Devoir de Philosophie

Anie être employé et resté là.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

Anie être employé et resté là. Le même abandon se retrouvait à l'intérieur et le haut vestibule aux voûtes sonores était plein des copeaux et des papillotes des menuisiers, mêlés aux baquets, aux bidons et aux échelles des peintres. Il fallut un certain temps avant qu'une servante répondît au coup de sonnette de Sixte: elle dit comme le jardinier que M. le baron n'était pas au château. --Et M. Toulourenc? --Ah! voilà. M. Toulourenc est en train de fricasser une fressure d'agneau; et quand il fait la cuisine, il ne peut pas se déranger. --Eh bien, dit le capitaine, je vais l'aller trouver dans sa cuisine. --Si monsieur veut. Devant un fourneau au charbon de bois qui jetait de pétillantes étincelles dans la vaste cuisine, Toulourenc, ses larges reins d'hercule ceints d'un tablier de toile blanche, présidait gravement à la cuisson de sa fressure, une cuiller de bois à la main; quand, en se retournant, il reconnut le capitaine, il porta machinalement cette cuiller à son front en faisant le salut militaire. --Oh! mon capitaine, excusez-moi. --De quoi donc? --De vous recevoir ici; mais voilà la chose: j'aime la fressure et on ne sait pas l'accommoder ici, on la fait revenir au beurre quand c'est de l'huile qu'il faut; alors, comme je suis seul, je m'en préparais une à la mode de mon pays. --Vous êtes donc seul au château? --Oui, mon capitaine; M. le baron est en voyage. --Depuis quand? --Depuis vendredi. --Pour longtemps? --Je n'en sais rien; et, comme mon capitaine est l'ami de. M. le baron, je peux bien lui dire que j'en suis tourmenté. --Comment cela? Avant de répondre, Toulourenc versa une demi-bouteille de vin blanc dans sa casserole. --Faut que ça réduise sur feu vif, dit-il; pendant que ça cuira je vous raconterai la chose. Voulez-vous entrer dans le petit salon? --Nous sommes très bien ici. XIII 119 Anie --Donc, vendredi, pendant que je travaillais avec M. le baron, on lui apporte une lettre; il la lit, son visage se décolore et ses mains tremblent. Il n'y avait pas besoin d'être fin pour deviner que c'était une mauvaise nouvelle. Sans rien dire je file pour ne pas le gêner. Deux heures après, qu'est-ce que j'apprends? Ce qui va vous renverser aussi, je parie: qu'il a donné ordre à tous les entrepreneurs d'interrompre les travaux partout le soir même, et de laisser les choses dans l'état où elles sont, sans s'inquiéter du reste. Qu'est-ce que cela veut dire? Vous pensez bien que je n'ai pas l'idée de le questionner. D'ailleurs, il ne m'en laisse pas le temps, il me fait appeler et m'annonce qu'il part en voyage; je lui demande comme toujours où il faut lui envoyer ses lettres; il me répond qu'il n'y a qu'à les garder. Cinq minutes après, il monte sur sa bicyclette et le voilà parti avec une figure plus tourmentée encore que celle que je lui avais vue quand il avait reçu la lettre. Où est-il? Depuis vendredi nous sommes sans nouvelles. Si vous pouvez me dire ce que ça signifie et ce que j'ai à faire, je vous en serai reconnaissant: partout on me poursuit tant et tant que je n'ose plus sortir. Ce que cela signifiait, Sixte le devinait: en recevant la lettre qui lui annonçait le refus d'Anie, le baron avait interrompu les travaux qu'il ne faisait exécuter que pour recevoir sa femme, et il était parti furieux ou désespéré, en tout cas dans un état violent; mais c'étaient là des explications qu'il n'y avait pas nécessité de donner à Toulourenc qui, d'ailleurs, faisait tout ce qu'il fallait pour se consoler. Assurément Sixte eût préféré avoir une explication avec le baron, mais puisqu'en partant celui-ci paraissait renoncer à toute espérance, il fallait bien accepter la situation telle que ce départ la faisait: ce n'était pas la main d'une fille déjà engagée qu'il demandait, c'était celle d'une fille libre; il expliquerait cela à d'Arjuzanx dans une lettre, franchement, loyalement. Et, au lieu de revenir à Bayonne, il prit le train pour Puyoo d'où une voiture l'amena chez Rébénacq, qui, immédiatement, tout fier du succès de sa négociation, alla avec lui au château. XIV Quand Barincq revint de reconduire Sixte et le notaire, il trouva sa femme qui l'attendait, anxieuse: --Que voulaient Rébénacq et le capitaine? demanda-t-elle avec une vivacité fébrile. Bien qu'il s'attendit à être interrogé et se fût préparé, il ne répondit pas tout de suite. --C'est pour un nouveau testament? dit-elle. --Oh! pas du tout. --Eh bien alors? --Tu vas être surprise... et, je le pense, satisfaite aussi. --Surprise, je le suis, satisfaite, de quoi? A ce moment Anie vint les rejoindre, pressentant que son père devait avoir besoin d'elle. --Voilà justement Anie, dit-il en respirant, et je suis aise qu'elle arrive, car ce que j'ai à vous apprendre la touche autant que nous, et même plus que nous encore... si vive que soit notre tendresse pour elle. Voyant son père entasser les paroles sans oser se décider, elle se décida à brusquer la situation: XIV 120

