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Harmonie du soir (1867). BAUDELAIRE

Publié le 21/06/2011

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baudelaire

Dans les nuances si ténues et dans la disposition rythmique, on croirait déjà trouver ce que Verlaine, Samain, H. de Régnier, etc., nous présentent de plus original. C'est là vraiment que Baudelaire apparaît comme un précurseur.

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir; Valse mélancolique et langoureux vertige! Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige; Valse mélancolique et langoureux vertige! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige, Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.... Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vertige! Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.... Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une harmonieuse poésie, dans laquelle Baudelaire apparaît comme un précurseur des poètes symbolistes. — Quelles indications vous fournit déjà le titre même du morceau ? Par quoi se distingue cette poésie? (Par son harmonie berceuse...); Verlaine a dit, plus tard : De la musique encore, et toujours. (Montrez que, déjà, Baudelaire avait senti la nécessité de pénétrer de musique la poésie); Toutefois, ne note-t-il que des sons? Ne note-t-il pas aussi, et par de fines nuances, les parfums et les couleurs? (Heureux mélange des impressions de l'ouïe, de l'odorat et de la vue... — à préciser); Quelle sensation produit en vous la lecture de cette poésie? (sensation de valse et de vertige...).

II. — L'analyse de la poésie.— Cette poésie résiste en quelque sorte à l'analyse; il est impossible d'en établir le plan. Cependant, indiquez le vers qui vous paraît exprimer l'idée essentielle, dans chaque strophe (Ire strophe : Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; 2e strophe :...); Montrez que la répétition de deux vers, d'une strophe à l'autre, donne au poème une allure de berceuse mélancolique.

III. — Le style; — les expressions. — Faites ressortir les qualités essentielles du style, dans cette poésie : a) l'harmonie : ...Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir... ; Valse mélancolique et langoureux vertige..., — la pureté, — la clarté (on peut appliquer à Baudelaire le qualificatif : poète impeccable, qu'il donnait à Th. Gautier, dans sa dédicace des Fleurs du mal. Il condamnait d'ailleurs les improvisations, et ne comptait, pour réussir, que sur un travail soutenu...) ; Montrez que le poète, en faisant usage de mots empruntés au vocabulaire des cérémonies catholiques (encensoir, reposoir, ostensoir), donne à son poème une sorte de caractère religieux, tout empreint de calme et de mystère; Indiquez les principales images contenues dans chaque strophe (chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir...; Expliquez les expressions : langoureuse vertige, - s'est noyé dans son sang qui se fige.

IV. — La grammaire. — Indiquez quelques mots de la même famille que encensoir, — que vertige; — Quelles sont les propositions contenues dans les deux derniers vers de la dernière strophe? nature et, s'il y a lieu, fonction de chacune d'elles.

Rédaction. — Un beau soir d'été, à la campagne notez les bruits divers que vous entendes, et qui se fondent en une harmonie.

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