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Darlan, François

Publié le 23/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Darlan, François (1881-1942), amiral et homme politique français, commandant des forces navales françaises au début de la Seconde Guerre mondiale, qui a été, jusqu’à son éviction du gouvernement de Vichy, le successeur désigné du maréchal Pétain.

2   L’ASCENSION D’UN OFFICIER

Né à Nérac (Lot-et-Garonne), fils d’un député républicain qui avait été garde des Sceaux dans le gouvernement Méline, François Darlan, entré à l’École navale en 1899, sert à partir de 1902 en Extrême-Orient. Commandant d’une batterie de canonniers pendant la Première Guerre mondiale, il bénéficie de la protection d’un ami de son père, Georges Leygues, longtemps ministre de la Marine sous la IIIe République, dont il est chef adjoint puis chef du cabinet militaire presque sans interruption de 1926 à 1934.

Porté cette même année à la tête de l’escadre de l’Atlantique, bénéficiant d’une image de républicain sincère et progressiste, qu’accentue son appartenance à la franc-maçonnerie, il est nommé en 1936, par le gouvernement de Léon Blum, chef d’état-major général de la marine, vice-président du Conseil supérieur de la marine, et, un an plus tard, commandant en chef des forces maritimes françaises avec le titre exceptionnel d’« amiral de la flotte «, destiné à le placer au même niveau que le premier lord de la mer britannique. Ayant suivi, à divers titres, les affaires navales pendant quinze ans, François Darlan peut exercer une influence décisive sur la modernisation de la marine de guerre, qui est en 1939 une arme bien entraînée et d’une redoutable efficacité, malgré certaines faiblesses, notamment dans le domaine des porte-avions et dans celui de la détection des sous-marins.

3   LE RALLIEMENT À LA COLLABORATION

Commandant en chef des forces navales françaises en 1939, Darlan fait preuve d’un remarquable talent d’organisateur et n’a de cesse de s’opposer à l’attentisme de Gamelin, commandant en chef des forces franco-britanniques, en proposant que soit engagée une opération dans la mer Baltique afin d’anticiper l’offensive allemande sur la Norvège. Critiquant l’attitude des Britanniques lors de l’évacuation de Dunkerque en mai 1940, il adopte une attitude de plus en plus anglophobe, tout en se déclarant prêt à poursuivre la lutte depuis l’Afrique du Nord. Aussi son subit ralliement à la cause de l’armistice, le 15 juin 1940, récompensé dès le lendemain par sa nomination comme ministre de la Marine dans le gouvernement du maréchal Pétain, apparaît-il comme un considérable atout pour le camp des défaitistes.

Cependant, il accepte de confirmer aux Britanniques que jamais la flotte française ne sera livrée aux Allemands, et signe le 20 juin un ordre secret, enjoignant à tous les navires français de se saborder s’ils risquent de tomber aux mains de l’ennemi. Mais l’attitude britannique, peu confiante, qui précipite l’attaque de Mers el-Kébir le 3 juillet, détermine le ralliement de Darlan aux tenants d’une collaboration accrue avec l’occupant allemand.

4   LE DAUPHIN DE PÉTAIN

Partisan déclaré de la politique engagée lors de l’entrevue de Montoire, le 24 octobre, jouissant du prestige militaire attaché à son arme, qui n’a pas enregistré de défaite durant les hostilités, l’amiral Darlan noue des contacts privilégiés avec les Allemands et son nom ne tarde pas à s’imposer pour remplacer Pierre Laval, écarté du pouvoir en décembre 1940, à la tête du gouvernement. Succédant à Pierre-Étienne Flandin, qui a assuré l’intermède, il est nommé le 10 février 1941 successeur désigné du maréchal Pétain, ainsi que vice-président du Conseil, ministre des Affaires étrangères et ministre de l’Intérieur, fonctions auxquelles il ajoute le portefeuille de la Guerre à partir du mois de novembre suivant. Représentant une tendance plus technocratique de la « Révolution nationale «, il s’entoure de nombreux techniciens tels Pierre Pucheu ou Jean Bichelonne, et s’attache à la rationalisation de la production, favorisant la concentration industrielle réclamée par certains grands patrons, tout en interdisant grèves et syndicats avec l’instauration de la Charte du travail (loi du 4 octobre 1941).

Convaincu de la victoire finale de l’Allemagne, Darlan multiplie dès lors les signes de bonne volonté à l’égard de l’occupant, tels le durcissement du statut des juifs ou l’instauration de cours spéciales pour juger les résistants, espérant qu’une telle politique permettrait à la France d’occuper la seconde place dans l’« Europe nouvelle « nazie. Après une entrevue avec Hitler à Berchtesgaden, il signe le 27 mai 1941 les accords Darlan-Warlimont, concédant aux Allemands divers avantages stratégiques en Syrie, au Sénégal, en Tunisie et au Maroc. Cependant, la vigoureuse opposition de Weygand, délégué général en Afrique, l’oblige à revenir partiellement sur ses positions, et lui aliène le soutien des Allemands, qui le considèrent depuis un certain temps comme un personnage ambigu et louvoyant, et qui souhaitent le retour de Laval. Dès le mois de décembre, l’entrée en guerre des États-Unis convainc Darlan que l’Allemagne a perdu sa supériorité, mais il tente encore, pendant plusieurs mois, de ménager les deux camps.

5   LA DISGRÂCE

Finalement renvoyé le 17 avril 1942, et nommé commandant en chef des forces de terre, de mer et de l’air le même jour, il garde son statut de dauphin mais perd tout rôle politique. Se trouvant depuis le 5 novembre à Alger au chevet de son fils malade, il y est surpris par le débarquement anglo-américain du 8 novembre. Songeant d’abord à résister, il se laisse persuader, sur les instances du général Juin, commandant des forces terrestres d’Algérie, de conclure l’armistice avec les Américains, décision devenue effective le 11 novembre.

Se prévalant de l’« accord intime « qui lui aurait été donné par le maréchal Pétain, « empêché «, qui s’empresse pourtant de le désavouer, il s’attribue, avec l’accord du général Giraud et des Américains, soucieux de contrer l’influence gaulliste en Afrique du Nord, le titre de « haut commissaire de France résidant en Afrique du Nord « et s’entoure d’un « Conseil impérial «.

Considéré comme un expédient provisoire par les Américains, détesté autant par les gaullistes que par les vichystes, l’amiral Darlan tombe le 24 décembre 1942 sous les balles d’un jeune membre des corps francs d’Afrique, Fernand Bonnier de La Chapelle, jugé à huis clos et exécuté dès le 26, et dont les motivations politiques sont demeurées obscures.

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