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avec elle ; nous verrons, mais, sur mon honneur, vous êtes trop indulgent.

Publié le 04/11/2013

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avec elle ; nous verrons, mais, sur mon honneur, vous êtes trop indulgent. - Sire, dit le cardinal, laissez la sévérité aux ministres, l'indulgence est la vertu royale ; usez-en, et vous verrez que vous vous en trouverez bien. « Sur quoi le cardinal, entendant la pendule sonner onze heures, s'inclina profondément, demandant congé au roi pour se retirer, et le suppliant de se raccommoder avec la reine. Anne d'Autriche, qui, à la suite de la saisie de sa lettre, s'attendait à quelque reproche, fut fort étonnée de voir le lendemain le roi faire près d'elle des tentatives de rapprochement. Son premier mouvement fut répulsif, son orgueil de femme et sa dignité de reine avaient été tous deux si cruellement offensés, qu'elle ne pouvait revenir ainsi du premier coup ; mais, vaincue par le conseil de ses femmes, elle eut enfin l'air de commencer à oublier. Le roi profita de ce premier moment de retour pour lui dire qu'incessamment il comptait donner une fête. C'était une chose si rare qu'une fête pour la pauvre Anne d'Autriche, qu'à cette annonce, ainsi que l'avait pensé le cardinal, la dernière trace de ses ressentiments disparut sinon dans son coeur, du moins sur son visage. Elle demanda quel jour cette fête devait avoir lieu, mais le roi répondit qu'il fallait qu'il s'entendît sur ce point avec le cardinal. En effet, chaque jour le roi demandait au cardinal à quelle époque cette fête aurait lieu, et chaque jour le cardinal, sous un prétexte quelconque, différait de la fixer. Dix jours s'écoulèrent ainsi. Le huitième jour après la scène que nous avons racontée, le cardinal reçut une lettre, au timbre de Londres, qui contenait seulement ces quelques lignes : « Je les ai ; mais je ne puis quitter Londres, attendu que je manque d'argent ; envoyez-moi cinq cents pistoles, et quatre ou cinq jours après les avoir reçues, je serai à Paris. « Le jour même où le cardinal avait reçu cette lettre, le roi lui adressa sa question habituelle. Richelieu compta sur ses doigts et se dit tout bas : « Elle arrivera, dit-elle, quatre ou cinq jours après avoir reçu l'argent ; il faut quatre ou cinq jours à l'argent our aller, quatre ou cinq jours à elle pour revenir, cela fait dix jours ; maintenant faisons la part des vents contraires, des mauvais hasards, des faiblesses de femme, et mettons cela à douze jours. - Eh bien, monsieur le duc, dit le roi, vous avez calculé ? - Oui, Sire : nous sommes aujourd'hui le 20 septembre ; les échevins de la ville donnent une fête le 3 octobre. ela s'arrangera à merveille, car vous n'aurez pas l'air de faire un retour vers la reine. « Puis le cardinal ajouta : « À propos, Sire, n'oubliez pas de dire à Sa Majesté, la veille de cette fête, que vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants. « CHAPITRE XVII LE MÉNAGE BONACIEUX C'était la seconde fois que le cardinal revenait sur ce point des ferrets de diamants avec le roi. Louis XIII fut donc frappé de cette insistance, et pensa que cette recommandation cachait un mystère. Plus d'une fois le roi avait été humilié que le cardinal, dont la police, sans avoir atteint encore la perfection de la police moderne, était excellente, fût mieux instruit que lui-même de ce qui se passait dans son propre ménage. Il espéra donc, dans une conversation avec Anne d'Autriche, tirer quelque lumière de cette conversation et revenir ensuite près de Son Éminence avec quelque secret que le cardinal sût ou ne sût pas, ce qui, dans l'un ou l'autre cas, le rehaussait infiniment aux yeux de son ministre. Il alla donc trouver la reine, et, selon son habitude, l'aborda avec de nouvelles menaces contre ceux qui l'entouraient. Anne d'Autriche baissa la tête, laissa s'écouler le torrent sans répondre et espérant qu'il finirait par s'arrêter ; mais ce n'était pas cela que voulait Louis XIII ; Louis XIII voulait une discussion de laquelle jaillît une lumière quelconque, convaincu qu'il était que le cardinal avait quelque arrière-pensée et lui machinait une surprise terrible comme en savait faire Son Éminence. Il arriva à ce but par sa persistance à accuser. « Mais, s'écria Anne d'Autriche, lassée de ces vagues attaques ; mais, Sire, vous ne me dites pas tout ce que vous avez dans le coeur. Qu'ai-je donc fait ? Voyons, quel crime aide donc commis ? Il est impossible que Votre Majesté fasse tout ce bruit pour une lettre écrite à mon frère. « Le roi, attaqué à son tour d'une manière si directe, ne sut que répondre ; il pensa que c'était là le moment de placer la recommandation qu'il ne devait faire que la veille de la fête. « Madame, dit-il avec majesté, il y aura incessamment bal à l'hôtel de ville ; j'entends que, pour faire honneur à nos braves échevins, vous y paraissiez en habit de cérémonie, et surtout parée des ferrets de diamants que je vous ai donnés pour votre fête. Voici ma réponse. « La réponse était terrible. Anne d'Autriche crut que Louis XIII savait tout, et que le cardinal avait obtenu de lui cette longue dissimulation de sept ou huit jours, qui était au reste dans son caractère. Elle devint excessivement pâle, appuya sur une console sa main d'une admirable beauté, et qui semblait alors une main de cire, et regardant le roi avec des yeux épouvantés, elle ne répondit pas une seule syllabe. « Vous entendez, madame, dit le roi, qui jouissait de cet embarras dans toute son étendue, mais sans en deviner la cause, vous entendez ? - Oui, Sire, j'entends, balbutia la reine. - Vous paraîtrez à ce bal ? - Oui. - Avec vos ferrets ? - Oui. « La pâleur de la reine augmenta encore, s'il était possible ; le roi s'en aperçut, et en jouit avec cette froide cruauté qui était un des mauvais côtés de son caractère. « Alors, c'est convenu, dit le roi, et voilà tout ce que j'avais à vous dire. - Mais quel jour ce bal aura-t-il lieu ? « demanda Anne d'Autriche. Louis XIII sentit instinctivement qu'il ne devait pas répondre à cette question, la reine l'ayant faite d'une voix presque mourante. « Mais très incessamment, madame, dit-il ; mais je ne me rappelle plus précisément la date du jour, je la demanderai au cardinal. - C'est donc le cardinal qui vous a annoncé cette fête ? s'écria la reine. - Oui, madame, répondit le roi étonné ; mais pourquoi cela ? - C'est lui, qui vous a dit de m'inviter à y paraître avec ces ferrets ? - C'est-à-dire, madame... - C'est lui, Sire, c'est lui ! - Eh bien qu'importe que ce soit lui ou moi ? y a-t-il un crime à cette invitation ? - Non, Sire.

