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Gabriel Que me voulez-vous?

Publié le 11/04/2014

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Gabriel Que me voulez-vous? ne me touchez pas, monsieur, ou vous êtes mort! ASTOLPHE. Malepeste! que vous avez le réveil farouche, mon beau cousin! Vous avez failli me percer la main. GABRIEL, sèchement et sautant à bas de son lit. Mais aussi, que me vouliez-vous? Quelle fantaisie vous prend de m'éveiller en sursaut? C'est une fort sotte plaisanterie. ASTOLPHE. Oh! oh! cousin! ne nous fâchons pas. Il est possible que je sois un sot plaisant, mais je n'aime pas beaucoup à me l'entendre dire. Croyez-moi, ne nous brouillons pas avant de nous connaître. Si vous voulez que je vous le dise, la relique que vous avez au cou me divertissait... J'ai eu tort peut-être; mais ne me demandez pas d'excuses, je ne vous en ferai pas. GABRIEL. Si ce colifichet vous fait envie, je suis prêt à vous le donner. Mon père en mourant me le mit au cou, et longtemps il m'a été précieux; mais, depuis quelque temps, je n'y tiens plus guère. Le voulez-vous? ASTOLPHE. Non! Que voulez-vous que j'en fasse? Mais savez-vous que ce n'est pas bien, ce que vous dites là? La mémoire d'un père devrait vous être sacrée. GABRIEL. C'est possible! mais une idée!... Chacun a les siennes! ASTOLPHE. Eh bien! moi, qui ne suis qu'un mauvais sujet, je ne voudrais pas parler ainsi. J'étais bien jeune aussi quand je perdis mon père; mais tout ce qui me vient de lui m'est précieux. GABRIEL. Je le crois bien! ASTOLPHE. Je vois que vous ne songez ni à ce que vous me dites ni à ce que je vous réponds. Vous êtes préoccupé? à votre aise! fatigué peut-être! Buvez un gobelet de vin. Il n'est pas trop mauvais pour du vin de prison. GABRIEL. Je ne bois jamais de vin. ASTOLPHE. SCÈNE II. 29 Gabriel J'en étais sûr! à ce régime-là votre barbe ne poussera jamais, mon cher enfant. GABRIEL. C'est fort possible; la barbe ne fait pas l'homme. ASTOLPHE. Elle y contribue du moins beaucoup; cependant vous êtes en droit de parler comme vous faites. Vous avez le menton comme le creux de ma main, et vous êtes, je crois, plus brave que moi. GABRIEL. Vous croyez? ASTOLPHE. Drôle de garçon! c'est égal, un peu de barbe vous ira bien. Vous verrez que les femmes vous regarderont d'un autre oeil. GABRIEL, haussant les épaules. Les femmes? ASTOLPHE. Oui. Est-ce que vous n'aimez pas non plus les femmes? GABRIEL. Je ne peux pas les souffrir. ASTOLPHE, riant. Ah! ah! qu'il est original! Alors qu'est-ce que vous aimez? le grec, la rhétorique, la géométrie, quoi? GABRIEL. Rien de tout cela. J'aime mon cheval, le grand air, la musique, la poésie, la solitude, la liberté avant tout. ASTOLPHE. Mais c'est très-joli, tout cela! Cependant je vous aurais cru tant soit peu philosophe. GABRIEL. Je le suis un peu. ASTOLPHE. Mais j'espère que vous n'êtes pas égoïste? SCÈNE II. 30

« J'en étais sûr! à ce régime-là votre barbe ne poussera jamais, mon cher enfant. GABRIEL. C'est fort possible; la barbe ne fait pas l'homme. ASTOLPHE. Elle y contribue du moins beaucoup; cependant vous êtes en droit de parler comme vous faites.

Vous avez le menton comme le creux de ma main, et vous êtes, je crois, plus brave que moi. GABRIEL. Vous croyez? ASTOLPHE. Drôle de garçon! c'est égal, un peu de barbe vous ira bien.

Vous verrez que les femmes vous regarderont d'un autre oeil. GABRIEL, haussant les épaules. Les femmes? ASTOLPHE. Oui.

Est-ce que vous n'aimez pas non plus les femmes? GABRIEL. Je ne peux pas les souffrir. ASTOLPHE, riant. Ah! ah! qu'il est original! Alors qu'est-ce que vous aimez? le grec, la rhétorique, la géométrie, quoi? GABRIEL. Rien de tout cela.

J'aime mon cheval, le grand air, la musique, la poésie, la solitude, la liberté avant tout. ASTOLPHE. Mais c'est très-joli, tout cela! Cependant je vous aurais cru tant soit peu philosophe. GABRIEL. Je le suis un peu. ASTOLPHE. Mais j'espère que vous n'êtes pas égoïste? Gabriel SCÈNE II.

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