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le commissaire.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

le commissaire. « Sarah, dit la servante en s'adressant à quelqu'un dans la maison, c'est apparemment le chat. Minet ! minet ! petit ! petit ! petit ! » Aucun animal n'ayant été attiré par ces incantations, la servante referma lentement la porte, et la reverrouilla, laissant M. Pickwick aplati contre le mur. « Ceci est fort étrange, pensa-t-il avec tristesse. Elles veillent, à ce que je suppose, plus tard qu'à l'ordinaire. Il est bien malheureux qu'elles aient choisi précisément cette nuit-ci, extrêmement malheureux ! » Tout en faisant ces réflexions, M. Pickwick se retirait avec précaution dans l'angle du mur, où il avait été originairement caché, résolu d'attendre là assez longtemps pour pouvoir répéter, sans danger, son signal. Il y était à peine depuis cinq minutes, lorsque la lueur éblouissante d'un éclair fut immédiatement suivie d'un violent coup de tonnerre, qui fit retentir les cieux d'un épouvantable roulement puis vint un autre éclair plus éblouissant que le premier ; puis un autre coup de tonnerre, plus épouvantable que le précédent ; puis enfin arriva la pluie, plus terrible encore que les uns et les autres. M. Pickwick savait parfaitement qu'un arbre est un très-dangereux voisin pendant un orage : or, il avait un arbre à sa droite, un autre à sa gauche, un troisième devant lui, un quatrième derrière. S'il restait où il était, il risquait d'être foudroyé ; s'il se montrait au milieu du jardin, il pouvait être saisi et livré aux constables. Une ou deux fois il essaya d'escalader le mur ; mais, n'ayant alors aucun aide, le seul résultat de ses efforts fut de mettre toute sa personne dans un état de transpiration abondante, et d'opérer sur ses genoux et sur les os de ses jambes une infinité d'égratignures. « Quelle épouvantable situation ! » se dit-il à lui-même, en s'arrêtant après cet exercice pour essuyer son front et pour frotter ses genoux. En même temps, il regardait vers la maison, et n'y voyant plus de lumière, il se flatta que tout le monde serait couché ; il résolut donc de répéter son signal. Il marche sur la pointe du pied, dans le sable humide ; il frappe à la porte ; il retient son haleine ; il écoute à travers le trou de la serrure. Pas de réponse. C'est singulier. Un autre coup. Il écoute de nouveau ; un chuchotement se fait entendre dans l'intérieur, et une voix crie ensuite : « Qui va là ? - Ce n'est pas Job, pensa M. Pickwick en s'aplatissant contre le mur. C'est une voix de femme. » À peine était-il arrivé à cette conclusion, qu'une fenêtre du premier étage s'ouvrit, et trois ou quatre voix de femmes répétèrent la question : « Qui est là ? » M. Pickwick n'osa pas bouger. Il était clair que toute la maison était réveillée. Il résolut de rester où il était jusqu'à ce que l'alarme fût apaisée, et ensuite de faire un effort surnaturel, d'escalader le mur, ou de périr dans cette noble entreprise. Comme toutes les résolutions de M. Pickwick, celle-ci était la meilleure qu'il pût prendre dans les circonstances données ; mais malheureusement elle était fondée sur l'hypothèse que les habitants de la maison n'oseraient point rouvrir la porte. Quel fut donc son désappointement lorsqu'il entendit tirer barres et verrous, et lorsqu'il vit la porte s'entre-bâiller lentement, mais de plus en plus. Il fit retraite, pas à pas, jusqu'auprès des gonds ; mais ce fut en vain qu'il s'effaça contre le mur : l'interposition de sa personne empêchait la porte de s'ouvrir tout à fait. « Qui est là ? » s'écria, de l'escalier, un choeur nombreux de voix de soprano. C'étaient la vieille demoiselle, maîtresse de l'établissement, trois sous-maîtresses, cinq domestiques femelles, et trente pensionnaires, toutes à demi-vêtues, toutes ombragées d'une forêt de papillotes. Comme on s'en doute bien, M. Pickwick ne répondit point qui était là, et alors le refrain du choeur fut changé en celui-ci : « Mon Dieu ! mon Dieu ! comme j'ai peur ! - Cuisinière, dit