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La Matutina courait.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

La Matutina courait. Son penchement sous voiles faisait par instants avec la mer un affreux angle de quinze degrés, mais sa bonne quille ventrue adhérait au flot comme à de la glu. La quille résistait à l'arrachement de l'ouragan. La cage à feu éclairait l'avant. Le nuage plein de souffles traînant sa tumeur sur l'océan, rétrécissait et rongeait de plus en plus la mer autour de l'ourque. Pas une mouette. Pas une hirondelle de falaise. Rien que la neige. Le champ des vagues était petit et épouvantable. On n'en voyait que trois ou quatre, démesurées. De temps en temps un vaste éclair, couleur de cuivre rouge, apparaissait derrière les superpositions obscures de l'horizon et du zénith. Cet élargissement vermeil montrait l'horreur des nuées. Le brusque embrasement des profondeurs, sur lequel, pendant une seconde, se détachaient les premiers plans des nuages et les fuites lointaines du chaos céleste, mettait l'abîme en perspective. Sur ce fond de feu les flocons de neige devenaient noirs, et l'on eût dit des papillons sombres volant dans une fournaise. Puis tout s'éteignait. La première explosion passée, la bourrasque, chassant toujours l'ourque, se mit à rugir en basse continue. C'est la phase de grondement, redoutable diminution de fracas. Rien d'inquiétant comme ce monologue de la tempête. Ce récitatif morne ressemble un temps d'arrêt que prendraient les mystérieuses forces combattantes, et indique une sorte de guet dans l'inconnu. VIII. NIX ET NOX 59 L'homme Qui Rit L'ourque continuait éperdument sa course. Ses deux voiles majeures surtout faisaient une fonction effrayante. Le ciel et la mer étaient d'encre, avec des jets de bave sautant plus haut que le mât. A chaque instant, des paquets d'eau traversaient le pont comme un déluge, et à toutes les inflexions du roulis, les écubiers, tantôt de tribord, tantôt de bâbord, devenaient autant de bouches ouvertes revomissant l'écume à la mer. Les femmes s'étaient réfugiées dans la cabine, mais les hommes demeuraient sur le pont. La neige aveuglante tourbillonnait. Les crachats de la houle s'y ajoutaient. Tout était furieux. En ce moment, le chef de la bande, debout à l'arrière sur la barre d'arcasse, d'une main s'accrochant aux haubans, de l'autre arrachant sa pagne de tête qu'il secouait aux lueurs de la cage feu, arrogant, content, la face altière, les cheveux farouches, ivre de toute cette ombre, cria: Nous sommes libres! Libres! libres! libres! répétèrent les évadés. Et toute la bande, saisissant des poings les agrès, se dressa sur le pont. Hurrah! cria le chef, Et la bande hurla dans la tempête: Hurrah! A l'instant où cette clameur s'éteignait parmi les rafales, une voix grave et haute s'éleva à l'autre extrémité du navire, et dit:Silence! Toutes les têtes se retournèrent. Ils venaient de reconnaître la voix du docteur. L'obscurit était épaisse; le docteur était adossé au mât avec lequel sa maigreur se confondait, on ne le voyait pas. La voix reprit: Écoutez! Tous se turent. Alors on entendit distinctement dans les ténèbres le tintement d'une cloche. IX. SOIN CONFIÉ A LA MER FURIEUSE Le patron de la barque, qui tenait la barre, éclata de rire.Une cloche! C'est bon. Nous chassons à bâbord. ue prouve cette cloche? Que nous avons la terre à dextribord. La voix ferme et lente du docteur répondit: Vous n'avez pas la terre à tribord. Mais si! cria le patron. Non. IX. SOIN CONFIÉ A LA MER FURIEUSE 60 L'homme Qui Rit Mais cette cloche vient de la terre. Cette cloche, dit le docteur, vient de la mer. Il y eut un frisson parmi ces hommes hardis. Les faces hagardes des deux femmes apparurent dans le carré du capot de cabine comme deux larves évoquées. Le docteur fit un pas, et sa longue forme noire se détacha du mât. On entendait la cloche tinter au fond de la nuit. Le docteur reprit: Il y a, au milieu de la mer, à moitié chemin entre Portland et l'archipel de la Manche, une bouée, qui est là pour avertir. ette bouée est amarrée avec des chaînes aux bas-fonds et flotte à fleur d'eau. Sur cette bouée est fixé un tréteau de fer, et la traverse de ce tréteau est suspendue une cloche. Dans le gros temps, la mer, secouée, secoue la bouée, et la cloche sonne. Cette cloche, vous l'entendez. Le docteur laissa passer un redoublement de la bise, attendit que le son de la cloche eût repris le dessus, et poursuivit: Entendre celte cloche dans la tempête, quand le noroit souffle, c'est être perdu. Pourquoi? le voici. Si vous entendez le bruit de