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Emile ZOLA (1840-1902). L'Assommoir (extrait)

Publié le 22/03/2011

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     Ce passage est extrait du roman de Zola, L'Assommoir. C'est le jour du mariage de Gervaise et de Coupeau : pour occuper les invités de la noce — tous de condition modeste —, l'un d'entre eux, Monsieur Madinier, a proposé la visite du musée du Louvre.

   C'était très grand, on pouvait se perdre; et lui1, d'ailleurs, connaissait les beaux endroits, parce qu'il était souvent venu avec un artiste, un garçon bien intelligent, auquel une grande maison de cartonnage achetait des dessins, pour les mettre sur des boites. En bas, quand la noce se fut engagée dans le musée assyrien, elle eut un petit frisson. Fichtre! il ne faisait pas chaud ; la salle aurait fait une fameuse cave. Et, lentement, les couples avançaient, le menton levé, les paupières battantes, entre les colosses de pierre, les dieux de marbre noir muets dans leur raideur hiératique, les bêtes monstrueuses, moitié chattes et moitié femmes, avec des figures de mortes, le nez aminci, les lèvres gonflées. Ils trouvaient tout ça très vilain. On travaillait, joliment mieux la pierre au jour d'aujourd'hui. Une inscription en caractères phéniciens les stupéfia. Ce n'était pas possible, personne n'avait jamais lu ce grimoire. Mais M. Madinier, déjà sur le premier palier avec Mme Lorilleux, les appelait, criait sous les voûtes :    « Venez donc. Ce n'est rien, ces machines... C'est au premier qu'il faut voir. «    La nudité sévère de l'escalier les rendit graves. Un huissier superbe, en gilet rouge, la livrée galonnée d'or, qui semblait les attendre sur le palier, redoubla leur émotion. Ce fut avec respect, marchant le plus doucement possible, qu'ils entrèrent dans la galerie française.    Alors, sans s'arrêter, les yeux emplis de l'or des cadres, ils suivirent l'enfilade des petits salons, regardant passer les images, trop nombreuses pour être bien vues. Il aurait fallu une heure devant chacune, si l'on avait voulu comprendre. Que de tableaux, sacredié ! ça ne finissait pas. Il devait y en avoir pour de l'argent. Puis, au bout, M. Madinier les arrêta brusquement devant Le Radeau de la Méduse; et il leur expliqua le sujet. Tous, saisis, immobiles, se taisaient. Quand on se remit à marcher, Boche résuma le sentiment général : c'était tapé.    Vous ferez de ce texte un commentaire composé ; vous pourrez montrer, notamment, par quels moyens l'écrivain nous fait participer aux réactions de ses personnages et vous pourrez dégager les effets de contraste qu'il obtient.

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