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                  Chapitre 2Maire   5.

Publié le 15/12/2013

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                  Chapitre 2Maire   5. Branno avait attendu depuis une heure, ressassant ses pensées. D'un point de vue technique, elle était oupable d'effraction et de violation de domicile. Qui plus est, elle avait violé, fort inconstitutionnellement, les roits d'un conseiller. Au terme strict des lois qui régissaient la fonction de Maire - depuis l'époque d'Indbur III t du Mulet, près de deux siècles plus tôt - elle risquait la destitution. Mais en ce jour précis, pourtant, et pour un laps de temps de vingt-quatre heures, elle ne pouvait rien faire de al. Mais cela passerait. Elle ne pouvait s'empêcher de frémir. Les deux premiers siècles avaient été l'âge d'or de la Fondation, l'époque héroïque - rétrospectivement, du oins, sinon pour les infortunés qui avaient dû vivre en ces temps peu sûrs. Salvor Hardin et Hober Mallow en vaient été les deux grands héros, quasiment déifiés au point de rivaliser avec l'incomparable Hari Seldon luiême. Ces trois personnages formaient le trépied sur lequel reposait toute la légende (et même toute l'histoire) e la Fondation. En ce temps-là, pourtant, la Fondation n'était encore qu'un monde bien chétif, dont l'emprise sur les Quatre oyaumes était bien ténue, qui n'avait qu'une bien vague conscience de l'étendue de la protection que lui ssurait le Plan Seldon, et qui allait jusqu'à contrer ce qui subsistait du naguère puissant Empire Galactique. Et plus s'était accru le pouvoir politique et commercial de la Fondation, plus ses dirigeants et ses guerriers emblaient être devenus insignifiants. Lathan Devers : on l'avait presque oublié. Si l'on s'en souvenait, c'était lus à cause de sa fin tragique dans les camps que pour sa vaine (quoique victorieuse) lutte contre Bel Riose. Quant à Bel Riose, le plus noble des adversaires de la Fondation, lui aussi, on l'avait presque oublié, éclipsé u'il était par le Mulet qui seul parmi tous ses ennemis avait pu briser le Plan Seldon et défaire la Fondation vant de la diriger. C'était lui, et lui seul, le Grand Ennemi - enfin, le dernier des grands. On ne se souvenait guère que le Mulet avait été, en vérité, défait par un seul individu, une femme du nom de ayta Darell, et qu'elle était parvenue à la victoire sans l'aide de quiconque, sans même le soutien du Plan Seldon. Tout comme on avait presque oublié que son fils Toran et sa petite-fille, Arkady Darell, avaient à leur our vaincu la Seconde Fondation, laissant le champ libre à la Fondation, la Première Fondation. Ces vainqueurs d'aujourd'hui n'étaient désormais plus des personnages héroïques. De nos jours, on ne pouvait que se permettre des héros réduits à la taille de simples mortels. Et puis, reconnaissons que la iographie qu'avait donnée Arkady de sa grand-mère l'avait fait descendre du rôle d'héroïne à celui de simple igure romanesque. Et depuis lors, il n'y avait plus eu de héros - ni même de figure romanesque, d'ailleurs. La guerre kalganienne vait été le dernier épisode violent à impliquer la Fondation, et ce n'avait jamais été qu'un conflit mineur. Virtuellement plus de deux siècles de paix ! Cent vingt ans sans même un vaisseau éraflé. Cela avait été une bonne paix - Branno ne le déniait pas -, une paix profitable. La Fondation n'avait pas instauré un second Empire Galactique - on n'en était qu'à mi-parcours, selon le Plan Seldon - mais, sous la forme d'une Fédération, elle tenait sous son emprise économique plus d'un tiers des entités politiques éparses de la Galaxie, et influençait ce qu'elle ne contrôlait pas. Rares étaient les endroits où mentionner : « Je suis de la Fondation » ne suscitait pas le respect. Parmi les millions de mondes habités, nulle fonction n'était tenue en plus haute estime que celle de Maire de Terminus. Car le titre était resté. C'était celui du premier magistrat d'une malheureuse bourgade quasiment oubliée, perdue sur quelque planète aux confins extrêmes de la civilisation, quelque cinq siècles plus tôt, mais nul n'aurait songé à le changer, ne serait-ce qu'en le rendant un rien plus ronflant. Tel qu'il était, seul le titre presque oublié de Majesté Impériale pouvait encore inspirer un respect comparable. Hormis sur Terminus même, où les pouvoirs du Maire étaient soigneusement limités. Le souvenir des Indbur demeurait vivace. Ce que les gens ne risquaient pas d'oublier, c'était moins leur tyrannie que le fait qu'ils avaient perdu face au Mulet. Et venait son tour à présent, Harlan Branno, Maire le plus puissant depuis la disparition du Mulet (elle en était consciente) et la cinquième femme seulement à accéder à ce poste. Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle avait pu faire ouvertement usage de son pouvoir. Elle s'était battue pour faire valoir son interprétation de ce qui était juste et de ce qui devait être - contre l'opposition farouche de tous ceux qui avaient hâte de retrouver le prestige des Secteurs centraux de la Galaxie et l'aura du pouvoir impérial - et elle avait gagné : Pas encore, leur avait-elle dit. Pas encore ! Si vous vous précipitez trop pour regagner les Secteurs centraux, vous vous retrouverez perdants, pour telle et telle raison. Et Seldon était apparu et l'avait appuyée en tenant un langage presque analogue au sien. Cela l'avait rendue, pour un temps, aussi sage que Seldon lui-même aux yeux de la Fondation. Elle savait pertinemment toutefois que d'une heure à l'autre on pourrait l'oublier. Et voilà que ce jeune homme se permettait de la défier précisément ce jour-là ! Et il se permettait d'avoir raison ! C'était bien là le danger de la chose. Il avait raison ! Et, ayant raison, il était capable de détruire la Fondation ! Et voilà qu'ils se retrouvaient face à face, seuls. Elle lui dit tristement : « Vous n'auriez pas pu chercher à me voir en privé ? Aviez-vous besoin de le clamer en pleine Chambre, dans votre désir stupide de me ridiculiser ? Est-ce que vous vous rendez compte de votre idiotie, mon pauvre garçon ? »

