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  CHAPITRE DEUX L'OMBRE DU PASSÉ Les commentaires ne s'éteignirent pas en neuf jours, ni même en quatre-vingt-dix-neuf.

Publié le 30/10/2013

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  CHAPITRE DEUX L'OMBRE DU PASSÉ Les commentaires ne s'éteignirent pas en neuf jours, ni même en quatre-vingt-dix-neuf. La seconde disparition de M. Bilbon Sacquet fut discutée à Hobbitebourg et, en fait, dans toute la Comté durant un an et un our, et on s'en souvint encore beaucoup plus longtemps. Elle devint un conte de coin du feu pour les jeunes Hobbits ; et, en fin de compte, Sacquet le Fou, qui disparaissait avec fracas dans un éclair pour reparaître avec des sacs de joyaux et d'or, devint un personnage de légende favori qui continua de vivre bien après que tous les événements réels eurent été oubliés. Mais entre-temps l'opinion générale dans le voisinage était que Bilbon, qui avait toujours été un peu timbré, avait fini par devenir complètement fou et s'était enfoui dans l'inconnu. Là, il avait sans nul doute chu dans un tang ou une rivière et avait trouvé une fin tragique, sinon prématurée. On en fit principalement grief à Gandalf. « Si seulement ce sacré magicien veut bien laisser le jeune Frodon tranquille, peut-être celui-ci s'assagira-til et développera-t-il quelques bons sens de Hobbit «, disait-on. Et selon toute apparence le magicien laissa effectivement Frodon tranquille ; celui-ci se rangea, mais le développement du bon sens de Hobbit ne fut guère perceptible. En fait, il commença aussitôt à poursuivre la réputation d'excentricité de Bilbon. Il refusa de porter le deuil, et, l'année suivante, il donna une réception en l'honneur du cent-douzième anniversaire de son oncle, qu'il qualifia de Fête des 112 livres. [5] Mais ce n'était pas tout à fait exact, car il y eut vingt invités et plusieurs repas où il neigea de la nourriture t plut de la boisson, comme disent les Hobbits. D'aucuns furent assez choqués, mais Frodon conserva l'habitude de célébrer la Fête de Bilbon, année après nnée, tant et si bien qu'on s'y accoutuma. Il ne pensait pas que Bilbon fût mort, disait-il. Et quand on lui emandait : « Où est-il, alors ? «, il se contentait de hausser les épaules. Il vivait seul, comme Bilbon ; mais il avait bon nombre d'amis, surtout parmi la jeune génération des obbits (descendants pour la plupart du Vieux Touque), qui, enfants, avaient aimé Bilbon et étaient souvent ourrés à Cul-de-Sac. Foulque Bophin et Fredegan Bolger étaient de ceux-ci ; mais ses amis les plus intimes taient Peregrïn Touque (généralement appelé Pippin [6] et Merry Brandebouc (son nom véritable était Meriadoc, mais on s'en souvenait rarement). Frodon arcourait la Comté à pied avec eux ; il lui arrivait toutefois encore plus souvent de vagabonder seul, et il provoquait l'étonnement des gens raisonnables qui le voyaient parfois loin de chez lui, marchant dans les collines et les bois à la clarté des étoiles. Merry et Pippin le soupçonnaient de rendre parfois visite aux Elfes, comme le faisait Bilbon. Avec le temps, on commença de remarquer que Frodon, lui aussi, présentait des signes de bonne  conservation « : d'extérieur, il gardait l'apparence d'un robuste et énergique Hobbit juste sorti de l'entre-deuxges. « Il y en a qui ont toutes les veines ! « disait-on ; mais ce ne fut pas avant que Frodon approchât de l'âge lus rassis de cinquante ans que l'on commença à trouver la chose bizarre. Frodon lui-même, après le premier choc, trouvait qu'être son propre maître et le [7] M. Sacquet de Cul-de-Sac était assez agréable. Durant quelques années, il fut parfaitement heureux et il ne se soucia guère de l'avenir. Mais, à moitié à son insu, le regret de n'être pas parti avec Bilbon croissait régulièrement. Il s'aperçut qu'il pensait parfois, surtout en automne, aux terres sauvages, et d'étranges visions de montagnes qu'il n'avait jamais vues hantaient ses rêves. Il se mit à penser : « Peut-être franchirai-je moimême la rivière un jour « À quoi l'autre moitié de son esprit répondait toujours : « Pas encore. «   Ainsi allèrent les choses jusqu'au moment où il frisa la cinquantaine. Son anniversaire approchait, et inquante était un chiffre qui lui paraissait avoir quelque importance (ou augurer quelque chose). C'était en tout as à cet âge que l'aventure était soudain advenue à Bilbon. Frodon commença de ressentir de l'agitation, et les ieux chemins lui paraissaient trop battus. Il regardait des cartes et se demandait ce qu'il y avait au-delà de leur bordure : celles qui étaient faites dans la Comté montraient surtout des espaces blancs à l'extérieur des frontières. Il se mit à vagabonder de plus en plus loin et le plus souvent seul ; et Merry et ses autres amis l'observaient avec inquiétude. On le voyait souvent marcher en parlant avec les voyageurs étrangers qui ommençaient à cette époque d'apparaître dans la Comté. Il y eut des rumeurs d'étranges choses qui se passaient dans le monde extérieur ; et comme Gandalf n'avait as encore reparu et n'avait pas envoyé de messages depuis plusieurs années, Frodon récoltait toutes les ouvelles qu'il pouvait avoir. On voyait