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Keraban Le Tetu, Vol.

Publié le 12/04/2014

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Keraban Le Tetu, Vol. II --Il refuse? ... dit Ahmet. --Oui! ... sous ce pretexte que le domicile de Keraban, et, par consequent, celui d'Ahmet, n'est point a Scutari, mais a Constantinople! --A Constantinople? repeta Keraban, dont les soucils commencerent a se froncer. --Or, reprit Selim, c'est aujourd'hui le dernier jour assigne au mariage de ma fille pour qu'elle puisse entrer en possession de la fortune qui lui a ete leguee! Il faut donc, sans perdre un instant, nous rendre chez le juge qui recevra le contrat a Constantinople! --Partons! dit Ahmet en se dirigeant vers la porte. --Partons! ajouta Amasia qui le suivait deja. --Seigneur Keraban, est-ce que cela vous contrarierait de nous accompagner?" demanda la jeune fille. Le seigneur Keraban etait immobile et silencieux. "Eh bien, mon oncle? dit Ahmet en revenant. --Vous ne venez pas? dit Selim. --Faut-il donc que j'emploie la force? ajouta Amasia, qui prit doucement le bras de Keraban. --J'ai fait preparer un caique, dit Selim, et nous n'avons qu'a traverser le Bosphore! --Le Bosphore?" s'ecria Keraban. Puis, d'un ton sec: "Un instant! dit-il, Selim, est-ce que cette taxe de dix paras par tete est toujours exigee de ceux qui traversent le Bosphore? --Oui, sans doute, ami Keraban, dit Selim. Mais, maintenant que vous avez joue ce bon tour aux autorites ottomanes, d'etre alle de Constantinople a Scutari sans payer, je pense que vous ne refuserez pas.... --Je refuserai! repondit nettement Keraban. --Alors on ne vous laissera pas passer! reprit Selim --Soit! ... Je ne passerai pas! --Et notre mariage ... s'ecria Ahmet, notre mariage qui doit etre fait aujourd'hui meme? --Vous vous marierez sans moi! --C'est impossible! Vous etes mon tuteur, oncle Keraban, et, vous le savez bien, votre presence est indispensable! --Eh bien, Ahmet, attends que j'aie fait etablir mon domicile a Scutari ... et tu te marieras a Scutari!" XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. 109 Keraban Le Tetu, Vol. II Toutes ces reponses etaient envoyees d'un ton cassant, qui devait laisser peu d'espoir aux contradicteurs de l'entete personnage. "Ami Keraban, reprit Selim, c'est aujourd'hui le dernier jour ... vous entendez bien, et toute la fortune qui doit revenir a ma fille, sera perdue, si...." Keraban fit un signe de tete negatif, lequel fut accompagne d'un geste plus negatif encore. "Mon oncle, s'ecria Ahmet, vous ne voudrez pas.... --Si l'on veut m'obliger a payer dix paras, repondit Keraban, jamais, non, jamais je ne passerai le Bosphore! Par Allah! plutot refaire le tour de la mer Noire pour revenir a Constantinople!" Et en verite, le tetu eut ete homme a recommencer! "Mon oncle, reprit Ahmet, c'est mal ce que vous faites la! ... Cet entetement, en pareille circonstance, permettez-moi de vous le dire, ne peut s'expliquer d'un homme tel que vous! ... Vous allez causer le malheur de ceux qui n'ont jamais eu pour vous que la plus vive amitie! ... C'est mal! --Ahmet, fais attention a tes paroles! repondit Keraban d'un ton sourd, qui indiquait une colere prete a eclater. --Non, mon oncle, non! ... Mon coeur deborde, et rien ne m'empechera de parler! ... C'est ... c'est d'un mauvais homme! --Cher Ahmet, dit alors Amasia, calmez-vous! Ne parlez pas ainsi de votre oncle! ... Si cette fortune sur laquelle vous aviez le droit de compter vous echappe ... renoncez a ce mariage! --Que je renonce a vous, repondit Ahmet en pressant la jeune fille sur son coeur! Jamais! ... Non! ... Jamais! ... Venez! ... Quittons cette ville pour n'y plus revenir! Il nous restera bien encore de quoi pouvoir payer dix paras pour passer a Constantinople!" Et Ahmet, dans un mouvement dont il n'etait plus maitre, entraina la jeune fille vers la porte. "Keraban? ... dit Selim, qui voulut tenter, une derniere fois, de faire revenir son ami sur sa determination. --Laissez-moi, Selim, laissez-moi! --Helas! partons, mon pere!" dit Amasia, jetant sur Keraban un regard humide de larmes qu'elle retenait a grand'peine. Et elle allait se diriger avec Ahmet vers la porte du salon, quand celui-ci s'arreta. "Une derniere fois, mon oncle, dit-il, vous refusez de nous accompagner a Constantinople, chez le juge, ou votre presence est indispensable pour notre mariage? --Ce que je refuse, repondit Keraban, dont le pied frappa le parquet a le defoncer, c'est de jamais me soumettre a payer cette taxe! --Keraban! dit Selim. --Non! par Allah! Non! XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. 110

