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COMMENT CHRYSIPPE SE DÉFEND CONTRE L'ARGUMENT PARESSEUX (d'après Cicéron)

Publié le 06/02/2011

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Nous ne serons pas non plus arrêtés par ce qu'on appelle « l'argument paresseux « ; « argos logos « est le nom que donnent les philosophes à cet argument : il est tel que, si nous l'admettions, nous resterions, toute notre vie, dans une complète inaction. Voici leurs demandes : «Si ton destin est de guérir de cette maladie, tu guériras, que tu aies appelé ou non le médecin ; de même, si ton destin est de n'en pas guérir, tu ne guériras pas, que tu aies appelé ou non le médecin ; or, ton destin est l'un ou l'autre ; il ne convient donc pas d'appeler le médecin «.    Ce genre de raisonnement est justement nommé paresseux ou inerte puisque, avec le même raisonnement, on supprime toute activité dans la vie. Il est possible de le modifier et, sans employer le mot de destin, de garder la même idée, de la façon suivante : « Si cette proposition : tu guériras de cette maladie, a été vraie de toute éternité, tu guériras, que tu aies appelé ou non le médecin ; si cette proposition a été fausse de toute éternité, tu ne guériras pas, que tu l'appelles ou non ; donc, etc... ). Chrysippe blâme ce raisonnement. « Il y a en réalité, dit-il, des assertions isolées et des assertions liées ensemble«. Voici une assertion isolée : « Socrate mourra tel jour « ; qu'il ait fait telle chose ou qu'il ne l'ait pas faite, le jour de sa mort est déterminé. Mais si le destin porte qu'Œdipe naîtra de Laïus, on ne pourra dire : «Soit que Laïus ait eu des rapports avec une femme, soit qu'il n'en ait pas eu « ; car l'événement est lié et « confatal « ainsi le nomme-t-il ; car le destin porte et que Laïus aura des rapports avec sa femme et qu'il procréera Œdipe. De même, si l'on disait : « Milon luttera à Olympie « et si quelqu'un reprenait : « Donc, qu'il doive avoir ou non un adversaire, il luttera «, il serait dans l'erreur ; car « il luttera « est une assertion liée, puisque sans adversaire il n'y a pas de lutte. Tous les sophismes de telle espèce sont réfutés de la même manière. « Que tu aies appelé ou non un médecin, tu guériras «, c'est là un sophisme ; car il est autant dans ton destin d'appeler un médecin que de guérir ; ce sont choses, je l'ai dit, que Chrysippe appelle confatales.

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