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de respectables chercheurs répètent, avec la plus grande solennité et sans l'ombre du moindre sourire, les légendes locales racontant que la Terre - ou peu importe le nom qu'ils lui donnent - est en fait située dans l'hyperespace et demeure inaccessible, sinon par accident.

Publié le 15/12/2013

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de respectables chercheurs répètent, avec la plus grande solennité et sans l'ombre du moindre sourire, les légendes locales racontant que la Terre - ou peu importe le nom qu'ils lui donnent - est en fait située dans l'hyperespace et demeure inaccessible, sinon par accident. -- Et indiquent-elles, ces légendes, si quelqu'un l'a effectivement atteinte accidentellement ? -- Il y a toujours des légendes et il existe toujours un refus patriotique du doute même si ces légendes ne sont as le moins du monde crédibles et n'ont d'ailleurs jamais été crues par personne en dehors de leur monde 'origine. -- Alors, Janov, n'y croyons pas nous-mêmes. Et entrons plutôt dans notre petit hyperespace personnel sous es draps. -- Mais Golan, c'est cette histoire de radioactivité de la Terre qui m'intéresse. Moi, elle m'a l'air d'avoir un ccent de vérité - enfin, un genre de vérité. -- Que voulez-vous dire, un genre de vérité ? -- Eh bien, un monde radioactif devrait être un monde où des radiations dures sont présentes en oncentration plus grande que la normale. Le taux des mutations y serait plus élevé et l'évolution s'y montrerait la fois plus rapide et plus diversifiée. Or, si vous vous souvenez, je vous ai dit que parmi les points sur lesquels s'accordent presque tous les récits, il y a cette incroyable diversité de la vie sur Terre : des millions d'espèces de oute sorte. C'est cette diversité - ce développement explosif qui a peut-être donné l'intelligence à la Terre ainsi que l'impulsion pour essaimer dans toute la Galaxie. Si la Terre était pour quelque raison radioactive - j'entends, plus radioactive que d'autres planètes -, cela pourrait rendre compte de toutes les autres caractéristiques qui font - ou faisaient - de la Terre un astre unique. » Trevize resta quelques instants silencieux. « En premier lieu, répondit-il enfin, nous n'avons aucune raison de croire que Compor a dit la vérité. Il peut fort bien nous avoir délibérément menti pour nous pousser à déguerpir d'ici et nous envoyer courir vers Sirius. Je crois d'ailleurs que c'est exactement ce qu'il a fait. Et puis, même si c'était vrai, ce qu'il nous a dit, c'est que la radioactivité était telle qu'elle avait rendu toute vie impossible. » Pelorat réitéra son petit soupir. « Il n'y avait pas une radioactivité telle qu'elle ait empêché la vie de se développer et une fois celle-ci établie, se maintenir est déjà plus facile. Admettons, donc, que la vie se soit établie et maintenue sur la Terre. Par conséquent, c'est que le niveau initial de la radioactivité ne pouvait pas être incompatible avec la vie et ce niveau n'aura pu que décroître avec le temps. Il n'y a rien qui puisse l'amener à s'accroître. -- Des explosions nucléaires ? suggéra Trevize. -- Quel rapport avec l'accroissement de la radioactivité ? -- Je veux dire... supposez que des explosions nucléaires se soient produites sur Terre... -- A la surface de la Terre ? Impossible. Il n'y a pas d'exemple dans toute l'histoire de la Galaxie d'une société ssez stupide pour employer les explosions nucléaires comme une arme de guerre. Jamais nous n'aurions survécu. Durant les insurrections trigelliennes, alors que les deux camps en étaient réduits à la famine et au désespoir, eh bien, quand Jendippurus Khoratt suggéra d'engendrer une réaction de fusion dans... -- ... Il fut pendu par les matelots de sa propre flotte. Je connais mon histoire galactique. Non, je songeais à un accident. -- On n'a pas d'exemple en général d'accidents nucléaires capables d'accroître de manière significative le taux e radioactivité sur une planète. » Il soupira. « Je suppose que lorsqu'on en sera là, il faudra bien qu'on aille aire notre petite enquête dans le secteur de Sirius... -- On ira bien là-bas un de ces jours, peut-être. Mais pour l'instant... -- Oui, oui. J'arrête de causer. » Il se tut effectivement et Trevize resta près d'une heure allongé dans l'obscurité à se demander s'il n'avait pas éjà trop attiré l'attention et s'il ne serait pas plus raisonnable pour eux de partir pour le secteur de Sirius, quitte repartir vers Gaïa une fois détournée l'attention - l'attention générale. Il n'avait pas encore débouché sur une conclusion bien nette que le sommeil le prenait. Ses rêves furent gités.   51. Ils ne retournèrent pas en ville avant le milieu de la matinée. L'office du tourisme était passablement bondé, ette fois-ci, mais ils parvinrent toutefois à obtenir les coordonnées d'une bibliothèque de référence où, là, on eur fournit les instructions permettant d'utiliser les systèmes locaux d'accès aux banques de données. Ils épluchèrent soigneusement musées et facultés, en commençant par les plus proches et en y glanant toutes es informations disponibles sur les anthropologues, archéologues et autres spécialistes de l'Antiquité. « Ah ! fit Pelorat. -- Ah ? répéta Trevize. Quoi : ah ? -- Ce nom... Quintesetz... ça me dit quelque chose. -- C'est une connaissance ? -- Non, bien sûr que non. Mais j'ai lu des articles signés par lui. En retournant à bord, où j'ai tous mes atalogues... -- On ne retourne pas à bord, Janov. Si son nom vous est familier, c'est déjà un point de départ ; s'il ne peut as nous aider, il sera sans doute à même de nous orienter... » Il se leva. « On va tâcher de trouver le moyen de e rendre à l'université de Seychelle. Et puisqu'il n'y aura personne à l'heure du déjeuner, on va manger 'abord. » Ce n'est pas avant la fin de l'après-midi qu'ils arrivèrent sur les lieux et, après s'être frayé un chemin dans le édale du campus, se retrouvèrent enfin dans une antichambre, attendant une jeune femme qui était partie se enseigner et qui peut-être - ou peut-être pas - les mènerait à Quintesetz. « Je me demande, dit Pelorat, mal à l'aise, combien de temps encore on va nous faire attendre. On ne doit lus être très loin de l'heure de la fermeture. » Et comme si ç'avait été un signal, la jeune femme qui avait disparu depuis une demi-heure refit son pparition, s'avançant rapidement vers eux, dans le claquement sonore de ses étincelants souliers rouge et violet ont le bruit variait de hauteur au rythme de ses pas. Pelorat fit la grimace. Il présuma que chaque planète devait avoir sa façon particulière d'agresser les sens, out comme chacune avait son odeur. Il se demanda si, à présent qu'ils s'étaient accoutumés à l'odeur de eychelle, ils n'allaient pas devoir également apprendre à ne plus remarquer la cacophonie de la démarche de es jeunes femmes à la mode. La femme se dirigea vers Pelorat et s'immobilisa devant lui. « Puis-je avoir votre nom entier, professeur ? -- C'est Janov Pelorat, mademoiselle... -- Votre planète natale ? » Trevize commença d'élever la main comme pour lui intimer le silence mais Pelorat - soit qu'il n'ait pas vu, oit qu'il n'ait pas voulu voir - répondit : « Terminus. » La jeune femme eut un large sourire ; elle paraissait ravie. « Quand j'ai annoncé au professeur Quintesetz u'un professeur Pelorat le demandait, il a dit qu'il vous verrait uniquement si vous étiez bien Janov Pelorat de erminus. » Pelorat cligna rapidement des yeux. « Vous... vous voulez dire, il a entendu parler de moi ? -- Cela me paraît certain. » On entendit presque craquer le sourire de Pelorat lorsqu'il se tourna vers Trevize. « Il a entendu parler de oi. Honnêtement, je ne pensais pas... je veux dire, j'ai rédigé fort peu d'articles et je ne pensais pas que uelqu'un... » Il hocha la tête. « Ils n'étaient pas vraiment importants. -- Eh bien, alors, dit Trevize en souriant à son tour, cessez donc de vous complaire dans les délices de la ausse modestie, et allons-y. » Il se tourna vers la jeune femme : « Je présume, mademoiselle, que nous allons ouvoir emprunter un moyen de transport quelconque... -- On peut y aller à pied. Nous n'aurons même pas à quitter les bâtiments et je serai ravie de vous conduire... tes-vous tous les deux de Terminus ? » Et sur cette question, elle se mit en route. Les deux hommes lui emboîtèrent le pas et Trevize lui répondit, légèrement ennuyé : « Oui, effectivement. ela fait-il une différence ? -- Oh ! non, bien sûr que non. Il y a des gens sur Seychelle qui n'aiment pas les Fondateurs mais ici, vous avez, à l'université, on est d'esprit plus cosmopolite. Vivre et laisser vivre, c'est ce que je dis toujours. Je veux ire, les Fondateurs sont des gens comme les autres... Enfin, vous voyez ce que je veux dire ? -- Oui, je vois très bien ce que vous voulez dire. Des tas de gens chez nous trouvent que les Seychellois sont es gens comme les autres. -- C'est exactement comme ça que les choses devraient être. Je n'ai jamais vu Terminus. Ce doit être une bien grande cité. -- A vrai dire, non, fit Trevize d'une voix neutre ; je dirais même qu'elle est plus petite que Seychelle-ville. -- Vous me faites marcher ! C'est bien la capitale de la Fédération de la Fondation, n'est-ce pas ? Je veux ire... il n'y a pas d'autre Terminus, non ? -- Non, il n'y en a qu'un seul, autant que je sache, et c'est bien de là que nous venons. La capitale de la édération de la Fondation. -- Eh bien, alors, ce doit être une ville gigantesque... Et vous venez de si loin pour voir le professeur. Nous ommes très fiers de lui, vous savez. On le considère comme la plus grande autorité dans toute la Galaxie. -- Vraiment ? fit Trevize. Et dans quel domaine ? » Encore une fois, elle ouvrit de grands yeux : « Oh ! vous, ous êtes vraiment rigolo. Il en sait plus sur l'histoire antique que... que je n'en sais moi-même sur ma propre amille. » Et elle reprit les devants, de sa démarche musicale. On ne peut pas se laisser à tout bout de champ traiter de plaisantin ou de rigolo sans finir par développer un enchant dans cette direction et c'est avec un sourire que Trevize demanda : « Le professeur doit tout savoir sur a Terre, je suppose ? -- La Terre ? » Elle s'arrêta devant la porte d'un bureau et le considéra, interdite. « Vous savez bien. La planète d'où est partie l'humanité. -- Oh ! Vous voulez dire la planète-qui-vint-en-premier. Je suppose. Je suppose qu'il devrait tout savoir sur lle. Après tout, elle est située dans le secteur de Seychelle. Tout le monde sait au moins ça ! Tenez, voilà son ureau. Je vais vous annoncer... -- Non, attendez, intervint Trevize. Encore une minute. Parlez-moi de la Terre, plutôt. -- A vrai dire, je n'ai jamais entendu personne l'appeler sous ce nom-là. Je suppose que c'est un terme de la Fondation. Ici, on l'appelle Gaïa. » Trevize lança un bref coup d'oeil à Pelorat. « Oh ? Et où est-elle située ? -- Nulle part. Elle est dans l'hyperespace et totalement inaccessible à quiconque. Quand j'étais petite, ma grand-mère nous disait que Gaïa se trouvait autrefois dans l'espace normal mais que, dégoûtée par... -- ... les crimes et la stupidité du genre humain, marmonna Pelorat, elle décida, honteuse, de quitter un beau jour l'espace normal et refusa désormais d'avoir plus rien à faire avec ces êtres humains qu'elle avait expédiés dans toute la Galaxie. -- Alors, vous voyez que vous connaissez l'histoire... Vous savez quoi ? Une de mes amies prétend que c'est de la superstition. Eh bien, je vais lui dire... Si c'est assez bon pour des professeurs de la Fondation... » Sur le verre fumé de la porte, une plaque brillante portait l'inscription : sotayn quintesetz abt, dans cette calligraphie seychelloise si difficilement lisible avec, en dessous, dans le même lettrage impossible : département des antiquités. La jeune femme posa le doigt sur un disque de métal poli. Il n'y eut aucun bruit mais le panneau de verre umé vira au blanc laiteux tandis qu'une voix douce, et comme détachée, se faisait entendre : « Identifiez-vous 'il vous plaît. -- Janov Pelorat, de Terminus, dit Pelorat. Et Golan Trevize, de la même planète. » La porte s'ouvrit immédiatement.

«   51. Ils neretournèrent pasenville avant lemilieu delamatinée.

L’officedutourisme étaitpassablement bondé, cette fois-ci, maisilsparvinrent toutefoisàobtenir lescoordonnées d’unebibliothèque deréférence où,là,on leur fournit lesinstructions permettantd’utiliserlessystèmes locauxd’accès auxbanques dedonnées. Ils épluchèrent soigneusement muséesetfacultés, encommençant parlesplus proches eten yglanant toutes les informations disponiblessurlesanthropologues, archéologuesetautres spécialistes del’Antiquité. « Ah ! fitPelorat. — Ah ? répétaTrevize.

Quoi :ah ? — Ce nom...

Quintesetz...

çame ditquelque chose. — C’est uneconnaissance ? — Non, biensûrque non.

Mais j’ailudes articles signésparlui.Enretournant àbord, oùj’ai tous mes catalogues...

— On neretourne pasàbord, Janov.

Sison nom vous estfamilier, c’estdéjàunpoint dedépart ; s’ilnepeut pas nous aider, ilsera sans doute àmême denous orienter... » Ilse leva.

« On vatâcher detrouver lemoyen de se rendre àl’université deSeychelle.

Etpuisqu’il n’yaura personne àl’heure dudéjeuner, onvamanger d’abord. » Ce n’est pasavant lafin del’après-midi qu’ilsarrivèrent surleslieux et,après s’êtrefrayéunchemin dansle dédale ducampus, seretrouvèrent enfindansuneantichambre, attendantunejeune femme quiétait partie se renseigner etqui peut-être – ou peut-êtrepas – lesmènerait àQuintesetz. « Je medemande, ditPelorat, malàl’aise, combien detemps encore onvanous faireattendre.

Onnedoit plus êtretrèsloin del’heure delafermeture. » Et comme siç’avait étéunsignal, lajeune femme quiavait disparu depuisunedemi-heure refitson apparition, s’avançantrapidement verseux, dans leclaquement sonoredeses étincelants souliersrougeetviolet dont lebruit variait dehauteur aurythme deses pas. Pelorat fitlagrimace.

Ilprésuma quechaque planète devaitavoirsafaçon particulière d’agresserlessens, tout comme chacune avaitsonodeur.

Ilse demanda si,àprésent qu’ilss’étaient accoutumés àl’odeur de Seychelle, ilsn’allaient pasdevoir également apprendre àne plus remarquer lacacophonie deladémarche de ses jeunes femmes àla mode. La femme sedirigea versPelorat ets’immobilisa devantlui.« Puis-je avoirvotre nomentier, professeur ? — C’est JanovPelorat, mademoiselle... — Votre planètenatale ? » Trevize commença d’éleverlamain comme pourluiintimer lesilence maisPelorat – soit qu’iln’ait pasvu, soit qu’il n’ait pasvoulu voir – répondit : « Terminus. » La jeune femme eutunlarge sourire ; elleparaissait ravie.« Quand j’aiannoncé auprofesseur Quintesetz qu’un professeur Peloratledemandait, iladit qu’il vous verrait uniquement sivous étiez bienJanov Pelorat de Terminus. » Pelorat clignarapidement desyeux.

« Vous...

vousvoulez dire,ilaentendu parlerdemoi ? — Cela meparaît certain. » On entendit presquecraquerlesourire dePelorat lorsqu’il setourna versTrevize.

« Ilaentendu parlerde moi.

Honnêtement, jene pensais pas...jeveux dire,j’airédigé fortpeu d’articles etjene pensais pasque quelqu’un... » Ilhocha latête.

« Ils n’étaient pasvraiment importants. — Eh bien,alors, ditTrevize ensouriant àson tour, cessez doncdevous complaire danslesdélices dela fausse modestie, etallons-y. » Ilse tourna verslajeune femme : « Jeprésume, mademoiselle, quenous allons pouvoir emprunter unmoyen detransport quelconque... — On peutyaller àpied.

Nous n’aurons mêmepasàquitter lesbâtiments etjeserai ravie devous conduire... Êtes-vous touslesdeux deTerminus ? » Etsur cette question, ellesemit enroute. Les deux hommes luiemboîtèrent lepas etTrevize luirépondit, légèrement ennuyé :« Oui,effectivement. Cela fait-il unedifférence ? — Oh ! non,biensûrque non.

Ilya des gens surSeychelle quin’aiment paslesFondateurs maisici,vous savez, àl’université, onest d’esprit pluscosmopolite.

Vivreetlaisser vivre,c’estceque jedis toujours.

Jeveux dire, lesFondateurs sontdesgens comme lesautres...

Enfin,vousvoyez ceque jeveux dire ? — Oui, jevois trèsbien ceque vous voulez dire.Destasdegens cheznous trouvent quelesSeychellois sont des gens comme lesautres. — C’est exactement commeçaque leschoses devraient être.Jen’ai jamais vuTerminus.

Cedoit êtreunebien. »

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