cette cloche, c'est que le vent vous l'apporte. Or le vent vient de l'ouest et les brisants d'Aurigny sont à l'est. Vous ne pouvez entendre la cloche que parce que vous êtes entre la bouée et les brisants. C'est sur ces brisants que le vent vous pousse. Vous êtes du mauvais côté de la bouée. Si vous étiez du bon, vous seriez au large, en haute mer, en route sûre, et vous n'entendriez pas la cloche. Le vent n'en porterait pas le bruit vers vous. Vous passeriez, près de la bouée sans savoir qu'elle est là. Nous avons dévié. Cette cloche, c'est le naufrage qui sonne le tocsin. Maintenant, avisez! La cloche, pendant que le docteur parlait, apaisée par une baisse de brise, sonnait lentement, un coup après l'autre, et ce tintement intermittent semblait prendre acte des paroles du vieillard. On eût dit le glas de l'abîme. Tous écoutaient, haletants, tantôt cette voix, tantôt cette cloche. X. LA GRANDE SAUVAGE. C'EST LA TEMPÊTE Cependant le patron avait saisi son porte-voix. Cargate todo, hombres! Débordez les écoutes, halez les cale-bas, affalez les itaques et les cagues des basses voiles! mordons à l'ouest! reprenons de la mer! le cap sur la bouée! le cap sur la cloche! il y a du large là-bas. out n'est pas désespéré. ssayez, dit le docteur. isons ici, en passant, que cette bouée à sonnerie, sorte de clocher de la mer, a été supprimée en 1802. De très vieux avigateurs se souviennent encore de l'avoir entendue. Elle avertissait, mais un peu tard. 'ordre du patron fut obéi. Le languedocien fit un troisième matelot. Tous aidèrent. On fit mieux que carguer, on ferla; on sangla tous les rabans, on noua les cargue-points, les cargue-fonds et les cargue-boulines; on mit des pataras sur les estropes qui purent ainsi servir de haubans de travers; on jumela le mât; on cloua les mantelets de sabord, ce qui est une façon de murer le navire. La manoeuvre, quoique exécutée en pantenne, n'en fut pas moins correcte. L'ourque fut ramenée à la simplification de détresse. Mais à mesure que le bâtiment, serrant tout, s'amoindrissait, le bouleversement de l'air et de l'eau croissait sur lui. La hauteur des X. LA GRANDE SAUVAGE. C'EST LA TEMPÊTE 61 L'homme Qui Rit houles atteignait presque la dimension polaire. L'ouragan, comme un bourreau pressé, se mit à écarteler le navire. Ce fut, en un clin d'oeil, un arrachement effroyable, les huniers déralingués, le bordage rasé, les dogues d'amures déboîtés, les haubans saccagés, le mât brisé, tout le fracas du désastre volant en éclats. Les gros cables cédèrent, bien qu'ils eussent quatre brasses d'étalingure. La tension magnétique propre aux orages de neige aidait à la rupture des cordages. Ils cassaient autant sous l'effluve que sous le vent. Diverses chaînes sorties de leurs poulies ne manoeuvraient plus. A l'avant, les joues, et à l'arrière, les hanches, ployaient sous des pressions à outrance. Une lame emporta la boussole avec l'habitacle. Une autre lame emporta le canot, amarré en porte-manteau au beaupré, selon la bizarre coutume asturienne. Une autre lame emporta la vergue civadière. Une autre lame emporta la Notre-Dame de proue et la cage à feu. Il ne restait que le gouvernail. On suppléa au fanal manquant au moyen d'une grosse grenade brûlot pleine d'étoupe flambante et de goudron allumé, qu'on suspendit à l'étrave. Le mât, cassé en deux, tout hérissé de haillons frissonnants, de cordes, de moufles et de vergues, encombrait le pont. En tombant, il avait brisé un pan de la muraille de tribord. Le patron, toujours à la barre, cria: Tant que nous pouvons gouverner, rien n'est perdu. Les oeuvres vives tiennent bon. Des haches! des haches! Le mât à la mer! dégagez le pont. Équipage et passagers avaient la fièvre des batailles suprêmes. Ce fut l'affaire de quelques coups de cognée. On poussa le mât par-dessus le bord. Le pont fut débarrassé. Maintenant, reprit le patron, prenez une drisse et amarrez-moi à la barre. On le lia au timon. Pendant qu'on l'attachait, il riait. Il cria à la mer: Beugle, la vieille! beugle! j'en ai vu de pires au cap Machichaco. Et quand il fut garrotté, il empoigna le timon à deux poings avec cette joie étrange que donne le danger. Tout est bien, camarades! Vive Notre-Dame de Buglose! Gouvernons à l'ouest! Une lame de travers, colossale, vint, et s'abattit sur l'arrière. Il y a toujours dans les tempêtes une sorte de vague tigre, flot féroce et définitif, qui arrive à point nommé, rampe quelque temps comme à plat ventre sur la mer, puis bondit, rugit, grince, fond sur le navire en détresse, et le démembre. Un engloutissement d'écume couvrit toute la