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- Je vais te le dire.

Publié le 30/10/2013

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- Je vais te le dire. « Elle prit une intonation caressante et roucoulante et dit : « Viens, mon bébé. Mets ta tête sur les genoux de maman. Viens, mon fils, maman va te bercer. « Elle lui attira la tête, et soudain Aron se mit à pleurer sans pouvoir s'arrêter. Il pleura calmement, et Abra lui caressa la joue et essuya le flot de larmes avec le bord de sa jupe. Le soleil descendait là-bas, au-delà de la Salinas, et un oiseau se mit à chanter un chant merveilleux. C'était plus beau sous les branches du saule que n'importe où au monde. Lentement, les larmes d'Aron tarirent, et il se sentit heureux. « Mon cher petit bébé, dit Abra, viens que maman te peigne les cheveux. « Aron se redressa et dit avec une pointe de colère : « Je ne pleure jamais, sauf quand je suis furieux. Je ne sais pas pourquoi j'ai pleuré. « Abra demanda : « Tu te rappelles ta mère ? - Non, elle est morte quand je n'étais qu'un tout petit bébé. - Tu ne sais pas comment elle était ? - Non. - Tu n'as pas vu de portrait ? - Non, je te dis. On n'a pas de portrait. J'ai demandé à Lee et il a répondu que l'on n'en avait pas. Attends, je crois plutôt que c'est Cal qui a demandé à Lee. - Quand est-elle morte ? - Juste après que Cal et moi soyons nés. - Comment s'appelait-elle ? - Lee dit qu'elle s'appelait Cathy. Pourquoi tu me demandes tout ça ? - Comment elle avait la peau ? Continua calmement Abra. - Quoi ? - Elle était brune ou blonde ? - Je n'en sais rien. - Ton père ne te l'a pas dit ? - On ne lui a jamais demandé. « Abra resta silencieuse, et Aron s'inquiéta. « Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as perdu ta langue ? « Abra regardait le soleil qui se couchait. Aron demanda, embarrassé : « Tu m'en veux ? (Et il ajouta, à titre d'essai) : Ma femme. - Non, je ne t'en veux pas. Je me demande. " - Quoi ? - Quelque chose. « Le visage d'Abra était tendu et reflétait un conflit intérieur. Elle demanda : « Quel effet ça fait de ne pas avoir de mère ? - Je ne sais pas. On ne se rend pas compte. - Tu ne fais pas de différence ? - Où veux-tu en venir ? On dirait une devinette. « Abra continua, imperturbable : « Est-ce que tu voudrais avoir une mère ? - C'est idiot, dit Aron. Evidemment, je voudrais. Tout le monde voudrait. Est-ce que tu essaies de me faire du mal ? Cal essaie quelquefois, et après il rit. « Abra quitta des yeux le soleil couchant. Des taches violettes dansaient devant elle. « Tu m'as dit que tu pouvais garder des secrets. - Oui, je peux. - Est-ce que tu as un secret « si je mens je vais en enfer « ? - Oui, j'en ai un. - Dis-le-moi, Aron. « Elle mit une caresse sur son nom. - Te dire quoi ? - Dis-moi ton secret le plus juré et le plus « craché «. Aron se recula, inquiet. « Je ne peux pas, dit-il. De quel droit me le demandes-tu ? Je ne le dirai à personne. - Allons, mon bébé, dis-le à maman «, susurra-t-elle. Les yeux d'Aron s'embuèrent de larmes, des larmes de colère. « Je ne sais plus si j'ai toujours envie de t'épouser, dit-il. Je crois que je vais rentrer à la maison. « Abra posa la main sur son poignet et l'y maintint. Elle reprit sa voix normale. « Je voulais te mettre à l'épreuve. Je vois que tu sais garder un secret. - Pourquoi tu as fait ça ? Je suis furieux maintenant. J'ai mal au coeur. - Je crois que je vais te confier un secret, dit-elle. - Tiens ! Se moqua-t-il. Qui est-ce qui ne sait pas garder les secrets ? - J'essayais de me décider, dit-elle. Mais je crois que je vais te le dire parce qu'il te fera du bien. Tu seras content. - Et qui t'a dit de ne pas le dire ? - Personne. Je me le suis dit à moi. - Alors, c'est différent. Qu'est-ce que c'est ? « Le soleil rouge lançait un dernier rayon derrière la maison des Tollot, sur la route de Blanco et la cheminée se dressait comme un pouce noir sur le ciel. Abra dit doucement : « Tu te rappelles le jour où nous sommes allés chez toi ? - Tu penses ! - Eh bien, dans le boghei, je me suis endormie et je me suis réveillée, mais mon père et ma mère ne l'ont pas remarqué. Ils étaient en train de dire que ta mère n'était pas morte, qu'elle était partie. Ils ont dit qu'il avait dû lui arriver quelque chose de mal et qu'elle était partie. « Aron dit d'une voix rauque : « Elle est morte. - Ça serait bien si elle ne l'était pas. - Mon père dit qu'elle est morte. Ce n'est pas un menteur. - Peut-être qu'il croit qu'elle est morte. - Il le saurait. « Mais il y avait une sorte d'incertitude dans sa voix. Abra dit : « Ne serait-ce pas bien si l'on pouvait la retrouver ? Suppose qu'elle ait perdu la mémoire ou je ne sais quoi. J'ai lu une histoire comme ça. On pourrait la retrouver et ça lui redonnerait la mémoire. « La splendeur du roman l'empoignait et la soulevait comme une vague. Aron dit : « Je demanderai à mon père. - Aron. Dit-elle sévèrement, ce que je t'ai dit est un secret. - Qui est-ce qui le dit ? - Moi. Tu vas répéter après moi : « Croix de bois, « croix de fer, si je mens, je vais en enfer. « Il hésita un instant, puis répéta : « Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. - Maintenant, crache-toi dans ta main... Comme ça... Voilà. Maintenant, donne-moi ta main... Tu vois ? Maintenant on mélange notre crachat et on s'essuie la main sur les cheveux. « Ils exécutèrent le rite, puis Abra dit solennellement : « J'ai connu une fille qui a dit un secret après ce serment et elle a brûlé dans une grange. « Le soleil avait disparu, emportant sa lumière dorée. L'étoile du berger scintillait au-

