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« En avant !

Publié le 01/11/2013

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« En avant !... Mes amis !... En avant ! « cria le docteur. Et, sous les ordres de Pierre et de Luigi, une centaine de miliciens se jetèrent sur les fuyards qui se hâtaient de regagner le rivage. Pris entre les feux du Ferrato et les feux de la ville, ceux-ci durent aussitôt céder. Alors le désordre se mit dans leurs rangs, et on les vit se précipiter vers les sept ou huit embarcations que les bordées du large avaient plus ou moins épargnées. Pierre et Luigi, au milieu de la mêlée, visaient surtout à s'emparer d'un homme entre tous. Cet homme, c'était Sarcany. Mais ils voulaient l'avoir vivant, et ils n'échappèrent que par miracle aux coups de revolver que ce misérable déchargea plusieurs fois sur eux. Cependant, il semblait que le sort allait encore une fois le soustraire à leur justice. Sarcany et le chef des Senoûsistes, suivis d'une dizaine de leurs compagnons, étaient parvenus à regagner une petite polacre, dont l'amarre venait d'être larguée et qui déjà manoeuvrait afin de regagner la haute mer. Le Ferratoétait trop loin pour qu'on pût lui signaler de la poursuivre, et elle allait s'échapper. En ce moment, Cap Matifou aperçut une pièce de campagne, démontée de son affût, qui gisait sur le sable. Se précipiter sur cette pièce encore chargée, la hisser, avec une force surhumaine, sur une des roches, s'arc-bouter pour la maintenir en place en la tenant par ses tourillons, puis, d'une voix de tonnerre, s'écrier : « À moi, Pescade, à moi ! « ce fut l'affaire d'un instant. Pointe Pescade entendit l'appel de Cap Matifou, il vit ce qu'avait fait « son Cap «, il le comprit, il accourut, et, après avoir pointé sur la polacre le canon que soutenait cet affût vivant, il tira. Le projectile atteignit l'embarcation dans sa coque et la fracassa... L'Hercule ne fut pas même ébranlé par le recul de la pièce. Le chef des Senoûsistes et ses compagnons, précipités dans les flots, se noyèrent pour la plupart. Quand à Sarcany, il se débattait au milieu du ressac, lorsque Luigi se jeta à la mer. Un instant après, Sarcany était remis entre les larges mains de Cap Matifou qui se refermèrent sur lui. La victoire était complète. Des deux mille assaillants, qui s'étaient jetés sur l'île, à peine quelques centaines purent-ils échapper au désastre et regagner les rivages de la Cyrénaïque. De longtemps, on pouvait l'espérer, Antékirtta ne serait plus menacée d'une descente de ces pirates. Chapitre 5 Justice Le comte Mathias Sandorf avait payé à Maria et à Luigi Ferrato sa dette de reconnaissance. Mme Bathory, Pierre, Sava, étaient enfin réunis. Après avoir récompensé, il ne restait plus qu'à punir. Pendant les quelques jours qui suivirent la défaite des Senoûsistes, le personnel de l'île s'employa activement à tout remettre en état. À part quelques blessures sans gravité, Pierre, Luigi, Pointe Pescade et Cap Matifou - c'est-à-dire tous ceux qui ont été plus intimement mêlés aux événements de ce drame - étaient sains et saufs. Qu'ils ne se fussent pas ménagés, cependant, on peut en avoir l'assurance. Aussi quelle joie ce fut, quand ils se retrouvèrent dans le hall du Stadthaus avec Sava Sandorf, Maria Ferrato, Mme Bathory et son vieux serviteur Borik. Après avoir rendu les derniers devoirs à ceux qui venaient de succomber dans la lutte, la petite colonie allait pouvoir reprendre le cours de cette existence heureuse, que rien ne viendrait plus troubler sans doute. La défaite des Senoûsistes avait été désastreuse, et Sarcany, qui les avait excités à cette campagne contre Antékirtta, ne serait plus là pour leur souffler ses idées de haine et de vengeance. Le docteur, d'ailleurs, allait s'occuper de compléter à bref délai son système de défense. Non seulement Artenak serait promptement mise à l'abri d'un coup de main, mais l'île elle-même n'offrirait plus un seul point de son périmètre sur lequel un débarquement pût s'opérer. On s'occuperait, en outre, d'y attirer de nouveaux colons, auxquels les richesses de son sol devaient garantir un réel bien-être. En attendant, rien ne pouvait plus mettre obstacle au mariage de Pierre Bathory et de Sava Sandorf. La cérémonie avait été fixée au 9 décembre : elle s'accomplirait à cette date. Aussi Pointe Pescade reprit-il activement ses préparatifs de réjouissances, interrompus par l'invasion des pirates de la Cyrénaïque. Cependant, sans autre délai, il s'agissait de statuer sur le sort de Sarcany, de Silas Toronthal et de Carpena. Séparément emprisonnés dans les casemates du fortin, ils ignoraient même qu'ils fussent tous trois au pouvoir du docteur Antékirtt. Le 6 décembre, deux jours après la retraite des Senoûsistes, le docteur les fit comparaître dans le hall du Stadthaus, où il se tenait à l'écart avec Pierre et Luigi. Ce fut là que les prisonniers se virent pour la première fois, devant le tribunal d'Artenak, composé des premiers magistrats de l'île, sous la garde d'un détachement de miliciens. Carpena paraissait inquiet ; mais, n'ayant rien perdu de sa physionomie sournoise, il jetait des regards furtifs, à droite, à gauche, et n'osait lever les yeux sur ses juges. Silas Toronthal, très abattu, baissait la tête, et, instinctivement, fuyait le contact de son ancien complice. Sarcany n'avait qu'un sentiment - la rage d'être tombé entre les mains de ce docteur Antékirtt. Luigi, s'avançant alors devant les juges, prit la parole, et s'adressant à l'Espagnol : « Carpena, dit-il, je suis Luigi Ferrato, le fils du pêcheur de Rovigno, que ta délation a envoyé au bagne de Stein, où il est mort ! « Carpena s'était un instant redressé. Un premier mouvement de colère lui fit monter le sang aux yeux. Ainsi, c'était bien Maria qu'il avait cru reconnaître dans les ruelles du Manderaggio, à Malte, et c'était Luigi Ferrato, son frère, qui lui jetait cette accusation. Pierre s'avança à son tour, et, tout d'abord, tendant le bras vers le banquier : « Silas Toronthal, dit-il, je suis Pierre Bathory, le fils d'Étienne Bathory, le patriote hongrois, que, d'accord avec Sarcany, votre complice, vous avez lâchement dénoncé à la police autrichienne de Trieste, et que vous avez envoyé à la mort ! « Puis, à Sarcany : « Je suis Pierre Bathory que vous avez tenté d'assassiner dans les rues de Raguse ! Je suis le fiancé de Sava, fille du comte Mathias Sandorf, que vous avez fait enlever, il y a quinze ans, du