poupe de la Matutina, on entendit dans cette mêlée d'eau et de nuit une dislocation. Quand l'écume se dissipa, quand l'arrière eparut, il n'y avait plus ni patron, ni gouvernail. out avait été arraché. a barre et l'homme qu'on venait d'y lier s'en étaient allés avec la vague dans le pêle-mêle hennissant de la X. LA GRANDE AUVAGE. C'EST LA TEMPÊTE 2 'homme Qui Rit empête. e chef de la bande regarda fixement l'ombre et cria: Te burlas de nosotros[1]? [1] Te moques-tu de nous? A ce cri de révolte succéda un autre cri: Jetons l'ancre! sauvons le patron. On courut au cabestan. On mouilla l'ancre. Les ourques n'en avaient qu'une. Ceci n'aboutit qu'à la perdre. Le fond était de roc vif, la houle forcenée. Le câble cassa comme un cheveu. L'ancre demeura au fond de la mer. Du taille-mer il ne restait que l'ange regardant dans sa lunette. A dater de ce moment, l'ourque ne fut plus qu'une épave. La Matutina était irrémédiablement désemparée. Ce navire, out l'heure ailé, et presque terrible dans sa course, était maintenant impotent. Pas une manoeuvre qui ne fût tronqué et désarticulée. Il obéissait, ankylosé et passif, aux furies bizarres de la flottaison. Qu'en quelques minutes, à la place d'un igle, il y ait un cul-de-jatte, cela ne se voit qu'à la mer. Le soufflement de l'espace était de plus en plus monstrueux. La tempête est un poumon épouvantable. Elle ajoute sans cesse de lugubres aggravations à ce qui n'a point de nuances, le noir. La cloche du milieu de la mer sonnait ésespérément, comme secouée par une main farouche. a Matutina s'en allait au hasard des vagues; un bouchon de liège a de ces ondulations; elle ne voguait plus, elle surnageait; elle semblait à chaque instant prête à se retourner le ventre à fleur d'eau comme un poisson mort. Ce qui la sauvait de cette perdition, c'était la bonne conservation de la coque, parfaitement étanche. Aucune vaigre n'avait cédé sous la flottaison. Il n'y avait ni fissure, ni crevasse, et pas une goutte d'eau n'entrait dans la cale. Heureusement, car une avarie avait atteint la pompe et l'avait mise hors de service. L'ourque dansait hideusement dans l'angoisse des flots. Le pont avait les convulsions d'un diaphragme qui cherche à vomir. On eût dit qu'il faisait effort pour rejeter les naufragés. Eux, inertes, se cramponnaient aux manoeuvres dormantes, au bordage, au traversin, au serre-bosse, aux garcettes, aux cassures du franc-bord embouffeté dont les clous leur déchiraient les mains, aux porques déjetées, à tous les reliefs misérables du délabrement. De temps en temps ils prêtaient l'oreille. Le bruit de la cloche allait s'affaiblissant. On eût dit qu'elle aussi agonisait. Son tintement n'était plus qu'un râle intermittent. Puis ce râle s'éteignit. Où étaient-ils donc? et à quelle distance étaient-ils de la bouée? Le bruit de la cloche les avait effrayés, son silence les terrifia. Le noroit leur faisait faire un chemin peut-être irréparable. Ils se sentaient emportés par une frénétique reprise d'haleine. L'épave courait dans le noir. Une vitesse aveuglée, rien n'est plus affreux. Ils sentaient du précipice devant eux, sous eux, sur eux. Ce n'était plus une course, c'était une chute. Brusquement, dans l'énorme tumulte du brouillard de neige, une rougeur apparut. Un phare! crièrent les naufragés. X. LA GRANDE SAUVAGE. C'EST LA TEMPÊTE 63 L'homme Qui Rit XI. LES CASQUETS C'était en effet les Light-House des Casquets. n phare au dix-neuvième siècle est un haut cylindre conoïde de maçonnerie surmonté d'une machine à éclairage toute cientifique. Le phare des Casquets en particulier est aujourd'hui une triple tour blanche portant trois châteaux de umière. Ces trois maisons à feu évoluent et pivotent sur des rouages d'horlogerie avec une telle précision que l'homme de quart qui les observe du large fait invariablement dix pas sur le pont du navire pendant l'irradiation, et vingt-cinq endant l'éclipse. Tout est calcul dans le plan focal et dans la rotation du tambour octogone form de huit larges lentilles imples à échelons, et ayant au-dessus et au-dessous ses deux séries d'anneaux dioptriques; engrenage algébrique aranti des coups de vent et des coups de mer par des vitres épaisses, parfois cassées pourtant par les aigles de mer qui se jettent dessus, grands phalènes de ces lanternes géantes. La bâtisse qui enferme, soutient et sertit ce mécanisme est, comme lui, mathématique. Tout y est sobre, exact, nu, précis, correct; un phare est un chiffre. Au dix-septième siècle un phare était une sorte de panache de la terre au bord de la mer. L'architecture d'une tour de

