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KHALIL GIBRAN, L'HÉRÉTIQUE

Publié le 30/11/2011

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gibran

 

Et pourtant ! si J'auto-da-fe (cérémonie au cours de laquelle l'hérétique était convié à faire acte de foi avant d'être brûlé) a disparu en tant que tel, il n'en a pas moins perduré jusqu'à nos jours sous la forme bien connue des autodafés de livres. Autodafés dans l'Europe d'avant guerre où l'Allemagne nazie brûlait pêle-mêle les ouvrages de Freud, Marcuse, Reich etc. Autodafés de nos jours en Indochine, au Moyen-Orient, en Afrique elle-même et, il n'y a pas si longtemps, en Amérique du Sud, etc. Ici, il faut sans doute voir la tentative répétée d'une pratique magique symbolique consistant à détruire la pensée de l'homme en jetant au feu quelques-uns des exemplaires de son oeuvre. Ce que semblerait confirmer la pompe grandiloquente accompagnant généralement ce genre de cérémonies publiques. Néanmoins, la magie s'avère plutôt inopérante puisque, nolens, valens, ni la pensée de Giordano Bruno (brûlé en place publique avec ses oeuvres en l'an 1600 à Rome), ni celle de Marx, Freud ou Marcuse ne se sont envolées en fumée comme attendu, renaissant toujours plus fortes de leurs cendres après, tout au plus, quelques années d'exil. Tel est le cas de l'oeuvre poético-religieuse de Khalil Gibran dont on vend aujourd'hui en France et en Angleterre l'ouvrage principal (le Prophète) à plus de quatre cent mille exemplaires.

gibran

« près de vingt-cinq ans (je voulais être tout à fait sûr que chaque mot fût vraiment le meilleur que j'eusse à offrir), s'adresse en Prophète aux autres hommes; non pas pour leur crier l'éternel " repentez-vous ., de ses prédécesseurs, mais pour leur parler de vie, d'espoir et de paix : •• Peuple d'Orphalese la beauté est la vie lorsque la vie dévoile son saint visage ''··· •• Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile.

., De poétique, le ton devient rapidement prophé­ tique, c'est-à-dire nettement plus pointu et plus aigu pour donner, en 1901, celui sans réplique donc scandaleux -de /'Esprit rebelle.

Cette fois, Khalil Gibran, s'adressant plus précisément à un Liban déchiré, explicite sa pensée. »

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