maintenant des Elfes, qui se promenaient rarement dans la Comté, raverser le soir les bois en direction de l'ouest ; ils passaient et ne revenaient pas ; mais ils quittaient la Terre du ilieu et ils ne se souciaient plus de ses problèmes. Il y avait toutefois des Nains sur la route, en nombre nhabituel. L'ancienne route est-ouest traversait la Comté jusqu'à son extrémité aux Havres Gris. Et les Nains l'avaient toujours empruntée pour se rendre à leurs mines des Montagnes Bleues. Les Hobbits trouvaient chez eux la source principale de nouvelles des terres lointaines, s'ils en voulaient : en règle générale, les Nains parlaient peu, et les Hobbits n'en demandaient pas davantage. Mais à présent Frodon rencontrait souvent des ains de pays éloignés, qui cherchaient refuge dans l'Ouest. Ils étaient inquiets, et certains d'entre eux parlaient à mi-voix de l'ennemi et du Pays de Mordor. Ce nom, les Hobbits ne le connaissaient que par les légendes du ténébreux passé, comme une ombre à l'arrière-plan de leur mémoire ; mais il était sinistre et inquiétant. Il semblait que la puissance mauvaise de la Forêt Noire n'eût été chassée par le Conseil Blanc que pour reparaître avec davantage de vigueur dans les nciennes places fortes de Mordor. La Tour Noire avait été reconstruite, à ce qu'on disait. De là, la puissance 'étendait de tous côtés ; au loin, à l'est et au sud, il y avait des guerres, et la peur croissait. Les Orques se multipliaient de nouveau dans les montagnes. Les Trolls se répandaient, non plus obtus, mais rusés et munis 'armes redoutables. Et on murmurait qu'il existait des créatures plus terribles que toutes les précédentes, mais lles n'avaient pas de nom. De tout cela, peu de chose atteignait les oreilles du commun des Hobbits, naturellement. Mais même les lus sourds et les plus casaniers commençaient à entendre de curieuses histoires ; et ceux que leurs affaires menaient aux confins du pays voyaient d'étranges choses. La conversation au Dragon Vert de Lèzeau, un soir du printemps de la cinquantième année de Frodon, montrait que même au confortable coeur de la Comté des rumeurs s'étaient fait entendre, encore que la plupart des Hobbits continuassent de s'en moquer. Sam Gamegie était assis dans un coin près du feu ; en face de lui se trouvait Ted Rouquin, le fils du meunier, t divers autres campagnards hobbits écoutaient leur conversation. -- On entend de curieuses choses, ces temps-ci, pour sûr, dit Sam. -- Ah, dit Ted, on les entend si on y prête l'oreille. Mais je peux entendre des contes de coin du feu et des légendes pour enfants à la maison, s'il me plaît. -- Sans doute, répliqua Sam, et je dois dire qu'il y a plus de vérité dans certains qu'on ne le pense. Qui a inventé ces histoires, de toute façon ? Prenez les dragons, par exemple. -- Non, merci, dit Ted, riant avec les autres. Mais qu'en est-il de ces Hommes-arbres, ces géants, comme qui dirait ? On raconte bien qu'on en ait vu un plus grand qu'un arbre là-bas au-delà des Landes du Nord, il n'y a pas très longtemps. -- Qui ça, on ? -- Mon cousin Hal pour commencer. Il travaille pour M. Bophin à Par-delà-la-Colline, et il va dans le quartier nord pour la chasse. Il en a vu un. -- Il le dit peut-être. Ton Hal est tout le temps à dire qu'il a vu des choses, et peut-être en voit-il qui ne sont oint là. -- Mais celui-ci était aussi grand qu'un orme, et il marchait, il faisait plusieurs mètres à chaque enjambée, si 'était un pouce. -- Eh bien, je parie que ce n'était pas un pouce. Ce qu'il a vu, c'était probablement un orme. -- Mais celui-là marchait, que je vous dis, et il n'y a pas d'ormes sur les Landes du Nord. -- Dans ce cas, il n'a pas pu en voir, dit Ted. Il y eut des rires et des applaudissements ; l'auditoire semblait juger que Ted avait marqué un point. -- Tout de même, dit Sam, vous ne pouvez nier que d'autres que notre Halfast aient vu des gens bizarres raverser la Comté - la traverser, notez bien : il y en a d'autres qui sont retournés aux frontières. Les frontières 'ont jamais été aussi actives. -- Et j'ai entendu dire que des Elfes se déplacent vers l'ouest. Ils déclarent qu'ils vont aux havres, bien auelà des Tours Blanches. Sam agita vaguement le bras : ni lui ni personne d'entre eux ne savaient à quelle distance était la mer, après es vieilles tours au-delà des frontières occidentales de la Comté. Mais une ancienne tradition voulait que là-bas se trouvent les Havres Gris, d'où parfois les navires elfiques prenaient la mer pour ne jamais revenir. -- Ils naviguent, naviguent, naviguent sur la mer, ils s'en vont vers l'ouest et ils nous quittent, dit Sam, salmodiant presque les mots et hochant la tête avec tristesse et solennité. Mais Ted rit. -- Eh bien, cela n'a rien de nouveau, si l'on en croit les vieux contes. Et je ne vois pas ce que cela nous fait, à oi ou à moi. Qu'ils naviguent ! Mais je suis bien certain que tu ne les as pas vus faire ; ni personne d'autre dans a Comté. -- Enfin, je ne sais pas, dit Sam pensivement. (Il croyait avoir vu une fois un Elfe dans les bois, et il espérait n voir d'autres un jour. De toutes les légendes qu'il avait entendues dans son jeune âge, des passages de contes