« Il ya, au milieu delamer, àmoitié chemin entrePortland etl'archipel delaManche, unebouée, quiestlàpour avertir. Cette bouée estamarrée avecdeschaînes auxbas−fonds etflotte àfleur d'eau.

Surcette bouée estfixé untréteau defer, et latraverse decetréteau estsuspendue unecloche.

Danslegros temps, lamer, secouée, secouelabouée, etlacloche sonne.

Cettecloche, vousl'entendez. Le docteur laissapasser unredoublement delabise, attendit queleson delacloche eûtrepris ledessus, etpoursuivit: Entendre celtecloche danslatempête, quandlenoroit souffle, c'estêtreperdu.

Pourquoi? levoici.

Sivous entendez le bruit decette cloche, c'estquelevent vous l'apporte.

Orlevent vient del'ouest etles brisants d'Aurigny sontàl'est.

Vous ne pouvez entendre lacloche queparce quevous êtesentre labouée etles brisants.

C'estsurces brisants quelevent vous pousse.

Vousêtesdumauvais côtédelabouée.

Sivous étiez dubon, vous seriez aularge, enhaute mer,enroute sûre, etvous n'entendriez paslacloche.

Levent n'enporterait paslebruit versvous.

Vouspasseriez, prèsdelabouée sans savoir qu'elle estlà.Nous avons dévié. Cette cloche, c'estlenaufrage quisonne letocsin.

Maintenant, avisez! La cloche, pendant queledocteur parlait,apaisée parune baisse debrise, sonnait lentement, uncoup après l'autre, etce tintement intermittent semblaitprendreactedesparoles duvieillard.