« Chapitre 5 Justice Le comte Mathias SandorfavaitpayéàMaria etàLuigi Ferrato sadette dereconnaissance. Mme Bathory, Pierre,Sava,étaient enfinréunis.

Aprèsavoirrécompensé, ilne restait plusqu’à punir.

Pendant lesquelques joursquisuivirent ladéfaite desSenoûsistes, lepersonnel del’île s’employa activement àtout remettre enétat.

Àpart quelques blessures sansgravité, Pierre, Luigi, Pointe Pescade etCap Matifou –c’est-à-dire tousceux quiont étéplus intimement mêlés aux événements decedrame –étaient sainsetsaufs.

Qu’ilsnesefussent pasménagés, cependant, onpeut enavoir l’assurance.

Aussiquelle joiecefut, quand ilsse retrouvèrent dans le hall duStadthaus avecSava Sandorf, MariaFerrato, Mme Bathory etson vieux serviteur Borik.

Aprèsavoirrendu lesderniers devoirsàceux quivenaient desuccomber danslalutte, la petite colonie allaitpouvoir reprendre lecours decette existence heureuse, querien ne viendrait plustroubler sansdoute.

Ladéfaite desSenoûsistes avaitétédésastreuse, etSarcany, qui lesavait excités àcette campagne contreAntékirtta, neserait pluslàpour leursouffler ses idées dehaine etde vengeance.

Ledocteur, d’ailleurs, allaits’occuper decompléter àbref délai son système dedéfense.

Nonseulement Artenakseraitpromptement miseàl’abri d’uncoup de main, maisl’îleelle-même n’offriraitplusunseul point deson périmètre surlequel un débarquement pûts’opérer.

Ons’occuperait, enoutre, d’yattirer denouveaux colons, auxquels lesrichesses deson soldevaient garantirunréel bien-être. En attendant, riennepouvait plusmettre obstacle aumariage dePierre Bathory etde Sava Sandorf.

Lacérémonie avaitétéfixée au9décembre : elles’accomplirait àcette date.

Aussi Pointe Pescade reprit-ilactivement sespréparatifs deréjouissances, interrompusparl’invasion des pirates delaCyrénaïque. Cependant, sansautre délai, ils’agissait destatuer surlesort deSarcany, deSilas Toronthal et de Carpena.

Séparément emprisonnés danslescasemates dufortin, ilsignoraient mêmequ’ils fussent toustrois aupouvoir dudocteur Antékirtt. Le 6décembre, deuxjours après laretraite desSenoûsistes, ledocteur lesfitcomparaître dans le hall duStadthaus, oùilse tenait àl’écart avecPierre etLuigi. Ce fut làque lesprisonniers sevirent pourlapremière fois,devant letribunal d’Artenak, composé despremiers magistrats del’île, sous lagarde d’undétachement demiliciens. Carpena paraissait inquiet ;mais,n’ayant rienperdu desaphysionomie sournoise,iljetait des regards furtifs,àdroite, àgauche, etn’osait leverlesyeux surses juges. Silas Toronthal, trèsabattu, baissait latête, et,instinctivement, fuyaitlecontact deson ancien complice.

Sarcany n’avaitqu’unsentiment –la rage d’être tombé entrelesmains decedocteur Antékirtt. Luigi, s’avançant alorsdevant lesjuges, pritlaparole, ets’adressant àl’Espagnol : « Carpena, dit-il,jesuis Luigi Ferrato, lefils dupêcheur deRovigno, quetadélation aenvoyé au bagne deStein, oùilest mort ! » Carpena s’étaituninstant redressé.

Unpremier mouvement decolère luifitmonter lesang aux yeux.

Ainsi, c’était bienMaria qu’ilavait crureconnaître danslesruelles duManderaggio, à Malte, etc’était LuigiFerrato, sonfrère, quiluijetait cetteaccusation. Pierre s’avança àson tour, et,tout d’abord, tendantlebras verslebanquier : « Silas Toronthal, dit-il,jesuis Pierre Bathory, lefils d’Étienne Bathory,lepatriote hongrois, que, d’accord avecSarcany, votrecomplice, vousavezlâchement dénoncéàla police autrichienne deTrieste, etque vous avezenvoyé àla mort ! » Puis, àSarcany : « Je suisPierre Bathory quevous aveztenté d’assassiner danslesrues deRaguse ! Jesuis le fiancé deSava, filleducomte Mathias Sandorf, quevous avezfaitenlever, ilya quinze ans,du. »

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