Devoir de Philosophie

J.K. Huysmans, Les soeurs Vatard

Publié le 28/03/2011

Extrait du document

huysmans

Analyse du 2e sujet Parties du programme abordées: - Le XIXe siècle. - Joris-Karl Huysmans. Conseils pratiques: On pourra étudier successivement le «réalisme« de la description (exactitude des détails, des mots utilisés, etc.) et la métamorphose du réel grâce au jeu des images (qui «animalisent« la machine, comme chez Zola). On s'interrogera enfin sur les intentions du romancier : quel effet veut-il produire ? Difficulté du sujet: ** De la fenêtre d'un appartement, le narrateur décrit le spectacle qu'offre la gare Montparnasse un soir de l'été 1879. Deux locomotives manœuvraient, mugissant, sifflant, demandant leur route. L'une se promenait lentement, éructant par son tuyau des gerbes de flammèches, pissant à petits coups, laissant tomber, de son bas-ventre ouvert, des braises, gouttes à gouttes. Puis une vapeur rouge l'enveloppa du faîte aux roues, sa bouche béante flambait et, se redressant et se recourbant, une ombre noire passait devant l'éblouissement de la fournaise, bourrant la gueule de la bête de pelletées de tourbe. Elle rugissait, et grondait soufflant plus fort, la panse arrondie et suante, et dans le grommellement de ses flancs, le cliquetis de la pelle sur le fer de sa bouche sonnait plus clair. L'autre machine courait dans un tourbillon de fumée et de flammes, appelant l'aiguilleur pour qu'il la dirigeât sur une voie de garage, signalée au loin par le feu jaune d'un disque, et elle ralentissait sa marche, dardant des jets de vapeur blanche, faisant onduler sur le zigzag d'un rail qui reliait deux voies, la jupe de son tender, piquée d'un rubis saignant. Sur le côté, une luciole verte scintillait, indiquant une bifurcation, et des sifflets, tantôt aigus et comme impatientés, tantôt étouffés et comme implorants, se croisaient. Un son de trompe courut, se répercuta, s'affaiblit et de nouveau brama, d'intervalles en intervalles. Les gardiens fermaient les barrières du passage à niveau, - un train de grande ligne s'avançait au loin. Un renâclement farouche, un cri strident, trois fois répété, déchira la nuit, puis deux fanaux, semblables à d'énormes yeux, coururent sur le rail qui miroita, à mesure que le train roulait. La terre trembla, et, dans une buée blanche, tisonnée d'éclairs, dans une rafale de poussière et de cendre, dans un éclaboussement d'étincelles, le convoi jaillit avec un épouvantable fracas de ferrailles secouées, de chaudières hurlantes, de pistons en branle ; il fila sous la fenêtre, son grondement de tonnerre s'éteignit, I on n'aperçut bientôt plus que les trois lanternes rouges du dernier wagon, et alors retentit le bruit saccadé des voitures sautant sur les plaques tournantes. J.K. Huysmans, Les sœurs Vatard. Vous ferez de ce texte un commentaire composé en vous attachant par exemple à montrer comment l'art de la description permet la transfiguration du réel.

Liens utiles