C. Faraggi, Le maître d'heures.

(L'ingénieur Hugo succède à un collègue mystérieusement disparu, dans une petite ville au cœur des montagnes, pour diriger le chantier d'une nouvelle voie ferrée. Dans la cabane à flanc de montagne où il travaille, considérant les plans de son prédécesseur, il se laisse envahir par le mystère nocturne).    Bientôt, nuages dissipés, se fit cette glacée et inaudible sonnaille d'astres, et il crut voir toute la roue du zodiaque avec ses figures. Il se laissa entraîner à cette impression d'ouverture, d'envahissement, à cette perte de conscience et de langage humains qui faisait que c'était soudain toute la montagne, toutes les eaux et les ombres qui parlaient en lui. Mais cela ne dura pas. Après quelques instants de ce bougonnement de choses et d'espaces, comme s'il n'avait été qu'une cavité où l'air aurait sifflé, tout se tut et il ne retrouva qui cerclait les terres que la nuit étrangère dans sa grande pesanteur d'oxygène éteint. Puis il regarda encore le village dont les clartés faibles comme des mèches trempées dans les huiles du monde trouaient minusculement la grande épaisseur de l'air. Il imagina les corps, les voix dans la taverne, la brutalité des désirs, tous ces événements qui font d'une soirée humaine chose banale, répétitive, et pourtant secrète. Et il se demanda pourquoi il continuait de demeurer là, près de ces calligraphies illisibles, comme s'il ne devait pas trouver place en bas des pentes dans les salles violentes de couleurs et de dessins ; pourquoi avoir froid dans ces chaos de planches, de signes et d'outils lui paraissait constituer une épreuve à laquelle il ne pouvait pas échapper. Mais il continua d'attendre, incapable pour l'instant d'éteindre la lampe et de dévaler les pentes vers toute cette imbrication de planches, ces chantournements de pignons, ce livre d'images peintes de façade en façade.    C. Faraggi, Le maître d'heures.    Vous ferez de ce texte un commentaire composé, organisé à votre guise. Vous pourriez notamment montrer comment les mouvements du texte s'organisent en accord avec les mouvements de l'imagination.