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Insomnie

Publié le 24/04/2011

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   Je dis : ma Mère. Et c'est à vous que je pense, ô Maison! Maison des beaux étés obscurs de mon enfance, à vous Qui n'avez jamais grondé ma mélancolie, à vous Qui saviez si bien me cacher aux regards cruels, ô Complice, douce complice Que n'ai-je rencontré Jadis, en ma jeune saison murmurante, une fille A l'âme étrange, ombragée et fraîche comme la vôtre Aux yeux transparents, amoureux de lointains de cristal, Beaux, consolants à voir dans le demi-jour de l'été! Ah! j'ai respiré bien des âmes, mais nulle n'avait Cette bonne odeur de nappe froide et de pain doré Et de vieille fenêtre ouverte aux abeilles de juin! Ni cette sainte voix de midi sonnant dans les fleurs ! Ah ces visages follement baisés! ils n'étaient pas Comme le vôtre, ô femme de jadis sur la colline! Leurs yeux n'étaient pas la belle rosée ardente et sombre Qui rêve en vos jardins et me regarde jusqu'au cœur Là-bas, au paradis perdu de ma pleureuse allée Où d'une voix voilée l'oiseau de l'enfance m'appelle Où l'obscurcissement du matin d'été sent la neige.    Milosz, Symphonies

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