La préhistoire à Saint-Germain-en-Laye
Publié le 17/12/2011
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Le Musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye, en réfection depuis de nombreuses années, n'était jusqu'à présent qu'en partie accessible au public. Toutes les collections sont maintenant visibles. Ce Musée a été créé par un décret de Napoléon III, en 1862; son but est de présenter des collections qui témoignent de l'évolution technique et artistique de l'humanité depuis l'apparition de l'homme en France, soit un demi million d'années, en comptant au plus court, jusqu'à l'avènement de Charlemagne. Cette dernière date peut paraître arbitrairement choisie, mais elle correspond, en quelque sorte, à la fln du monde antique et à l'apparition des premières civilisations médiévales.
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montagnes de l'Asie centrale des produits exo tiques et rares, dont la soie, si appréciée dans la Rome impériale qu'il fallut des décrets pour en limiter l'achat.
Trop peu de témoignages de ces échanges subsistent, mais les contacts cul turels qu'ils étabiissaient entre les grandes civi iisations d'alors (monde ~réco-romain, Iran, Inde et Chine, donnèrent naissance à des cultu res synchrétiques et originales au Pakistan, en Afghanistan et dans la province chinoise du Sin-kiang.
Les missionnaires ne tardèrent pas 'à suivre les marchands ct à emprunter les pistes cara vanières de la Route de la Soie.
La plupart des objets présentés à l'exposition décoraient autre fois des monuments bouddhiques.
Grâce aux travaux de la délégation archéologique fran çaise en Afghanistan, un ensemble incompara ble d'objets de fouilles est aujourd'hui partagé entre ie musée Guimet, à Paris, et le musée de Kaboul.
Parmi les plus belles pièces prés.entées au Grand Palais, ii faut nommer le fameux « tré sor >> de Begram ·qui rassemble des objets pré cieux aux provenances les plus diverses : des vases, des bronzes, des plâtres de l'Occident ro main, des laques chinois, des plaques d'ivoire indiennes qui décoraient jadis un riche mobi lier de gynécée.
Le tout pourrait dater du pre mier siècle de notre ère.
Les sculptures en schiste bleu de la Province du Gandhâra, au Nord du Pakistan, et les stucs du monastère de Hadda, présentent un art hybride où les élé ments occidentaux, parthes et indiens, se mê lent en une synthèse originale (entre le second et le troisième siècle de notre ère).
Le décor monumental des sanctuaires rupes tres de l'oasis de Bâmyân, au cœur de la chaîne montagneuse de l'Hindou-Koush, était évoqué par de petites têtes de terre séchée et par des fragments de coupole peinte du site voisin de Kakrak (v"-vi• s.).
De 1906 à 1909, le sinologue Paul Pelliot par courut la Haute Asie dont il a rapporté une importante moisson d'objets actuellement par tagés entre le musée Guimet et la Bibliothèque nationale.
Ils apportent un éclairage particulier sur la culture éclectique de ces petites oasis du Tarim (Sin-kiang, Chine), tantôt indépen dantes, tantôt administrées par des fonctionnai res chinois.
Les statuettes en terre séchée d.e Toumchouq, entœ le IV" et le VIII• s., sont parmi les plus nombreux vestiges bouddhiques conser vés dans ces régions.
Dans l'oasis de Touen houang, première étape des caravanes sur le sol même de l'ancienne Chine, Paul P,elliot réus sit à acquérir un grand nombre de peintures et de manuscrits, ainsi que quelques sculptures en bois, conservées dans une cachette muré.e du XIe s., sans doute à la veille d'une invasion.
Un lot exceptionnel de peintures exécutées sur soie ou sur chanvre offre un panorama unique de l'art bouddhique chinois et de son iconographie entre le VIII• et le x• s.
Des morceaux de soie entouraient certains manuscrits; on retrouve plusieurs de leurs motifs sur des textiles d'au tres provenances parvenus très anciennement en Occident.
Plusieurs statuettes funéraires mon traient, d'autre part, 'l'attrait pour l'exotisme
manifesté par les Chinois entre le IIIe et le xe s.
Ce goût trouve justement son explication dans le grand commerce international de l'époque.
Les bizarreries de l'anamorphose
On peut voir, jusqu'au 9 mai, au Musée des Arts décoratifs, une très curieuse exposition, intitulée Chasse à l'anamorphose à travers les co•lfecfions du Musée.
Qu'est-ce que l'anamor phose ? L'anamorphose, tableau, dessin ou gra vure est, pour reprendre les termes de Jurgis Baltrusaïtis, « une projection des formes hors d'elles-mêmes et leur dislocation, de manière qu'elles se redressent lorsqu'elles sont vues d'un point déterminé.
Le procédé est établi comme une curiosité technique, mais il contient une poétique de l'abstraction, un mécanisme puissant de l'illusion optique et une philosophie de la réalité factice ».
C'est justement à la lecture de l'ouvrage fon damental de Baltrusaïtis, Anamorphose ou ma g[e artificielle des effets merveilleux (éd.
Olivier Perrin 1969) que deux amateurs hollandais associés à l'historien d'art Fœd Leeman, eurent l'idée d'une vaste exposition sur le sujet.
Pré sentée d'abord au Rijksmuseum, grâce auquel elle a pu être réalisée en partie, elle est actuel lement à Paris; les collections françaises y sont venues l'enrichir.
Tous les aspects de l'anamorphose sont pré sentés depuis les sujets traités en perspective à travers les « images à surprise >> allemandes du XVI' siècle (Vexiierbild), ou les sujets peints sur bois à la même époque (Portrait d'Edouard VI à neuf ans) (Angleterre, 1546), Paysage fan tastique et personnages (Allemagne du sud, mi iieu du XVI' s.), jusqu'aux images automatiques exécutées, grâce à Manfred Mohr, par une table traçante couplée à un ordinateur, et aux tra vaux perspectifs d'élèves des Beaux-Arts de Nancy, ou de l'école Camondo, en passant par les anamorphoses à miroirs cylindriques, coniques, voire pyramidaux, des xvii• et XVIII' sièc 1es.
sans oublier les boîtes 'à perspecti ves, dont la célèbre Nature morte da·ns un vestibule, de Samuel van Hoogstratem (vers 1660) du musée de Détroit, ou des reconstitu tions des cabinets d'optique, à la façon des ma thématiciens jésuites français du xvii• s., les pères Nicéron et du Breuil.
Dans le domaine des reconstitutions, un des pôles d'attraction de l'exposition est la fresque de saint François de Paule en extase, réalisée par Maignan, dans le cloître de 'la Trinité-des Monts, à Rome (1642), transcrite sur toile dans les dimensions de l'originale (3,50 rn sur 20 rn).
Curieuse également est la chambre illusionniste (3,50 rn X 6 rn X 8 rn) par Jean Beutener, artiste hollandais.
La participation française a essentiellement pour but de faire apparaître la vogue de l'ana morphose en France au x1x• s., grâce notam ment aux fonds prêtés par le Cabinet des Estam pes de la Bibliothèque nationale, par l'Institut pédagogique et par le Musée national des Tech niques (Conservatoire national des arts et mé tiers).
C'est un plaisir pour les yeux et pour l'esprit..
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