Composition de l'âme (Platon)

Intermédiaire entre les Idées et le non-être sensible, l'âme ne peut être simple. Il faut d'une part qu'elle puisse s'appliquer aux Idées ; il faut aussi qu'elle soit capable de connaître le non-être. D'où deux parties dans l'âme, l'une faite de l'essence indivisible des Idées, c'est-à-dire de ce qui est toujours le même, l'autre faite de l'essence divisible du non-être, c'est-à-dire de ce qui est perpétuellement autre que soi. Seulement, ces deux essences sont les contraires l'une de l'autre ; pour que l'âme soit une, il faut en elle une partie intermédiaire faite des deux premières essences mélangées. Notons que le rapport entre les trois parties de l'âme est plus complexe que nous ne l'avons dit et leur mélange plus intime ; dans chacune d'elles, en effet, il y a quelque chose des deux autres ; dans la partie supérieure de lame, par exemple, se glisse du non-être ; dans l'âme, comme dans l'univers d'Anaxagore, tout est dans tout ; ce sont seulement les proportions du mélange qui distinguent chaque partie. Que dans la partie supérieure de l'âme se trouve du non-être, ce fait confirme notre interprétation de la participation des Idées entre elles ; c'est que dans les Idées mêmes il y a, comme dans le monde sensible, du non-être ; car le principe de Platon, comme de tous les philosophes grecs, est que la même nature doit se retrouver dans ce qui connaît et ce qui est connu. C'est sur ce modèle que toute âme est composée : l'âme du monde d'abord, puis celles dei dieux, des démons, des hommes, et des vivants, qui ne diffèrent les unes des autres que par le degré de pureté.