« Il yeut des rumeurs d’étranges chosesquisepassaient danslemonde extérieur ; etcomme Gandalf n’avait pas encore reparuetn’avait pasenvoyé demessages depuisplusieurs années,Frodonrécoltait toutesles nouvelles qu’ilpouvait avoir.Onvoyait maintenant desElfes, quisepromenaient rarementdanslaComté, traverser lesoir lesbois endirection del’ouest ; ilspassaient etne revenaient pas ;mais ilsquittaient laTerre du Milieu etils ne sesouciaient plusdeses problèmes.

Ilyavait toutefois desNains surlaroute, ennombre inhabituel.

L’ancienne routeest-ouest traversait laComté jusqu’à sonextrémité auxHavres Gris.Etles Nains l’avaient toujoursempruntée pourserendre àleurs mines desMontagnes Bleues.LesHobbits trouvaient chez eux lasource principale denouvelles desterres lointaines, s’ilsenvoulaient : enrègle générale, lesNains parlaient peu,etles Hobbits n’endemandaient pasdavantage.

Maisàprésent Frodonrencontrait souventdes Nains depays éloignés, quicherchaient refugedansl’Ouest.

Ilsétaient inquiets, etcertains d’entreeuxparlaient à mi-voix del’ennemi etdu Pays deMordor. Ce nom, lesHobbits neleconnaissaient queparleslégendes duténébreux passé,comme uneombre à l’arrière-plan deleur mémoire ; maisilétait sinistre etinquiétant.

Ilsemblait quelapuissance mauvaisedela Forêt Noire n’eûtétéchassée parleConseil Blancquepour reparaître avecdavantage devigueur dansles anciennes placesfortesdeMordor.

LaTour Noire avaitétéreconstruite, àce qu’on disait.