« CHAPITRE XVII LE MÉNAGE BONACIEUXC’était laseconde foisque lecardinal revenaitsurcepoint desferrets dediamants avecleroi.

Louis XIII fut donc frappé decette insistance, etpensa quecette recommandation cachaitunmystère. Plus d’une foisleroi avait étéhumilié quelecardinal, dontlapolice, sansavoir atteint encore laperfection de la police moderne, étaitexcellente, fûtmieux instruit quelui-même decequi sepassait danssonpropre ménage. Il espéra donc,dansuneconversation avecAnne d’Autriche, tirerquelque lumièredecette conversation et revenir ensuite prèsdeSon Éminence avecquelque secretquelecardinal sûtounesût pas, cequi, dans l’unou l’autre cas,lerehaussait infiniment auxyeux deson ministre. Il alla donc trouver lareine, et,selon sonhabitude, l’abordaavecdenouvelles menacescontreceuxqui l’entouraient.

Anned’Autriche baissalatête, laissa s’écouler letorrent sansrépondre etespérant qu’ilfinirait par s’arrêter ; maiscen’était pascela quevoulait Louis XIII ; Louis XIIIvoulaitunediscussion delaquelle jaillîtune lumière quelconque, convaincuqu’ilétait quelecardinal avaitquelque arrière-pensée etlui machinait une surprise terriblecommeensavait faireSonÉminence.

Ilarriva àce but par sapersistance àaccuser. « Mais, s’écriaAnned’Autriche, lasséedeces vagues attaques ; mais,Sire,vous neme dites pastout ceque vous avezdans lecœur.

Qu’ai-je doncfait ? Voyons, quelcrime aidedonc commis ? Ilest impossible que Votre Majesté fassetoutcebruit pourunelettre écrite àmon frère. » Le roi, attaqué àson tour d’une manière sidirecte, nesut que répondre ; ilpensa quec’était làlemoment de placer larecommandation qu’ilnedevait fairequelaveille delafête. « Madame, dit-ilavecmajesté, ilyaura incessamment balàl’hôtel deville ; j’entends que,pour fairehonneur à nos braves échevins, vousyparaissiez enhabit decérémonie, etsurtout paréedesferrets dediamants queje vous aidonnés pourvotre fête.Voici maréponse. » La réponse étaitterrible.

Anned’Autriche crutqueLouis XIII savaittout,etque lecardinal avaitobtenu de lui cette longue dissimulation desept ouhuit jours, quiétait aureste danssoncaractère.

Elledevint excessivement pâle,appuya surune console samain d’une admirable beauté,etqui semblait alorsunemain de cire, etregardant leroi avec desyeux épouvantés, ellenerépondit pasune seule syllabe. « Vous entendez, madame,ditleroi, quijouissait decet embarras danstoute sonétendue, maissansen deviner lacause, vousentendez ? – Oui, Sire,j’entends, balbutialareine. – Vous paraîtrez àce bal ? – Oui. – Avec vosferrets ? – Oui. » La pâleur delareine augmenta encore,s’ilétait possible ; leroi s’en aperçut, eten jouit aveccette froide cruauté quiétait undes mauvais côtésdeson caractère. « Alors, c’estconvenu, ditleroi, etvoilà toutceque j’avais àvous dire. – Mais queljourcebal aura-t-il lieu ? »demanda Anned’Autriche. Louis XIII sentitinstinctivement qu’ilnedevait pasrépondre àcette question, lareine l’ayant faited’une voix presque mourante. « Mais trèsincessamment, madame,dit-il ;maisjene me rappelle plusprécisément ladate dujour, jela demanderai aucardinal. – C’est donclecardinal quivous aannoncé cettefête ? s’écria lareine. – Oui, madame, réponditleroi étonné ; maispourquoi cela ? – C’est lui,qui vous adit dem’inviter àyparaître aveccesferrets ? – C’est-à-dire, madame… – C’est lui,Sire, c’estlui ! – Eh bienqu’importe quecesoit luioumoi ? ya-t-il uncrime àcette invitation ? – Non, Sire.. »

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