Le General Dourakine --Cent mille roubles.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
« Vous outragez l'autorite, Maria Petrovna! Ocipe, Feodore, prenez cette femme et menez-la dans le salon prive. Malgre sa resistance, Mme Papofski fut enlevee par ces hommes robustes qu'elle n'avait pas apercus, et entrainee dans un salon petit, mais d'apparence assez elegante. Quand elle fut au milieu de ce salon, elle se sentit descendre par une trappe a peine assez large pour laisser passer le bas de son corps; ses epaules arreterent la descente de la trappe; terrifiee, ne sachant ce qui allait lui arriver, elle voulut implorer la pitie des deux hommes qui l'avaient amenee, mais ils etaient disparus; elle etait seule. A peine commencait-elle a s'inquieter de sa position, qu'elle en comprit toute l'horreur, elle se sentit fouettee comme elle aurait voulu voir fouetter ses paysans. Le supplice fut court, mais terrible. La trappe remonta; la porte du petit salon s'ouvrit. Vous pouvez sortir, Maria Petrovna", lui dit le capitaine ispravnik qui entrait, en lui offrant le bras d'un air souriant. Elle aurait bien voulu l'injurier, le souffleter, l'etrangler, mais elle n'osa pas et se contenta de passer devant lui sans accepter son bras. Maria Petrovna, lui dit le capitaine ispravnik en l'arretant, j'ai eu l'honneur de vous offrir mon bras; est-ce que vous voudriez recommencer une querelle avec moi?... Non, n'est-ce pas?... Ne sommes-nous pas bons amis? ajouta-t-il avec un sourire charmant. Allons, prenez mon bras: j'aurai l'honneur de vous conduire jusqu'a votre voiture. Ne mettons pas le public dans nos confidences; tout cela doit rester entre nous. Mme Papofski, encore tremblante, fut obligee d'accepter le bras de son ennemi, qui lui parla de la facon la plus gracieuse; elle ne lui repondait pas. Le capitaine ispravnik, bas et familierement: Vous me direz bien quelques paroles gracieuses, ma chere Maria Petrovna, devant tous ces gens qui nous regardent. Un petit sourire, Maria Petrovna, un regard aimable: sans quoi je devrai vous faire faire connaissance avec un autre petit salon tres gentil, bien plus agreable que celui que vous connaissez; on y reste plus longtemps... et on en sort toujours pour se mettre au lit. J'ai hate de m'en retourner chez moi, Yefime Vassilievitche, repondit Mme Papofski en le regardant avec le sourire qu'il reclamait; j'ai ete deja bien indiscrete de vous faire une si longue visite. J'espere qu'elle vous a ete agreable, chere Maria Petrovna, comme a moi. Certainement, Yefime Vassilievitche... (dites mon cher Yefime Vassilievitche, lui dit a l'oreille le capitaine ispravnik), mon cher Yefime Vassilievitche, repeta Mme Papofski. (Demandez-moi a venir vous voir, continua son bourreau.) Venez donc me voir a Gromiline... (mon cher, dit l'ispravnik), mon cher... Ah!... ah! Je meurs! Et Mme Papofski tomba dans les bras du capitaine ispravnik. L'effort avait ete trop violent; elle perdit connaissance. Le capitaine ispravnik la coucha dans sa voiture, fit semblant de la plaindre, de s'inquieter, et ordonna au cocher de ramener sa maitresse le plus vite possible, parce qu'elle avait besoin de repos. Le cocher fouetta les chevaux, qui partirent ventre a terre. Bonne journee! se dit le capitaine ispravnik. Deux cent mille roubles! Ah! ah! ah! la Papofski! comme elle s'est laisse prendre! j'irai la voir; si je pouvais lui extorquer encore quelque chose! Je verrai, je verrai. Le mouvement de la voiture, les douleurs qu'elle ressentait et le grand air firent revenir Mme Papofski de son evanouissement. Elle se remit avec peine sur la banquette de laquelle elle avait glisse, et se livra aux plus altieres reflexions et aux plus terribles coleres jusqu'a son retour a Gromiline. Elle se coucha en arrivant, pretextant une migraine pour ne pas eveiller la curiosite des domestiques, et resta dans son lit trois jours entiers. Le quatrieme jour, quand elle voulut se lever, un mouvement extraordinaire se faisait entendre dans la maison. Le General Dourakine XVI. VISITE QUI TOURNE MAL 72 »
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