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Engels, sur les journées de juin 1848 - texte

Publié le 14/04/2013

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Friedrich Engels, qui participe au mouvement révolutionnaire allemand, commente le « Printemps des peuples « à Paris pour le journal rhénan, Die Neue Rheinische Zeitung. Dans la livraison du 29 juin, il dénonce la répression, accuse les traîtres de la Garde Républicaine (tombés du côté des bourreaux) et fustige les républicains frileux de février 1848. A contrario, il célèbre l’héroïsme des ouvriers insurgés qui viennent de mener une des « batailles rangées décisives du prolétariat «, héroïsme érigé au rang de mythe.

À propos des journées de juin 1848 par Friedrich Engels

 

[…]

 

 

Mais comme tout le remue-ménage actuel à Paris semble méprisable quand on voit comment ces anciens mendiants, vagabonds, escrocs, gamins et petits voleurs de la garde mobile que tous les bourgeois traitaient en mars et en avril de bande de brigands capables des actes les plus répréhensibles, de coquins qu’on ne pouvait supporter longtemps, sont maintenant choyés, vantés, récompensés, décorés parce que ces « jeunes héros «, ces « enfants de Paris « dont la bravoure est incomparable, qui escaladent les barricades avec le courage le plus brillant, etc., parce que ces étourdis de combattants des barricades de Février tirent maintenant tout aussi étourdiment sur le prolétariat travailleur qu’ils tiraient auparavant sur les soldats, parce qu’ils se sont laissé soudoyer pour massacrer leurs frères à raison de 30 sous par jour ! Honneur à ces vagabonds soudoyés, parce que pour 30 sous par jour ils ont abattu la partie la meilleure, la plus révolutionnaire des ouvriers parisiens !

 

 

La bravoure avec laquelle les ouvriers se sont battus est vraiment admirable. Trente à quarante mille ouvriers qui tiennent trois jours entiers contre plus de quatre-vingt mille hommes de troupe et cent mille hommes de garde nationale, contre la mitraille, les obus et les fusées incendiaires, contre la noble expérience guerrière de généraux qui n’ont pas honte d’employer les moyens algériens ! Ils ont été écrasés et, en grande partie, massacrés. On ne rendra pas à leurs morts les honneurs comme aux morts de Juillet et de Février ; mais l’histoire assignera une tout autre place aux victimes de la première bataille rangée décisive du prolétariat.

 

 

Source : Engels (F.), Les Journées de juin 1848, Éditions sociales, 1974, et Newe Rheiniache Zeitung (Nouvelle Gazette rhénane, 28 juin / 2 juillet 1848).

 

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