutôt cette main dans le sang du barbare... PYLADE. Vous l'accusez, Seigneur, de ce destin bizarre. Cependant, tourmenté de ses propres desseins, Il est peut-être à plaindre autant que je vous plains. ORESTE. Non, non, je le connais, mon désespoir le flatte Sans moi, sans mon amour, il dédaignait l'ingrate ; Ses charmes jusque-là n'avaient pu le toucher : Le cruel ne la prend que pour me l'arracher. Ah ! Dieux ! C'en était fait : Hermione gagnée Pour jamais de sa vue allait être éloignée. Son coeur, entre l'amour et le dépit confus, Pour se donner à moi n'attendait qu'un refus ; ACTE III 27 Andromaque Ses yeux s'ouvraient, Pylade ; elle écoutait Oreste, Lui parlait, le plaignait. Un mot eût fait le reste. PYLADE. Vous le croyez. ORESTE. Hé quoi ! Ce courroux enflammé Contre un ingrat... PYLADE. Jamais il ne fut plus aimé. Pensez-vous, quand Pyrrhus vous l'aurait accordée, Qu'un prétexte tout prêt ne l'eût pas retardée ? M'en croirez-vous ? Lassé de ses trompeurs attraits, Au lieu de l'enlever, fuyez-la pour jamais. Quoi ! Votre amour se veut charger d'une furie Qui vous détestera, qui, toute votre vie, Regrettant un hymen tout prêt à s'achever, Voudra... ORESTE. C'est pour cela que je veux l'enlever. Tout lui rirait, Pylade ; et moi, pour mon partage, Je n'emporterais donc qu'une inutile rage ? J'irais loin d'elle encor tâcher de l'oublier ? Non, non, à mes tourments je veux l'associer. C'est trop gémir tout seul. Je suis las qu'on me plaigne Je prétends qu'à mon tour l'inhumaine me craigne, Et que ses yeux cruels, à pleurer condamnés, Me rendent tous les noms que je leur ai donnés. PYLADE. Voilà donc le succès qu'aura votre ambassade : Oreste ravisseur ! ORESTE. Et qu'importe, Pylade ? Quand nos États vengés jouiront de mes soins, ACTE III 28
andromaque

« Ses yeux s'ouvraient, Pylade ; elle écoutait Oreste, Lui parlait, le plaignait.

Un mot eût fait le reste.

PYLADE.

Vous le croyez.

ORESTE.

Hé quoi ! Ce courroux enflammé Contre un ingrat...

PYLADE.

Jamais il ne fut plus aimé.

Pensez-vous, quand Pyrrhus vous l'aurait accordée, Qu'un prétexte tout prêt ne l'eût pas retardée ? M'en croirez-vous ? Lassé de ses trompeurs attraits, Au lieu de l'enlever, fuyez-la pour jamais.

Quoi ! Votre amour se veut charger d'une furie Qui vous détestera, qui, toute votre vie, Regrettant un hymen tout prêt à s'achever, Voudra...

ORESTE.

C'est pour cela que je veux l'enlever.

Tout lui rirait, Pylade ; et moi, pour mon partage, Je n'emporterais donc qu'une inutile rage ? J'irais loin d'elle encor tâcher de l'oublier ? Non, non, à mes tourments je veux l'associer.

C'est trop gémir tout seul.

Je suis las qu'on me plaigne Je prétends qu'à mon tour l'inhumaine me craigne, Et que ses yeux cruels, à pleurer condamnés, Me rendent tous les noms que je leur ai donnés.

PYLADE.

Voilà donc le succès qu'aura votre ambassade : Oreste ravisseur ! ORESTE.

Et qu'importe, Pylade ? Quand nos États vengés jouiront de mes soins, Andromaque ACTE III 28. »

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