La bombe à neutrons
Publié le 16/12/2011
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La presse a récemment fait état de l'annonce, par les milieux militaires américains, de la mise au point d'une nouvelle arme atomique, la « bombe à neutrons «, que certains de ses aspects ont fait qualifier de bombe propre. Pourquoi ce terme ? Deux techniques fort différentes permettant d'obtenir de l'énergie à partir de réactions nucléaires : la fission de noyaux lourds et la fusion de noyaux légers. Les premières bombes atomiques, comme les réacteurs nucléaires actuels, utilisent la première.
«
distinctes : les leptons (du grec signifiant « léger ») et les hadrons ( « lourd » ).
Ces derniers, qui obéissent à la force
d'interaction dite « forte », sont les constituants du noyau atomique.
Il y en a plusieurs centaines ;
mais un grand nombre d'entre eux sont en fait des états composites ou excités.
Les tentatives de remi se en ordre de cette famille importante ont abouti à
l'hypothèse des quarks, qui semble se vérifier à la lumière des expériences de ces dernières annéès ; les quarks, au nombre de trois, puis plus récem
ment, de quatre avec l'adjonction d'un quark char me (nécessaire pour expliquer la particule 'l' découverte en 1975) semblent en l'état actuel pou
voir être considérés comme des constituants élé mentaires, encore qu'il n'ait pas encore été prouvé
qu'ils puissent exister autrement qu'en association
entre
eux.
Les leptons, au contraire, sont connus depuis
longtemps : électron, muon, neutrino électronique
et neutrino muonique (avec
les quatre antiparticu les correspondantes), et tout un ensemble de rai
sons semble indiquer qu'ils sont vraiment élémen
taires, contrairement aux hadrons.
Cette famille
restreinte, qui obéit par ailleurs à l'interaction dite
« faible », ne comportait donc que des particules
nettement plus légères que les hadrons, et aucune
théorie ne peut expliquer le rapport de masses entre le muon et l'électron (les neutrinos semblent avoir
une masse nulle).
Mais il n'était pas prouvé que des leptons plus lourds ne puissent pas exister.
Les recherches menées depuis 1974 par plusieurs équipes ont abouti, en 1976 et 1977, à la découverte de ce lepton lourd, qui a été baptisé T («tau») initiale du mot grec tritou, signifiant troisième), à laquelle
sont associés un anti-tau, et un couple de deux nou
veaux neutrinos anti-neutrinos.
La technique d'une telle recherche est assez
complexe.
Elle a utilisé
le principe des « anneaux de collision», dans lesquels on fait tourner, à des vitesses voisines de celle de la lumière (donc à très
haute énergie) et en sens inverse, des faisceaux
d'électrons et d'antiélectrons (positrons) produits
par un accélérateur linéaire.
Chaque faisceau
regroupe une centaine
de milliards de particules et
parcourt l'anneau un million de fois par seconde.
Malgré cela, il ne se produit pas plus d'une colli
sion tputes les quelques secondes.
Le choc frontal
d'un électron et d'un positron produit, pendant un
instant très court, une bouffée d'énergie pure (appe
lée « photon virtuel », qui se rematérialise ensuite
en diverses particules.
Le problème est alors de trier, parmi les divers événements, ceux qui corres
pondent aux caractéristiques de la particule recher
chée.
En effet, la rematérialisation peut produire
une nouvelle paire électron-positron, ou une paire
muon-antimuon, ou encore une paire hadron
antihadron, ou un ensemble
de divers hadrons.
La particule recherchée devait obéir à plusieurs
conditions.
D'une part, l'énergie des ·faisceaux devait
être réglée
de façon à créer une particule
d'une masse supérieure à 1 000 MeV (c'est-à-dire
un milliard d'électron-volts), aucun lepton autre que les quatre précédents n'ayant été détecté au
dessous de cette valeur.
D'autre part, certaines
hypothèses sur la nature de la particule condui
saient à rechercher certains types de désintégration de la particule elle-même, dont la durée de vie pou
vait être estimée à quelques millièmes de milliardiè me de secondes.
Sans entrer dans
le détail, indiquons simplement que ces désintégrations pouvaient être repérées
sous forme d'apparition de couples électron-muon
(ou leurs antiparticules), couples normalement
interdits, dans
le cas de désintégrations leptoni
ques.
Toutefois, la nouvelle particule éventuelle
ment ainsi repérée pouvait aussi bien être un
hadron qu'un
·nouveau lepton.
Aussi, les physiciens
dirigés par Martin L.
Perl se sont-ils montrés, dans un premier temps, très prudents lorsqu'ils ont repé ré les premières apparitions des couples recherchés,
à des énergies d'environ 2 000 MeV.
En l'état
actuel, une demi-douzaine d'équipes différentes ont
pu accumuler un nombre suffisant d'événements
pour
que l'on puisse considérer comme à peu près
assurée la découverte d'une nouvelle particule, de masse comprise entre 1 800 et 1 900 MeV (4 000 fois celle de l'électron), qui ne soit pas un hadron et
qui présente les propriétes d'un lepton (ces derniers
points s'appuient en particulier sur des considéra
tions assez complexes de taux de production de la
particule en fonction de l'énergie).
Cette nouvelle découverte est sans doute aussi
importante que celle
de la particule 'l' qui a valu le prix Nobel 1976 à B.
Richter et S.
Ting.
Elle ouvre en tout cas deux vastes champs de réflexion et d'ex
périmentation.
D'abord, quelles sont
ses caractéristiques
exactes et surtout quels sont ses rapports avec
l'électron et le muon ? Y a-t-il une raison pour que
sa masse soit si proche de celle du meson charmé
(meson D) dont la masse est de 1 865 MeV? La
recherche de nouveaux leptons, avec ces masses
encore supérieures (on espere monter, dans un ave
nir proche, à
18 000 MeV avec les nouveaux
anneaux en construction à Stanford et Hambourg),
pourrait apporter de nombreux éléments nouveaux.
Mais surtout,
le point le plus important est le suivant.
Avant la découverte du lepton lourd, les quatre leptons présentaient une assez troublante
symétrie avec les autres quarks, et on espérait pou
voir arriver à une théorie unifiée des particules.
L'apparition de deux nouveaux leptons (le tau et
son neutrino) détruit la symétrie ...
à moins que de nouveaux quarks ne se révèlent.
Ce qui n'apparaît
pas impossible, un groupe de chercheurs aurait pré
cisément signalé la possibilité d'un cinquième
quark!
Un nouveau degré dans la recherche semble
atteint aujourd'hui..
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