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Fleur du désert

Publié le 26/04/2011

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Vous donnerez de ce texte un commentaire composé, en essayant notamment de montrer comment, dans ce portrait de petite fille arabe, le réalisme s'unit intimement à la poésie.    Fleur du désert    La petite fille que nous avions remarquée se tenait assise contre un mur éboulé d'argile crue, quelques cubes moulés à la main, à demi effrités et fondus, ce qui demeure d'un logis indigène après une courte pluie et une longue sécheresse. Elle pouvait compter cinq ans d'âge, et resplendissait de coquetterie mélancolique. Ses chevilles de biche, croisées, jouaient dans des khalkhals d'argent grossier; à ses bras tintaient des fils tors de métal, et nous touchâmes, avec une curiosité de barbares, ses petits pieds encroûtés de la vase du ruisseau, ses mains précieuses jamais lavées, brunies de henné. Elle avait de grands sourcils démesurés, peints en noir vif sur son front, une bouche fière aux commissures charnues, bien endentée, et des yeux sans âge, langoureux entre les cils épaissis de fard. Une étoile bleue marquait chaque ronde pommette, une flèche bleue divisait le menton. Des signes bleus, groupés, prolongeaient entre les yeux la ligne des sourcils. Un haillon rougeâtre, tordu sur les cheveux, laissait voir deux minuscules tresses poussiéreuses, arrondies sur l'oreille en cornes de bélier; d'autrfes lambeaux de cotonnade livraient aux regards ici un genou délié, là un flanc creux de petit lévrier. Le talus éboulé imitait exactement le ton de sa peau, un jaune clair mystérieusement mêlé de rose, et la petite fille immobile semblait née l'instant d'avant, fraîchement pétrie d'argile blonde, modelée d'une poignée de désert.    Colette, Prisons et paradis.

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