Oneût ditleglas del'abîme. Tous écoutaient, haletants,tantôtcettevoix,tantôt cettecloche. X. LA GRANDE SAUVAGE.

C'ESTLATEMPÊTE Cependant lepatron avaitsaisisonporte−voix. Cargate todo,hombres ! Débordez lesécoutes, halezlescale−bas, affalezlesitaques etles cagues desbasses voiles! mordons àl'ouest! reprenons delamer! lecap surlabouée! lecap surlacloche! ilya du large là−bas. Tout n'est pasdésespéré. Essayez, ditledocteur. Disons ici,enpassant, quecette bouée àsonnerie, sortedeclocher delamer, aété supprimée en1802.

Detrès vieux navigateurs sesouviennent encoredel'avoir entendue.

Elleavertissait, maisunpeu tard. L'ordre dupatron futobéi.

Lelanguedocien fitun troisième matelot.Tousaidèrent.

Onfitmieux quecarguer, onferla; on sangla touslesrabans, onnoua lescargue−points, lescargue−fonds etles cargue−boulines; onmit des pataras surles estropes quipurent ainsiservir dehaubans detravers; onjumela lemât; oncloua lesmantelets desabord, cequi estune façon demurer lenavire.

Lamanoeuvre, quoiqueexécutée enpantenne, n'enfutpas moins correcte.

L'ourquefut ramenée àla simplification dedétresse.

Maisàmesure quelebâtiment, serranttout,s'amoindrissait, lebouleversement de l'air etde l'eau croissait surlui.Lahauteur desX.LA GRANDE SAUVAGE.

C'ESTLATEMPÊTE 61 L'homme QuiRit houles atteignait presqueladimension polaire. L'ouragan, commeunbourreau pressé,semit àécarteler lenavire.

Cefut, enun clin d'oeil, unarrachement effroyable, les huniers déralingués, lebordage rasé,lesdogues d'amures déboîtés,leshaubans saccagés, lemât brisé, toutlefracas du désastre volantenéclats.

Lesgros cables cédèrent, bienqu'ils eussent quatrebrasses d'étalingure. La tension magnétique propreauxorages deneige aidait àla rupture descordages.

Ilscassaient autantsousl'effluve que sous levent.

Diverses chaînessortiesdeleurs poulies nemanoeuvraient plus.Al'avant, lesjoues, etàl'arrière, les hanches, ployaient sousdespressions àoutrance.

Unelame emporta laboussole avecl'habitacle.

Uneautre lame emporta lecanot, amarré enporte−manteau aubeaupré, selonlabizarre coutume asturienne.

Uneautre lameemporta la vergue civadière.

Uneautre lameemporta laNotre−Dame deproue etlacage àfeu. Il ne restait quelegouvernail. On suppléa aufanal manquant aumoyen d'unegrosse grenade brûlotpleine d'étoupe flambante etde goudron allumé, qu'on suspendit àl'étrave. Le mât, cassé endeux, touthérissé dehaillons frissonnants, decordes, demoufles etde vergues, encombrait lepont.

En tombant, ilavait brisé unpan delamuraille detribord. Le patron, toujours àla barre, cria: Tant quenous pouvons gouverner, rienn'est perdu.

Lesoeuvres vivestiennent bon.Deshaches! deshaches! Le mât àla mer! dégagez lepont. Équipage etpassagers avaientlafièvre desbatailles suprêmes.

Cefut l'affaire dequelques coupsdecognée. On poussa lemât par−dessus lebord.

Lepont futdébarrassé. Maintenant, repritlepatron, prenezunedrisse etamarrez−moi àla barre. On lelia au timon. Pendant qu'onl'attachait, ilriait.

Ilcria àla mer: Beugle, lavieille! beugle! j'enaivu de pires aucap Machichaco. Et quand ilfut garrotté, ilempoigna letimon àdeux poings aveccette joieétrange quedonne ledanger. Tout estbien, camarades! ViveNotre−Dame deBuglose! Gouvernons àl'ouest! Une lame detravers, colossale, vint,ets'abattit surl'arrière.

Ilya toujours danslestempêtes unesorte devague tigre,. »

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