«   5. Branno avaitattendu depuisuneheure, ressassant sespensées.

D’unpoint devue technique, elleétait coupable d’effraction etde violation dedomicile.

Quiplus est,elle avait violé, fortinconstitutionnellement, les droits d’unconseiller.

Auterme strictdeslois quirégissaient lafonction deMaire – depuis l’époqued’Indbur III et du Mulet, prèsdedeux siècles plustôt – elle risquaitladestitution. Mais encejour précis, pourtant, etpour unlaps detemps devingt-quatre heures,ellenepouvait rienfaire de mal.

Mais celapasserait.

Ellenepouvait s’empêcher defrémir. Les deux premiers sièclesavaient étél’âge d’ordelaFondation, l’époquehéroïque – rétrospectivement, du moins, sinonpourlesinfortunés quiavaient dûvivre ences temps peusûrs.

Salvor Hardin etHober Mallow en avaient étélesdeux grands héros,quasiment déifiésaupoint derivaliser avecl’incomparable HariSeldon lui- même.

Cestrois personnages formaientletrépied surlequel reposait toutelalégende (etmême toutel’histoire) de laFondation. En cetemps-là, pourtant, laFondation n’étaitencore qu’unmonde bienchétif, dontl’emprise surlesQuatre Royaumes étaitbienténue, quin’avait qu’une bienvague conscience del’étendue delaprotection quelui assurait lePlan Seldon, etqui allait jusqu’à contrer cequi subsistait dunaguère puissant EmpireGalactique. Et plus s’était accrulepouvoir politique etcommercial delaFondation, plussesdirigeants etses guerriers semblaient êtredevenus insignifiants.

