LA FEMME Non, Victoria, je ne me tairai pas.
Publié le 15/12/2013
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LA FEMME Non, Victoria, je ne me tairai pas. je me suis tue pendant toutes ces années. Je l'ai fait pour mon honneur et pour l'amour de Dieu. Mais l'honneur n'est plus. Et un seul des cheveux de cet enfant m'est plus précieux que le ciel lui-même. Je ne me tairai pas. Et je dirai au moins à celui-ci qu'il n'a jamais eu le roit de son côté, car le droit, tu entends Casado, est du côté de ceux qui souffrent, gémissent, espèrent. l n'est pas, non, il ne peut pas être avec ceux qui calculent et qui entassent. Diego a lâché l'enfant. LA FILLE DU JUGE Ce sont les droits de l'adultère. LA FEMME, criant. Je ne nie pas ma faute, je la crierai au monde entier. Mais je sais, dans ma misère, que la chair a ses autes, alors que le coeur a ses crimes. Ce qu'on fait dans la chaleur de l'amour doit recevoir la pitié. LA FILLE Pitié pour les chiennes ! LA FEMME Oui ! Car elles ont un ventre pour jouir et pour engendrer ! LE JUGE Femme ! Ta plaidoirie n'est pas bonne ! Je dénoncerai cet homme qui a causé ce trouble ! Je le ferai vec un double contentement, puisque je le ferai au nom de la loi et de la haine. VICTORIA Malheur sur toi qui viens de dire la vérité. Tu n'as jamais jugé que selon la haine que tu décorais du nom de loi. Et même les meilleures lois ont pris mauvais goût dans ta bouche, c'était la bouche aigre de ceux qui n'ont jamais rien aimé. Ah ! le dégoût m'étouffe ! Allons, Diego, prends-nous tous dans tes bras et pourrissons ensemble. Mais laisse vivre celui-ci pour qui la vie est une punition. DIEGO Laisse-moi. J'ai honte de voir ce que nous sommes devenus. VICTORIA J'ai honte aussi. J'ai honte à mourir. Diego s'élance brusquement par la fenêtre. Le juge court aussi. Victoria s'échappe par une porte dérobée. LA FEMME Le temps est venu où il faut que les bubons crèvent. Nous ne sommes pas les seuls. Toute la ville a la ême fièvre. LE JUGE Chienne ! LA FEMME Juge ! Obscurité. Lumière sur la conciergerie. Nada et l'alcade se préparent à partir. NADA Ordre est donné à tous les commandants de district de faire voter leurs administrés en faveur du nouveau gouvernement. LE PREMIER ALCADE Ce n'est pas facile. Quelques-uns risquent de voter contre ! NADA Non, si vous suivez les bons principes. LE PREMIER ALCADE Les bons principes ? NADA Les bons principes disent que le vote est libre. C'est-à-dire que les votes favorables au gouvernement seront considérés comme ayant été librement exprimés. Quant aux autres, et afin d'éliminer les entraves secrètes qui auraient pu être apportées à la liberté du choix, ils seront décomptés suivant la méthode préférentielle, en alignant le panachage divisionnaire au quotient des suffrages non exprimés par rapport u tiers des votes éliminés. Cela est-il clair ? LE PREMIER ALCADE Clair, monsieur... Enfin, je crois comprendre. NADA Je vous admire, alcade. Mais que vous ayez compris ou non, n'oubliez pas que le résultat infaillible de cette méthode devra toujours être de compter pour nuls les votes hostiles au. gouvernement. LE PREMIER ALCADE Mais vous avez dit que le vote était libre ? NADA Il l'est, en effet. Nous partons seulement du principe qu'un vote négatif n'est pas un vote libre. C'est un vote sentimental et qui se trouve par conséquent enchaîné par les passions. LE PREMIER ALCADE Je n'avais pas pensé à cela ! NADA C'est que vous n'aviez pas une juste idée de ce qu'est la liberté. Lumière au centre. Diego et Victoria arrivent, courant, sur le devant de la scène. DIEGO Je veux fuir, Victoria. Je ne sais plus où est le devoir. je ne comprends pas. VICTORIA Ne me quitte pas. Le devoir est auprès de ceux qu'on aime. Tiens ferme. DIEGO Mais je suis trop fier pour t'aimer sans m'estimer.
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LA
FILLE
Pitié pourleschiennes !
LA
FEMME
Oui ! Carelles ontunventre pourjouir etpour engendrer !
LE
JUGE
Femme ! Taplaidoirie n'estpasbonne ! Jedénoncerai cethomme quiacausé cetrouble ! Jeleferai
avec undouble contentement, puisquejeleferai aunom delaloi etde lahaine.
VICTORIA
Malheur surtoiqui viens dedire lavérité.
Tun'as jamais jugéqueselon lahaine quetudécorais dunom
de loi.
Etmême lesmeilleures loisontpris mauvais goûtdans tabouche, c'étaitlabouche aigredeceux qui
n'ont jamais rienaimé.
Ah !ledégoût m'étouffe ! Allons,Diego,prends-nous tousdans tesbras et
pourrissons ensemble.Maislaisse vivrecelui-ci pourquilavie est une punition..
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