Delà,lapuissance s’étendait detous côtés ; auloin, àl’est etau sud, ilyavait desguerres, etlapeur croissait.

LesOrques se multipliaient denouveau danslesmontagnes.

LesTrolls serépandaient, nonplus obtus, maisrusés etmunis d’armes redoutables.

Eton murmurait qu’ilexistait descréatures plusterribles quetoutes lesprécédentes, mais elles n’avaient pasdenom. De tout cela, peudechose atteignait lesoreilles ducommun desHobbits, naturellement.

Maismême les plus sourds etles plus casaniers commençaient àentendre decurieuses histoires ; etceux queleurs affaires amenaient auxconfins dupays voyaient d’étranges choses.Laconversation au Dragon Vert de Lèzeau, unsoir du printemps delacinquantième annéedeFrodon, montrait quemême auconfortable cœurdelaComté des rumeurs s’étaientfaitentendre, encorequelaplupart desHobbits continuassent des’en moquer. Sam Gamegie étaitassis dans uncoin près dufeu ; enface delui setrouvait TedRouquin, lefils dumeunier, et divers autres campagnards hobbitsécoutaient leurconversation. — On entend decurieuses choses,cestemps-ci, poursûr,ditSam. — Ah, ditTed, onles entend sion yprête l’oreille.

Maisjepeux entendre descontes decoin dufeu etdes légendes pourenfants àla maison, s’ilme plaît. — Sans doute,répliqua Sam,etjedois direqu’il ya plus devérité danscertains qu’onnelepense.

Quia inventé ceshistoires, detoute façon ? Prenezlesdragons, parexemple. — Non, merci,ditTed, riant aveclesautres.

Maisqu’en est-ildeces Hommes-arbres, cesgéants, comme qui dirait ? Onraconte bienqu’on enait vuun plus grand qu’unarbrelà-bas au-delà desLandes duNord, iln’y apas très longtemps. — Qui ça, on  ? — Mon cousinHalpour commencer.

Iltravaille pourM. Bophin àPar-delà-la-Colline, etilva dans le quartier nordpourlachasse.

Ilen a vu un. — Il ledit peut-être.

TonHalesttout letemps àdire qu’il avu des choses, etpeut-être envoit-il quinesont point là. — Mais celui-ciétaitaussi grand qu’unorme, etilmarchait, ilfaisait plusieurs mètresàchaque enjambée, si c’était unpouce. — Eh bien,jeparie quecen’était pasunpouce.

Cequ’il avu, c’ était probablement unorme. — Mais celui-là marchait , que jevous dis,etiln’y apas d’ormes surlesLandes duNord. — Dans cecas, iln’a pas puenvoir, ditTed. Il yeut des rires etdes applaudissements ; l’auditoiresemblaitjugerqueTed avait marqué unpoint. — Tout demême, ditSam, vousnepouvez nierqued’autres quenotre Halfast aientvudes gens bizarres traverser laComté –la traverser, notezbien : ilyen ad’autres quisont retournés auxfrontières.

Lesfrontières n’ont jamais étéaussi actives. — Et j’aientendu direquedesElfes sedéplacent versl’ouest.

Ilsdéclarent qu’ilsvontauxhavres, bienau- delà desTours Blanches. Sam agita vaguement lebras : nilui nipersonne d’entreeuxnesavaient àquelle distance étaitlamer, après les vieilles toursau-delà desfrontières occidentales delaComté.

Maisuneancienne traditionvoulaitquelà-bas se trouvent lesHavres Gris,d’oùparfois lesnavires elfiques prenaient lamer pour nejamais revenir. — Ils naviguent, naviguent,naviguentsurlamer, ilss’en vont versl’ouest etils nous quittent, ditSam, psalmodiant presquelesmots ethochant latête avec tristesse etsolennité. Mais Tedrit. — Eh bien,celan’arien denouveau, sil’on encroit lesvieux contes.

Etjene vois pasceque cela nous fait,à toi ouàmoi.

Qu’ils naviguent ! Maisjesuis bien certain quetune les aspas vusfaire ; nipersonne d’autredans la Comté. — Enfin, jene sais pas, ditSam pensivement.

(Ilcroyait avoirvuune foisunElfe dans lesbois, etilespérait en voir d’autres unjour.

Detoutes leslégendes qu’ilavait entendues danssonjeune âge,despassages decontes. »

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