« Toutes ces reponses etaient envoyees d'un ton cassant, qui devait laisser peu d'espoir aux contradicteurs de l'entete personnage. “Ami Keraban, reprit Selim, c'est aujourd'hui le dernier jour ...

vous entendez bien, et toute la fortune qui doit revenir a ma fille, sera perdue, si....” Keraban fit un signe de tete negatif, lequel fut accompagne d'un geste plus negatif encore. “Mon oncle, s'ecria Ahmet, vous ne voudrez pas.... —Si l'on veut m'obliger a payer dix paras, repondit Keraban, jamais, non, jamais je ne passerai le Bosphore! Par Allah! plutot refaire le tour de la mer Noire pour revenir a Constantinople!” Et en verite, le tetu eut ete homme a recommencer! “Mon oncle, reprit Ahmet, c'est mal ce que vous faites la! ...

Cet entetement, en pareille circonstance, permettez-moi de vous le dire, ne peut s'expliquer d'un homme tel que vous! ...

Vous allez causer le malheur de ceux qui n'ont jamais eu pour vous que la plus vive amitie! ...

C'est mal! —Ahmet, fais attention a tes paroles! repondit Keraban d'un ton sourd, qui indiquait une colere prete a eclater. —Non, mon oncle, non! ...

Mon coeur deborde, et rien ne m'empechera de parler! ...

C'est ...

c'est d'un mauvais homme! —Cher Ahmet, dit alors Amasia, calmez-vous! Ne parlez pas ainsi de votre oncle! ...

Si cette fortune sur laquelle vous aviez le droit de compter vous echappe ...

renoncez a ce mariage! —Que je renonce a vous, repondit Ahmet en pressant la jeune fille sur son coeur! Jamais! ...

Non! ...

Jamais! ...

Venez! ...

Quittons cette ville pour n'y plus revenir! Il nous restera bien encore de quoi pouvoir payer dix paras pour passer a Constantinople!” Et Ahmet, dans un mouvement dont il n'etait plus maitre, entraina la jeune fille vers la porte. “Keraban? ...

dit Selim, qui voulut tenter, une derniere fois, de faire revenir son ami sur sa determination. —Laissez-moi, Selim, laissez-moi! —Helas! partons, mon pere!” dit Amasia, jetant sur Keraban un regard humide de larmes qu'elle retenait a grand'peine. Et elle allait se diriger avec Ahmet vers la porte du salon, quand celui-ci s'arreta. “Une derniere fois, mon oncle, dit-il, vous refusez de nous accompagner a Constantinople, chez le juge, ou votre presence est indispensable pour notre mariage? —Ce que je refuse, repondit Keraban, dont le pied frappa le parquet a le defoncer, c'est de jamais me soumettre a payer cette taxe! —Keraban! dit Selim. —Non! par Allah! Non! Keraban Le Tetu, Vol.

II XV.

OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE.

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