LathanDevers : onl’avait presque oublié.Sil’on s’en souvenait, c’était plus àcause desafin tragique danslescamps quepour savaine (quoique victorieuse) luttecontre BelRiose. Quant àBel Riose, leplus noble desadversaires delaFondation, luiaussi, onl’avait presque oublié,éclipsé qu’il était parleMulet quiseul parmi toussesennemis avaitpubriser lePlan Seldon etdéfaire laFondation avant deladiriger.

C’étaitlui,etlui seul, leGrand Ennemi – enfin, ledernier desgrands. On nesesouvenait guèrequeleMulet avaitété,envérité, défaitparunseul individu, unefemme dunom de Bayta Darell, etqu’elle étaitparvenue àla victoire sansl’aide dequiconque, sans même lesoutien duPlan Seldon . Tout comme onavait presque oubliéquesonfilsToran etsa petite-fille, ArkadyDarell,avaient àleur tour vaincu laSeconde Fondation, laissantlechamp libreàla Fondation, la Première Fondation. Ces vainqueurs d’aujourd’hui n’étaientdésormais plusdespersonnages héroïques.Denos jours, onne pouvait quesepermettre deshéros réduits àla taille desimples mortels.

Etpuis, reconnaissons quela biographie qu’avaitdonnéeArkadydesagrand-mère l’avaitfaitdescendre durôle d’héroïne àcelui desimple figure romanesque. Et depuis lors,iln’y avait pluseudehéros – ni mêmedefigure romanesque, d’ailleurs.Laguerre kalganienne avait étéledernier épisode violentàimpliquer laFondation, etce n’avait jamaisétéqu’un conflit mineur. Virtuellement plusdedeux siècles depaix ! Centvingt anssans même unvaisseau éraflé. Cela avait étéune bonne paix – Branno neledéniait pas –,unepaix profitable.

LaFondation n’avaitpas instauré unsecond Empire Galactique – on n’enétait qu’àmi-parcours, selonlePlan Seldon – mais, sousla forme d’uneFédération, elletenait soussonemprise économique plusd’un tiersdesentités politiques éparses de laGalaxie, etinfluençait cequ’elle necontrôlait pas.Rares étaient lesendroits oùmentionner : « Jesuisdela Fondation » nesuscitait paslerespect.

Parmilesmillions demondes habités,nullefonction n’étaittenueenplus haute estime quecelle deMaire deTerminus. Car letitre était resté.

C’était celuidupremier magistrat d’unemalheureuse bourgadequasiment oubliée, perdue surquelque planèteauxconfins extrêmes delacivilisation, quelquecinqsiècles plustôt,mais nul n’aurait songéàle changer, neserait-ce qu’enlerendant unrien plus ronflant.

Telqu’il était, seulletitre presque oubliédeMajesté Impériale pouvaitencoreinspirer unrespect comparable. Hormis surTerminus même,oùles pouvoirs duMaire étaient soigneusement limités.Lesouvenir desIndbur demeurait vivace.Ceque lesgens nerisquaient pasd’oublier, c’étaitmoins leurtyrannie quelefait qu’ils avaient perdu faceauMulet. Et venait sontour àprésent, HarlanBranno, Maireleplus puissant depuisladisparition duMulet (elleen était consciente) etlacinquième femmeseulement àaccéder àce poste.

Etcen’est qu’aujourd’hui qu’elleavait pu faire ouvertement usagedeson pouvoir. Elle s’était battue pourfairevaloir soninterprétation decequi était juste etde cequi devait être – contre l’opposition farouchedetous ceux quiavaient hâtederetrouver leprestige desSecteurs centraux delaGalaxie et l’aura dupouvoir impérial – et elleavait gagné : Pasencore, leuravait-elle dit.Pas encore ! Sivous vous précipitez troppour regagner lesSecteurs centraux, vousvousretrouverez perdants,pourtelleettelle raison.

Et Seldon étaitapparu etl’avait appuyée entenant unlangage presque analogue ausien.. »

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