« —Donc, vendredi, pendant que je travaillais avec M.

le baron, on lui apporte une lettre; il la lit, son visage se décolore et ses mains tremblent.

Il n'y avait pas besoin d'être fin pour deviner que c'était une mauvaise nouvelle.

Sans rien dire je file pour ne pas le gêner.

Deux heures après, qu'est-ce que j'apprends? Ce qui va vous renverser aussi, je parie: qu'il a donné ordre à tous les entrepreneurs d'interrompre les travaux partout le soir même, et de laisser les choses dans l'état où elles sont, sans s'inquiéter du reste.

Qu'est-ce que cela veut dire? Vous pensez bien que je n'ai pas l'idée de le questionner.

D'ailleurs, il ne m'en laisse pas le temps, il me fait appeler et m'annonce qu'il part en voyage; je lui demande comme toujours où il faut lui envoyer ses lettres; il me répond qu'il n'y a qu'à les garder.

Cinq minutes après, il monte sur sa bicyclette et le voilà parti avec une figure plus tourmentée encore que celle que je lui avais vue quand il avait reçu la lettre.

Où est-il? Depuis vendredi nous sommes sans nouvelles.

Si vous pouvez me dire ce que ça signifie et ce que j'ai à faire, je vous en serai reconnaissant: partout on me poursuit tant et tant que je n'ose plus sortir. Ce que cela signifiait, Sixte le devinait: en recevant la lettre qui lui annonçait le refus d'Anie, le baron avait interrompu les travaux qu'il ne faisait exécuter que pour recevoir sa femme, et il était parti furieux ou désespéré, en tout cas dans un état violent; mais c'étaient là des explications qu'il n'y avait pas nécessité de donner à Toulourenc qui, d'ailleurs, faisait tout ce qu'il fallait pour se consoler. Assurément Sixte eût préféré avoir une explication avec le baron, mais puisqu'en partant celui-ci paraissait renoncer à toute espérance, il fallait bien accepter la situation telle que ce départ la faisait: ce n'était pas la main d'une fille déjà engagée qu'il demandait, c'était celle d'une fille libre; il expliquerait cela à d'Arjuzanx dans une lettre, franchement, loyalement. Et, au lieu de revenir à Bayonne, il prit le train pour Puyoo d'où une voiture l'amena chez Rébénacq, qui, immédiatement, tout fier du succès de sa négociation, alla avec lui au château. XIV Quand Barincq revint de reconduire Sixte et le notaire, il trouva sa femme qui l'attendait, anxieuse: —Que voulaient Rébénacq et le capitaine? demanda-t-elle avec une vivacité fébrile. Bien qu'il s'attendit à être interrogé et se fût préparé, il ne répondit pas tout de suite. —C'est pour un nouveau testament? dit-elle. —Oh! pas du tout. —Eh bien alors? —Tu vas être surprise...

et, je le pense, satisfaite aussi. —Surprise, je le suis, satisfaite, de quoi? A ce moment Anie vint les rejoindre, pressentant que son père devait avoir besoin d'elle. —Voilà justement Anie, dit-il en respirant, et je suis aise qu'elle arrive, car ce que j'ai à vous apprendre la touche autant que nous, et même plus que nous encore...

si vive que soit notre tendresse pour elle. Voyant son père entasser les paroles sans oser se décider, elle se décida à brusquer la situation: Anie XIV 120. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles