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- Elle l'était pour vous, car vous l'aviez faite ainsi.

Publié le 30/10/2013

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- Elle l'était pour vous, car vous l'aviez faite ainsi. Je crois que vous ne l'avez jamais vue. Vous n'avez perçu que ce que vous projetiez sur elle. « Adam pensa tout haut : « Je me demande si elle était ce qu'elle était. J'étais heureux de l'ignorer. - Maintenant, vous voulez savoir. « Adam baissa les yeux. « Ce n'est pas de la curiosité, mais j'aimerais savoir quel sang coule dans les veines de mes garçons. Lorsqu'ils grandiront, ne chercherai-je pas quelque chose en eux ? - Si, certainement. Et je vous mets en garde : ce n'est pas le sang, mais vos soupçons qui risquent de déchaîner le mal en eux. Ils seront ce que vous attendez qu'ils soient. - Mais le sang... - Je ne crois pas beaucoup à l'hérédité, dit Samuel. Lorsqu'un homme découvre le bien ou le mal dans ses enfants, il ne voit que ce qu'il a semé chez eux depuis le jour où ils ont quitté le ventre de leur mère. - On ne peut pas faire un cheval de course d'un porc. - Non, répondit Samuel, mais on peut en faire un porc de course. - Personne ici ne serait d'accord avec vous. Pas même Mrs. Hamilton. - C'est tout à fait exact. Elle serait profondément en désaccord. Aussi ne le lui dirai-je pas, de crainte de déchaîner le tonnerre de son argumentation. Elle gagne toujours, car son arme est la véhémence et elle considère qu'une opinion différente de la sienne est une injure personnelle. C'est une femme merveilleuse, mais il faut savoir s'y prendre avec elle. Parlons des garçons. - Voulez-vous un autre verre ? - Cela, avec plaisir. Les noms sont un grand mystère. Je n'ai jamais su si le nom avait une influence sur l'enfant ou si l'enfant se transformait pour s'adapter à son nom. Mais soyez sûr d'une chose : chaque fois qu'un homme a un surnom, c'est que le nom qu'on lui a donné ne lui convenait pas. Que pensez-vous des noms courants : Jean, Jacques ou Charles ? « Adam était en train de regarder les jumeaux. Et, soudain, en entendant mentionner le dernier prénom, il vit apparaître les traits de son frère sur le visage d'un des garçons. Il se pencha en avant. « Qu'y a-t-il ? demanda Samuel. - Ces enfants ne se ressemblent pas ! - Evidemment, ce ne sont pas de vrais jumeaux. - Celui-ci ressemble à mon frère, je viens de le voir. Je me demande si l'autre me ressemble. - Ils vous ressemblent tous les deux. Un visage possède en lui tous les traits de celui qui lui a donne le jour. - L'illusion a disparu, dit Adam, mais pendant un moment j'ai cru voir un fantôme. - Peut-être les fantômes ne sont-ils que cela ? « Observa Samuel. Lee apporta des assiettes et les posa sur la table. « Les Chinois ont-ils des fantômes ? demanda Samuel. Des millions, répondit Lee. C'est même embarrassant. Je crois que, en Chine, rien ne meurt jamais. C'est très encombré chez nous. En tout cas, c'est l'impression que j'ai eue lorsque je suis allé là-bas. - Asseyez-vous, Lee, dit Samuel. Nous essayons de trouver des noms. - J'ai mis un poulet à frire, il ne va pas tarder à être prêt. « Adam, qui regardait les jumeaux, leva les yeux et son regard était chaud et adouci. « Voulez-vous boire avec nous, Lee ? - J'ai mon ng-ka-py à la cuisine «, dit Lee. Et il repartit vers là maison. Samuel se pencha en avant, prit l'un des garçons et l'assit sur son genou. « Prenez l'autre, dit-il à Adam. Nous allons voir si quelque chose chez eux appelle un nom. « Adam prit maladroitement l'autre enfant et l'assit sur sa cuisse. « Ils se ressemblent, dit-il. Mais beaucoup moins lorsqu'on les regarde de près. Celui-ci a les yeux plus ronds que celui-là. - Oui, il a aussi la tête plus ronde et les oreilles plus grandes, ajouta Samuel, mais il ressemble plus - comment dire ? - à une balle. Il ira peut-être plus loin, mais pas aussi haut. Il aura les cheveux et la peau plus foncés. Il sera malin, et c'est une qualité qui limite le développement de l'esprit. Elle freine et entrave. Voyez comme il se tient de luimême. Il est déjà plus avancé que l'autre, plus développé. N'est-il pas étrange de voir comme ils sont différents lorsqu'on les regarde de près ? « Le visage d'Adam était transformé comme si la lumière avait à nouveau pénétré en lui et qu'il eût quitté le fond de son marais aux eaux glauques. Il tendit un doigt. L'enfant fit un geste pour s'en emparer, mais il le manqua et faillit tomber de son siège. « Hé là ! dit Adam. Fais attention. Veux-tu donc tomber ? - Ce serait une erreur que de les appeler en fonction des qualités que nous croyons voir en eux, dit Samuel. Nous pourrions nous tromper lourdement. Peut-être serait-il bon de leur donner un nom qui soit un but, un nom qui les conduise. L'homme dont je porte le nom s'est entendu appeler clairement par le Seigneur. J'ai tendu l'oreille toute ma vie et une fois ou deux j'ai cru entendre appeler mon nom, mais c'était faiblement et sans clarté. « Adam, en retenant l'enfant par l'épaule, se pencha et versa du whisky dans les deux verres. « Merci d'être venu, Samuel, dit-il. Je vous remercie de m'avoir frappé. C'est une étrange chose à dire. - C'était pour moi une étrange chose à accomplir. Liza ne me croira pas. Aussi ne le lui dirai-je jamais. Une vérité incroyable peut faire plus de mal qu'un mensonge. Il faut une grande foi pour défendre une vérité inacceptable. Il y a un châtiment pour cela et c'est, en général, la crucifixion. Et je ne me sens pas la force de la supporter. « Adam dit : « Je me suis longtemps demandé comment un homme aussi cultivé que vous pouvait travailler dans ces collines désertiques. - Parce que je n'ai pas de courage, dit Samuel. Je n'ai jamais su accepter les responsabilités. Lorsque j'ai compris que le Seigneur n'appellerait pas mon nom, j'aurais pu appeler le sien, mais je ne l'ai pas tait. C'est là que réside la différence entre la grandeur et la médiocrité. C'est une maladie assez commune. Mais il est agréable pour l'homme médiocre de savoir que la grandeur est sans doute l'état le plus solitaire du monde. - Il y a des degrés dans la grandeur, dit Adam. - Je ne crois pas, répondit Samuel. Cela reviendrait à dire qu'il y a une petite grandeur. Non. Lorsque l'on en arrive a ce point, la grandeur et l'individu sont seuls en face du choix. D'un côté, il y a la chaleur et la promiscuité de l'homme, la douceur d'être compris et, de l'autre, il y a la grandeur, la solitude et le froid. C'est là qu'est le choix. Je suis heureux d'avoir choisi la médiocrité, mais j'ignorerai toujours quelle récompense j'aurais obtenue si j'avais choisi différemment. Aucun de mes enfants ne sera grand, à part Tom peut-être. Actuellement il souffre, car il est à l'époque du choix. C'est un conflit pénible à observer. Pourtant quelque chose en moi souhaite qu'il réponde oui. N'est-il pas étrange le père qui veut voir son fils condamné à la grandeur ? Mon Dieu, quel égoïsme ! « Adam eut un petit rire : « Ce baptême est chose compliquée. - Croyiez-vous qu'il serait simple ? - Je ne savais pas que ce serait aussi agréable «, répondit Adam. Lee arriva avec un plat de poulet frit, un bol de pommes de terre bouillies fumantes et

« nom. » Adam pritmaladroitement l’autreenfant etl’assit sursacuisse. « Ils seressemblent, dit-il.Maisbeaucoup moinslorsqu’on lesregarde deprès.

Celui-ci a les yeux plusronds quecelui-là. – Oui, ilaaussi latête plus ronde etles oreilles plusgrandes, ajoutaSamuel, maisil ressemble plus–comment dire ?–àune balle.

Ilira peut-être plusloin, mais pasaussi haut.

Ilaura lescheveux etlapeau plusfoncés.

Ilsera malin, etc’est unequalité qui limite ledéveloppement del’esprit.

Ellefreine etentrave.

Voyezcomme ilse tient delui- même.

Ilest déjà plus avancé quel’autre, plusdéveloppé.

N’est-ilpasétrange devoir comme ilssont différents lorsqu’onlesregarde deprès ? » Le visage d’Adam étaittransformé commesila lumière avaitànouveau pénétréenlui et qu’il eûtquitté lefond deson marais auxeaux glauques.

Iltendit undoigt.

L’enfant fit un geste pours’enemparer, maisille manqua etfaillit tomber deson siège. « Hé là !ditAdam.

Faisattention.

Veux-tudonctomber ? – Ce serait uneerreur quedeles appeler enfonction desqualités quenous croyons voir en eux, ditSamuel.

Nouspourrions noustromper lourdement.

Peut-êtreserait-ilbonde leur donner unnom quisoit unbut, unnom quilesconduise.

L’hommedontjeporte le nom s’estentendu appelerclairement parleSeigneur.

J’aitendu l’oreille toutemavieet une foisoudeux j’aicru entendre appelermonnom, maisc’était faiblement etsans clarté. » Adam, enretenant l’enfantparl’épaule, sepencha etversa duwhisky danslesdeux verres.

« Merci d’êtrevenu,Samuel, dit-il.Jevous remercie dem’avoir frappé.C’estune étrange choseàdire. – C’était pourmoiuneétrange choseàaccomplir.

Lizaneme croira pas.Aussi nelelui dirai-je jamais.Unevérité incroyable peutfaire plusdemal qu’un mensonge.

Ilfaut une grande foipour défendre unevérité inacceptable.

Ilya un châtiment pourcelaetc’est, en général, lacrucifixion.

Etjene me sens paslaforce delasupporter. » Adam dit : « Je mesuis longtemps demandécomment unhomme aussicultivé quevous pouvait travailler danscescollines désertiques. – Parce quejen’ai pasdecourage, ditSamuel.

Jen’ai jamais suaccepter les responsabilités.

Lorsquej’aicompris queleSeigneur n’appellerait pasmon nom, j’aurais pu appeler lesien, mais jene l’ai pas tait.

C’est làque réside ladifférence entrela grandeur etlamédiocrité.

C’estunemaladie assezcommune.

Maisilest agréable pour l’homme médiocre desavoir quelagrandeur estsans doute l’étatleplus solitaire du monde.

– Il ya des degrés danslagrandeur, ditAdam. – Je necrois pas,répondit Samuel.Celareviendrait àdire qu’il ya une petite grandeur. Non.

Lorsque l’onenarrive ace point, lagrandeur etl’individu sontseuls enface du choix.

D’uncôté,ilya la chaleur etlapromiscuité del’homme, ladouceur d’être compris et,del’autre, ilya la grandeur, lasolitude etlefroid.

C’estlàqu’est lechoix.

Je suis heureux d’avoirchoisilamédiocrité, maisj’ignorerai toujoursquellerécompense j’aurais obtenue sij’avais choisidifféremment.

Aucundemes enfants nesera grand, à part Tom peut-être.

Actuellement ilsouffre, carilest àl’époque duchoix.

C’estun conflit pénible àobserver.

Pourtantquelquechoseenmoi souhaite qu’ilréponde oui. N’est-il pasétrange lepère quiveut voirsonfilscondamné àla grandeur ? MonDieu, quel égoïsme ! » Adam eutunpetit rire : « Ce baptême estchose compliquée. – Croyiez-vous qu’ilserait simple ? – Je nesavais pasque ceserait aussiagréable », réponditAdam. Lee arriva avecunplat depoulet frit,unbol depommes deterre bouillies fumantes et. »

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