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Andromaque SCENE VIIPYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE.

Publié le 12/04/2014

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Andromaque SCENE VIIPYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE. PYRRHUS (continue.) Madame, demeurez. On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez. Oui, je sens à regret qu'en excitant vos larmes Je ne fais contre moi que vous donner des armes. Je croyais apporter plus de haine en ces lieux. Mais, Madame, du moins tournez vers moi les yeux Voyez si mes regards sont d'un juge sévère, S'ils sont d'un ennemi qui cherche à vous déplaire. Pourquoi me forcez-vous vous-même à vous trahir ? Au nom de votre fils, cessons de nous haïr. A le sauver enfin c'est moi qui vous convie. Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie ? Faut-il qu'en sa faveur j'embrasse vos genoux ? Pour la dernière fois, sauvez-le, sauvez-nous. Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes, Combien je vais sur moi faire éclater de haines. Je renvoie Hermione, et je mets sur son front, Au lieu de ma couronne, un éternel affront. Je vous conduis au temple où son hymen s'apprête Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête. Mais ce n'est plus, Madame, une offre à dédaigner : Je vous le dis, il faut ou périr ou régner. Mon coeur, désespéré d'un an d'ingratitude. Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude. C'est craindre, menacer, et gémir trop longtemps. Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j'attends Songez-y : je vous laisse, et je viendrai vous prendre Pour vous mener au temple où ce fils doit m'attendre ; Et là vous me verrez, soumis ou furieux, Vous couronner, Madame, ou le perdre à vos yeux. SCENE VIIIANDROMAQUE, CÉPHISE. SCENE VIIPYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE. 37 Andromaque CÉPHISE. Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce, De votre sort encor vous seriez la maîtresse. ANDROMAQUE. Hélas ! De quel effet tes discours sont suivis ! Il ne me restait plus qu'à condamner mon fils. CÉPHISE. Madame, à votre époux c'est être assez fidèle : Trop de vertu pourrait vous rendre criminelle. Lui-même il porterait votre âme à la douceur. ANDROMAQUE. Quoi ! Je lui donnerais Pyrrhus pour successeur ? CÉPHISE. Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent. Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent ? Qu'il méprisât, Madame, un roi victorieux Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux, Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère, Qui ne se souvient plus qu'Achille était son père, Qui dément ses exploits et les rends superflus ? ANDROMAQUE. Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ? Dois-je oublier Hector privé de funérailles, Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé ? Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle. Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert échauffant le carnage. Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants, Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants. SCENE VIIPYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE. 38
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« CÉPHISE.

Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce, De votre sort encor vous seriez la maîtresse.

ANDROMAQUE.

Hélas ! De quel effet tes discours sont suivis ! Il ne me restait plus qu'à condamner mon fils.

CÉPHISE.

Madame, à votre époux c'est être assez fidèle : Trop de vertu pourrait vous rendre criminelle.

Lui-même il porterait votre âme à la douceur.

ANDROMAQUE.

Quoi ! Je lui donnerais Pyrrhus pour successeur ? CÉPHISE.

Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent.

Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent ? Qu'il méprisât, Madame, un roi victorieux Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux, Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère, Qui ne se souvient plus qu'Achille était son père, Qui dément ses exploits et les rends superflus ? ANDROMAQUE.

Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ? Dois-je oublier Hector privé de funérailles, Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé ? Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.

Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert échauffant le carnage.

Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants, Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.

Andromaque SCENE VII\24PYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE.

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