« Elle mitune caresse surson nom. – Te direquoi ? – Dis-moi tonsecret leplus juréetleplus « craché ». Aron serecula, inquiet. « Je nepeux pas,dit-il.

Dequel droit meledemandes-tu ? Jene ledirai àpersonne. – Allons, monbébé, dis-le àmaman », susurra-t-elle. Les yeux d’Aron s’embuèrent delarmes, deslarmes decolère. « Je nesais plus sij’ai toujours enviedet’épouser, dit-il.Jecrois quejevais rentrer àla maison. » Abra posalamain surson poignet etl’y maintint.

Ellereprit savoix normale. « Je voulais temettre àl’épreuve.

Jevois quetusais garder unsecret. – Pourquoi tuas fait ça ? Jesuis furieux maintenant.

J’aimal aucœur. – Je crois quejevais teconfier unsecret, dit-elle. – Tiens ! Semoqua-t-il.

Quiest-ce quinesait pasgarder lessecrets ? – J’essayais deme décider, dit-elle.Maisjecrois quejevais teledire parce qu’iltefera du bien.

Tuseras content. – Et quit’adit dene pas ledire ? – Personne.

Jeme lesuis ditàmoi. – Alors, c’estdifférent.

Qu’est-ce quec’est ? » Le soleil rouge lançait undernier rayonderrière lamaison desTollot, surlaroute de Blanco etlacheminée sedressait commeunpouce noirsurleciel. Abra ditdoucement : « Tu terappelles lejour oùnous sommes alléscheztoi ? – Tu penses ! – Eh bien, dansleboghei, jeme suis endormie etjeme suis réveillée, maismonpèreet ma mère nel’ont pasremarqué.

Ilsétaient entrain dedire quetamère n’était pas morte, qu’elleétaitpartie.

Ilsont ditqu’il avait dûlui arriver quelque chosedemal et qu’elle étaitpartie. » Aron ditd’une voixrauque : « Elle estmorte. – Ça serait biensielle nel’était pas. – Mon pèreditqu’elle estmorte.

Cen’est pasunmenteur. – Peut-être qu’ilcroit qu’elle estmorte. – Il lesaurait. » Mais ilyavait unesorte d’incertitude danssavoix. Abra dit : « Ne serait-ce pasbien sil’on pouvait laretrouver ? Supposequ’elleaitperdu la mémoire oujene sais quoi.

J’ailuune histoire commeça.On pourrait laretrouver etça lui redonnerait lamémoire. » La splendeur duroman l’empoignait etlasoulevait commeunevague.

Arondit : « Je demanderai àmon père. – Aron.

Dit-ellesévèrement, ceque jet’ai ditest unsecret. – Qui est-ce quiledit ? – Moi.

Tuvas répéter aprèsmoi :« Croix debois, « croix defer, sije mens, jevais en enfer. » Il hésita uninstant, puisrépéta : « Croix debois, croix defer, sije mens jevais enenfer. – Maintenant, crache-toidanstamain… Comme ça…Voilà.

Maintenant, donne-moita main… Tuvois ? Maintenant onmélange notrecrachat eton s’essuie lamain surles cheveux. » Ils exécutèrent lerite, puis Abra ditsolennellement : « J’aiconnu unefille quiadit un secret aprèsceserment etelle abrûlé dansunegrange. » Le soleil avaitdisparu, emportant salumière dorée.L’étoile duberger scintillait au-. »

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