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Le beau selon saint Thomas

Publié le 06/04/2011

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saint thomas

   Saint Thomas, qui avait autant de simplicité que de sagesse, définissait le beau ce qui plaît à voir (id quod visum placet).    Ces quatre mots disent tout ce qu'il faut : une vision, c'est-à-dire une connaissance intuitive et une joie.    Ainsi s'exprime Jacques Maritain, exposant ce qu'est le beau d'après saint Thomas d'Aquin, dans son livre : Art et Scolastique. Cependant, il ne faut pas conclure de là à un sensualisme de saint Thomas ! Le texte suivant montrera que, pour les scolastiques, le plaisir éprouvé à saisir le beau n'est que le signe d'une perfection plus profonde :    Si la beauté délecte l'intelligence, c'est qu'elle est essentiellement une certaine excellence ou perfection dans la proportion des choses de l'intelligence. De là les trois conditions que lui assignait saint Thomas : intégrité, parce que l'intelligence aime l'être, proportion, parce que l'intelligence aime l'ordre et aime l'unité, enfin et surtout éclat ou clarté parce que l'intelligence aime la lumière et l'intelligibilité. Un certain resplendissement est, en effet, d'après tous les anciens, le caractère essentiel de la beauté, — claritas est de ratione pulchritudinis, lux pulchrificat, quia sine luce omnia sunt turpia, — mais c'est un resplendissement d'intelligibilité : splendor veri, disaient les Platoniciens, splendor ordinis, disait saint Augustin ajoutant que «l'unité est la forme de toute beauté«, splendor formae disait saint Thomas dans son langage précis de métaphysicien : car la « forme «, c'est-à-dire le principe qui fait la perfection propre de tout ce qui est, qui constitue et achève les choses dans leur essence et dans leurs qualités, qui est enfin, si l'on peut ainsi parler, le secret ontologique qu'elles portent en elles, leur être spirituel, leur mystère opérant, est avant tout le principe propre d'intelligibilité, la clarté propre de toute chose. Aussi bien toute forme est-elle un vestige ou un rayon de l'Intelligence créatrice imprimé au cœur de l'être créé. Tout ordre et toute proportion d'autre part est œuvre d'intelligence. Et ainsi, dire avec les scolastiques que la beauté est le resplendissement de la forme sur les parties proportionnées de la matière, c'est-à-dire qu'elle est une fulguration d'intelligence sur une matière intelligemment disposée. L'intelligence jouit du beau parce qu'en lui elle se retrouve et se reconnaît et prend contact avec sa propre lumière. Cela est si vrai que ceux-là — tel un François d'Assise — perçoivent et savourent davantage la beauté des choses, qui savent qu'elles sortent d'une intelligence, et qui les rapportent à leur auteur.    (Jacques Maritain - Art et scolastique, Ed. Aubier)

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