la vieille demoiselle, qui avait pris soin de rester au haut de l'escalier, la dernière du groupe ; cuisinière, pourquoi n'avancez-vous pas dans le jardin ? - Si vous plaît, ma'ame, je n'en avons pas envie. - Mon Dieu ! mon Dieu ! que cette cuisinière est stupide ! s'écrièrent les trente pensionnaires. - Cuisinière ! reprit la vieille demoiselle avec grande dignité, ne me raisonnez pas, s'il vous plaît. Je vous ordonne de regarder dans le jardin, sur-le-champ. » Ici la cuisinière commença à pleurer : la servante dit que c'était une honte de la traiter ainsi, et pour cet acte de rébellion elle reçut son congé sur la place. « Cuisinière ! entendez-vous ? cria la vieille demoiselle en frappant du pied avec colère. - Cuisinière ! entendez-vous votre maîtresse ? crièrent les trois sous-maîtresses. - Cette cuisinière est-elle impudente ! » crièrent les trente pensionnaires. L'infortunée cuisinière, ainsi poussée en avant, fit un pas ou deux en ayant soin de tenir sa chandelle de manière qu'il lui fût impossible de rien apercevoir. Elle déclara donc qu'elle ne voyait rien dans le jardin, et que ce devait être le vent. La porte allait se refermer, en conséquence, lorsqu'une pensionnaire curieuse s'étant hasardée à regarder entre les gonds, jeta un cri effroyable qui fit rentrer en un clin d'oeil la cuisinière, la servante et les plus aventureuses. « Qu'est-ce qui est donc arrivé à miss Smithers ? demanda la vieille demoiselle, tandis que ladite miss Smithers tombait dans une attaque de nerfs de la puissance de quatre jeunes ladies. - Mon Dieu ! mon Dieu ! chère miss Smithers ! dirent les vingt-neuf autres pensionnaires. - Oh ! l'homme ! l'homme derrière la porte ! » cria miss Smithers d'une voix entrecoupée. Aussitôt que la vieille demoiselle eut entendu ces mots effrayants, elle battit en retraite jusque dans sa chambre à coucher, ferma la porta à double tour, et se trouva mal tout à son aise. Cependant les pensionnaires, les sous-maîtresses, les servantes se précipitaient sur l'escalier, les unes par-dessus les autres ; et jamais on n'avait vu tant de bousculades, tant d'évanouissements, tant de cris. Au milieu du tumulte, M. Pickwick sortit de sa cachette et se présenta devant ces colombes effarouchées. « Ladies ! chères ladies ! leur dit-il. - Oh ! Il nous appelle chères, cria la plus laide et la plus vieille des sous-maîtresses. Dieux ! le misérable ! - Ladies ! vociféra M. Pickwick, devenu désespéré par le danger de sa situation. Écoutez-moi ! je ne suis point un voleur ! Tout ce que je veux, c'est la maîtresse de la maison ! - Oh ! quel monstre féroce ! s'écria une autre sous-maîtresse. Il en veut à miss Tomkins ! » Ici les gémissements devinrent universels. - Sonnez la cloche d'alarme ! dirent une douzaine de voix. - Non ! non ! cria M. Pickwick, regardez-moi ! ai-je l'air d'un voleur ? Mes chères dames, vous pouvez m'attacher, m'enfermer, pieds et poings liés, dans un cabinet, si cela vous fait plaisir. Seulement écoutez ce que j'ai à dire ! seulement écoutez-moi ! - Comment êtes-vous entré dans notre jardin ? balbutia la servante. - Appelez la maîtresse de la maison, et je lui dirai tout, tout ! continua M. Pickwick de toutes les forces de ses poumons. Appelez-la donc ; seulement soyez calmes, et appelez-la : vous entendrez tout ! » Était-ce grâce à la figure de M. Pickwick, ou à son éloquence, ou à la tentation irrésistible pour des esprits féminins d'entendre quelque chose de mystérieux ? nous l'ignorons ; mais les femelles les plus raisonnables de l'établissement, au nombre d'environ quatre ou cinq, parvinrent enfin à recouvrer une tranquillité comparative. Elles proposèrent à M. Pickwick de se soumettre immédiatement à une contrainte personnelle, afin de prouver sa sincérité : il y consentit, et, pour obtenir de conférer avec miss Tomkins, il entra spontanément dans le cabinet où les externes pendaient leurs bonnets et leurs sacs durant les classes. Lorsqu'il y fut soigneusement renfermé, les brebis effrayées commencèrent peu à peu à reprendre courage.

