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La Legende des Siecles Comme s'il était là, planant sous le

Publié le 12/04/2014

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La Legende des Siecles Comme s'il était là, planant sous le zénith; Tout est bien; l'océan docile s'aplanit, L'armada lui fait peur comme au déluge l'arche; La flotte se déploie en bon ordre de marche, Et, les vaisseaux gardant les espaces fixés, Échiquier de tillacs, de ponts, de mâts dressés, Ondule sur les eaux comme une immense claie. Ces vaisseaux sont sacrés, les flots leur font la haie; Les courants, pour aider les nefs à débarquer, Ont leur besogne à faire et n'y sauraient manquer; Autour d'elles la vague avec amour déferle, L'écueil se change en port, l'écume tombe en perle Voici chaque galère avec son gastadour; Voilà ceux de l'Escaut, voilà ceux de l'Adour; Les cent mestres de camp et les deux connétables; L'Allemagne a donné ses ourques redoutables, Naples ses brigantins, Cadix ses galions, Lisbonne ses marins, car il faut des lions. Et Philippe se penche, et, qu'importe l'espace? Non seulement il voit, mais il entend. On passe, On court, on va. Voici le cri des porte-voix, Le pas des matelots courant sur les pavois, Les mocos, l'amiral appuyé sur son page, Les tambours, les sifflets des maîtres d'équipage, Les signaux pour la mer, l'appel pour les combats, Le fracas sépulcral et noir du branle-bas. Sont-ce des cormorans? sont-ce des citadelles? Les voiles font un vaste et sourd battement d'ailes; L'eau gronde, et tout ce groupe énorme vogue, et fuit, Et s'enfle et roule avec un prodigieux bruit. Et le lugubre roi sourit de voir groupées Sur quatre cents navires quatre-vingt mille épées. O rictus du vampire assouvissant sa faim! Cette pâle Angleterre, il la tient donc enfin! Qui pourrait la sauver? Le feu va prendre aux poudres. Philippe dans sa droite a la gerbe des foudres; Qui pourrait délier ce faisceau dans son poing? N'est-il pas le seigneur qu'on ne contredit point? N'est-il pas l'héritier de César? le Philippe Dont l'ombre immense va du Gange au Pausilippe? Tout n'est-il pas fini quand il a dit: Je veux! N'est-ce pas lui qui tient la victoire aux cheveux? N'est-ce pas lui qui lance en avant cette flotte, Ces vaisseaux effrayants dont il est le pilote Et que la mer charrie ainsi qu'elle le doit? Ne fait-il pas mouvoir avec son petit doigt Toits ces dragons ailés et noirs, essaim sans nombre? N'est-il pas, lui, le roi? n'est-il pas l'homme sombre A qui ce tourbillon de monstres obéit? Quand Béit-Cifresil, fils d'Abdallah-Béit, Eut creusé le grand puits de la mosquée, au Caire, LA CONFIANCE DU MARQUIS FABRICE 91 La Legende des Siecles Il y grava: 'Le ciel est à Dieu; j'ai la terre.' Et, comme tout se tient, se mêle et se confond, Tous les tyrans n'étant qu'un seul despote au fond, Ce que dit ce sultan jadis, ce roi le pense. Cependant, sur le bord du bassin, en silence, L'infante tient toujours sa rose gravement, Et, doux ange aux yeux bleus, la baise par moment. Soudain un souffle d'air, une de ces haleines Que le soir frémissant jette à travers les plaines, Tumultueux zéphyr effleurant l'horizon, Trouble l'eau, fait frémir les joncs, met un frisson Dans les lointains massifs de myrte et d'asphodèle, Vient jusqu'au bel enfant tranquille, et, d'un coup d'aile, Rapide, et secouant même l'arbre voisin, Effeuille brusquement la fleur dans le bassin, Et l'infante n'a plus dans la main qu'une épine. Elle se penche, et voit sur l'eau cette ruine; Elle ne comprend pas; qu'est-ce donc? Elle a peur; Et la voilà qui cherche au ciel avec stupeur Cette brise qui n'a pas craint de lui déplaire. Que faire? le bassin semble plein de colère; Lui, si clair tout à l'heure, il est noir maintenant; Il a des vagues; c'est une mer bouillonnant; Toute la pauvre rose est éparse sur l'onde; Ses cent feuilles que noie et roule l'eau profonde, Tournoyant, naufrageant, s'en vont de tous côtés Sur mille petits flots par la brise irrités; On croit voir dans un gouffre une flotte qui sombre. --'Madame,' dit la duègne avec sa face d'ombre A la petite fille étonnée et rêvant, 'Tout sur terre appartient aux princes, hors le vent.' LES RAISONS DU MOMOTOMBO Trouvant les tremblements de terre trop fréquents, Les rois d'Espagne ont fait baptiser les volcans Du royaume qu'ils ont en dessous de la sphère; Les volcans n'ont rien dit et se sont laissé faire, Et le Momotombo lui seul n'a pas voulu. Plus d'un prêtre en surplis, par le Saint-Père élu, Portant le sacrement que l'Église administre, L'oeil au ciel, a monté la montagne sinistre; Beaucoup y sont allés, pas un n'est revenu. O vieux Momotombo, colosse chauve et nu, Qui songes près des mers, et fais de ton cratère Une tiare d'ombre et de flamme à la terre, Pourquoi, lorsqu'à ton seuil terrible nous frappons, Ne veux-tu pas du Dieu qu'on t'apporte? Réponds. LES RAISONS DU MOMOTOMBO 92

« Il y grava: 'Le ciel est à Dieu; j'ai la terre.' Et, comme tout se tient, se mêle et se confond, Tous les tyrans n'étant qu'un seul despote au fond, Ce que dit ce sultan jadis, ce roi le pense. Cependant, sur le bord du bassin, en silence, L'infante tient toujours sa rose gravement, Et, doux ange aux yeux bleus, la baise par moment. Soudain un souffle d'air, une de ces haleines Que le soir frémissant jette à travers les plaines, Tumultueux zéphyr effleurant l'horizon, Trouble l'eau, fait frémir les joncs, met un frisson Dans les lointains massifs de myrte et d'asphodèle, Vient jusqu'au bel enfant tranquille, et, d'un coup d'aile, Rapide, et secouant même l'arbre voisin, Effeuille brusquement la fleur dans le bassin, Et l'infante n'a plus dans la main qu'une épine. Elle se penche, et voit sur l'eau cette ruine; Elle ne comprend pas; qu'est-ce donc? Elle a peur; Et la voilà qui cherche au ciel avec stupeur Cette brise qui n'a pas craint de lui déplaire. Que faire? le bassin semble plein de colère; Lui, si clair tout à l'heure, il est noir maintenant; Il a des vagues; c'est une mer bouillonnant; Toute la pauvre rose est éparse sur l'onde; Ses cent feuilles que noie et roule l'eau profonde, Tournoyant, naufrageant, s'en vont de tous côtés Sur mille petits flots par la brise irrités; On croit voir dans un gouffre une flotte qui sombre. —'Madame,' dit la duègne avec sa face d'ombre A la petite fille étonnée et rêvant, 'Tout sur terre appartient aux princes, hors le vent.' LES RAISONS DU MOMOTOMBO Trouvant les tremblements de terre trop fréquents, Les rois d'Espagne ont fait baptiser les volcans Du royaume qu'ils ont en dessous de la sphère; Les volcans n'ont rien dit et se sont laissé faire, Et le Momotombo lui seul n'a pas voulu. Plus d'un prêtre en surplis, par le Saint-Père élu, Portant le sacrement que l'Église administre, L'oeil au ciel, a monté la montagne sinistre; Beaucoup y sont allés, pas un n'est revenu. O vieux Momotombo, colosse chauve et nu, Qui songes près des mers, et fais de ton cratère Une tiare d'ombre et de flamme à la terre, Pourquoi, lorsqu'à ton seuil terrible nous frappons, Ne veux-tu pas du Dieu qu'on t'apporte? Réponds.

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