« dernière dugroupe ; cuisinière, pourquoin’avancez-vous pasdans lejardin ? – Si vous plaît, ma’ame, jen’en avons pasenvie. – Mon Dieu ! monDieu ! quecette cuisinière eststupide ! s’écrièrent lestrente pensionnaires. – Cuisinière ! repritlavieille demoiselle avecgrande dignité, neme raisonnez pas,s’ilvous plaît. Je vous ordonne deregarder danslejardin, sur-le-champ. » Ici lacuisinière commença àpleurer : laservante ditque c’était unehonte delatraiter ainsi,et pour cetacte derébellion ellereçut soncongé surlaplace. « Cuisinière ! entendez-vous ? crialavieille demoiselle enfrappant dupied avec colère. – Cuisinière ! entendez-vous votremaîtresse ? crièrentlestrois sous-maîtresses. – Cette cuisinière est-elleimpudente ! » crièrentlestrente pensionnaires. L’infortunée cuisinière,ainsipoussée enavant, fitun pas oudeux enayant soindetenir sa chandelle demanière qu’illuifût impossible derien apercevoir.

Elledéclara doncqu’elle ne voyait riendans lejardin, etque cedevait êtrelevent. La porte allaitserefermer, enconséquence, lorsqu’unepensionnaire curieuses’étanthasardée à regarder entrelesgonds, jetauncrieffroyable quifitrentrer enun clin d’œil lacuisinière, la servante etles plus aventureuses. « Qu’est-ce quiestdonc arrivé àmiss Smithers ? demandalavieille demoiselle, tandisque ladite missSmithers tombaitdansuneattaque denerfs delapuissance dequatre jeunesladies. – Mon Dieu ! monDieu ! chèremissSmithers ! direntlesvingt-neuf autrespensionnaires. – Oh ! l’homme ! l’hommederrièrelaporte ! » criamiss Smithers d’unevoixentrecoupée. Aussitôt quelavieille demoiselle eutentendu cesmots effrayants, ellebattit enretraite jusque dans sachambre àcoucher, fermalaporta àdouble tour,etse trouva maltout àson aise. Cependant lespensionnaires, lessous-maîtresses, lesservantes seprécipitaient surl’escalier, les unes par-dessus lesautres ; etjamais onn’avait vutant debousculades, tant d’évanouissements, tantdecris.

Aumilieu dutumulte, M. Pickwick sortitdesacachette etse présenta devantcescolombes effarouchées. « Ladies ! chèresladies ! leurdit-il. – Oh ! Ilnous appelle chères , cria laplus laide etlaplus vieille dessous-maîtresses.

Dieux !le misérable ! – Ladies ! vociféra M. Pickwick, devenudésespéré parledanger desasituation.

Écoutez-moi ! je ne suis point unvoleur ! Toutceque jeveux, c’estlamaîtresse delamaison ! – Oh ! quel monstre féroce !s’écriauneautre sous-maîtresse.

Ilen veut àmiss Tomkins ! » Ici les gémissements devinrentuniversels. – Sonnez lacloche d’alarme ! direntunedouzaine devoix. – Non ! non !criaM. Pickwick, regardez-moi ! ai-jel’aird’un voleur ? Meschères dames, vous pouvez m’attacher, m’enfermer, piedsetpoings liés,dans uncabinet, sicela vous faitplaisir. Seulement écoutezceque j’aiàdire ! seulement écoutez-moi ! – Comment êtes-vousentrédansnotre jardin ? balbutia laservante. – Appelez lamaîtresse delamaison, etjelui dirai tout, tout ! continua M. Pickwick detoutes les forces deses poumons.

Appelez-la donc ;seulement soyezcalmes, etappelez-la : vous entendrez tout ! » Était-ce grâceàla figure deM. Pickwick, ouàson éloquence, ouàla tentation irrésistible pour des esprits féminins d’entendre quelquechosedemystérieux ? nousl’ignorons ; maisles femelles lesplus raisonnables del’établissement, aunombre d’environ quatreoucinq, parvinrent enfinàrecouvrer unetranquillité comparative.

Ellesproposèrent àM. Pickwick dese soumettre immédiatement àune contrainte personnelle, afindeprouver sasincérité : ily consentit, et,pour obtenir deconférer avecmissTomkins, ilentra spontanément dansle cabinet oùles externes pendaient leursbonnets etleurs sacsdurant lesclasses.

Lorsqu’il yfut soigneusement renfermé,lesbrebis effrayées commencèrent peuàpeu àreprendre courage.. »

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