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Le General Dourakine Le general: "Tres mal, mon cher; horriblement!

Publié le 11/04/2014

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Le General Dourakine Le general: "Tres mal, mon cher; horriblement! On ne les tient qu'avec des coups de baton." Derigny: "Il me semble, mon general, si j'ose vous dire ma pensee, qu'ils servent mal parce qu'ils n'aiment pas et ils ne s'attachent pas a cause des mauvais traitements." Le general: "Bah! bah! Ce sont des betes brutes qui ne comprennent rien." Derigny: "Il me semble, mon general, qu'ils comprennent bien la menace et la punition." Le general: "Certainement, c'est parce qu'ils ont peur." Derigny: "Ils comprendraient aussi bien les bonnes paroles et les bons traitements, et ils aimeraient leur maitre comme je vous aime, mon general." Le general: "Mon bon Derigny, vous etes si different de ces Russes grossiers!" Derigny: "A l'apparence, mon general, mais pas au fond." Le general: "C'est possible; nous en parlerons plus tard; a present, partons. Appelez Helene et les enfants." Tout etait pret: le courrier venait de partir pour commander les chevaux au prochain relais. Chacun prit sa place dans la berline; le temps etait magnifique et le general de bonne humeur, mais pensif. Ce que lui avait dit Derigny lui revenait a la memoire, et son bon coeur lui faisait entrevoir la verite. Il se proposa d'en causer a fond avec lui quand il serait etabli a Gromiline, et il chassa les pensees qui l'ennuyaient, avec une aile de volaille et une demi-bouteille de bordeaux. II. ARRIVEE A GROMILINE. Apres une journee fatigante, ennuyeuse, animee seulement par quelques demi-coleres du general, on arriva, a dix heures du soir, au chateau de Gromiline. Plusieurs hommes barbus se precipiterent vers la portiere et aiderent le general, engourdi, a descendre de voiture; ils baiserent ses mains en l'appelant Batiouchka (pere); les femmes et les enfants vinrent a leur tour, en ajoutant des exclamations et des protestations. Le general saluait, remerciait, souriait. Mme Derigny et les enfants suivaient de pres. Derigny avait voulu retirer de la voiture les effets du general, mais une foule de mains s'etaient precipitees pour faire la besogne. Derigny les laissa faire et rejoignit le groupe, autour duquel se bousculaient les femmes et les enfants de la maison, repetant a voix basse Frantsousse (Francais) et examinant avec curiosite la famille Derigny. Le general leur dit quelques mots, apres lesquels deux femmes coururent dans un corridor sur lequel donnaient les chambres a coucher; deux autres se precipiterent dans un passage qui menait a l'office et aux cuisines. "Mon ami, dit le general a Derigny, accompagnez votre femme et vos enfants dans les chambres que je vous ai fait preparer par Stepane; on vous apportera votre souper; quand vous serez bien installes, on vous menera dans mon appartement, et nous prendrons nos arrangements pour demain et les jours suivants. --A vos ordres, mon general", repondit Derigny. Et il suivit un domestique auquel le general avait donne ses instructions en russe. Les enfants, a moitie endormis a l'arrivee, s'etaient eveilles tout a fait par le bruit, la nouveaute des visages, des costumes. II. ARRIVEE A GROMILINE. 5 Le General Dourakine "C'est drole, dit Paul a Jacques, que tous les hommes ici soient des sapeurs!" Jacques: "Ce ne sont pas des sapeurs: ce sont les paysans du general Paul: "Mais pourquoi sont-ils tous en robe de chambre?" Jacques: "C'est leur maniere de s'habiller; tu en as vu tout le long de la route; ils etaient tous en robe de chambre de drap bleu avec des ceintures rouges. C'est tres joli, bien plus joli que les blouses de chez nous." Ils arriverent aux chambres qu'ils devaient occuper et que Vassili, l'intendant, avait fait arranger du mieux possible. Il y en avait trois, avec des canapes en guise de lits, des coffres pour serrer les effets, une table par chambre, des chaises et des bancs. "Elles sont jolies nos chambres, dit Jacques; seulement je ne vois pas de lits. Ou coucherons-nous?" Derigny: "Que veux-tu, mon enfant! s'il n'y a pas de lits, nous nous arrangerons des canapes; il faut savoir s'arranger de ce qu'on trouve." Derigny et sa femme se mirent immediatement a l'ouvrage, et quelques minutes apres ils avaient donne aux canapes une apparence de lits. Paul s'etait endormi sur une chaise; Jacques baillait, tout en aidant son pere et sa mere a defaire les malles et a en tirer ce qui etait necessaire pour la nuit. Ils se coucherent des que cette besogne fut terminee, et ils dormirent jusqu'au lendemain. Derigny, avant de se coucher, chercha a arriver jusqu'au general, qu'il eut de la peine a trouver dans la foule de chambres et de corridors qu'il traversait. Il finit pourtant par arriver a l'appartement du general, qui se promenait dans sa grande chambre a coucher, d'assez mauvaise humeur. Quand Derigny entra, il s'arreta, et, croisant les bras: "Je suis contrarie, furieux, d'etre venu ici; tous ces gens n'entendent rien a mon service; ils se precipitent comme des fous et des imbeciles pour executer mes ordres qu'ils n'ont pas compris. Je ne trouve rien de ce qu'il me faut. Votre auberge de l'Ange-gardien etait cent fois mieux montee que mon Gromiline. J'ai pourtant six cent mille roubles de revenu! A quoi me servent-ils?" Derigny: "Mais, mon general, quand on arrive apres une longue absence, c'est toujours ainsi. Nous arrangerons tout cela, mon general; dans quelques jours vous serez installe comme un prince." Le General: "Alors ce sera vous et votre femme qui m'installerez, car mes gens d'ici ne comprennent pas ce que je leur demande." Derigny: "C'est la joie de vous revoir qui les trouble, mon general. Il n'y a peut-etre pas longtemps qu'ils savent votre arrivee?" Le General: "Je crois bien! je n'avais pas ecrit; c'est Stepane qui m'a annonce." Derigny: "Mais... alors, mon general, les pauvres gens ne sont pas coupables: ils n'ont pas eu le temps de preparer quoi que ce soit." Le General: "Pas seulement mon souper, que j'attends encore. En verite, cela est trop fort!" Derigny: "C'est pour qu'il soit meilleur, mon general, c'est pour que les viandes soient bien cuites, qu'on vous les fait attendre." II. ARRIVEE A GROMILINE. 6

« “C'est drole, dit Paul a Jacques, que tous les hommes ici soient des sapeurs!” Jacques: “Ce ne sont pas des sapeurs: ce sont les paysans du general Paul: “Mais pourquoi sont-ils tous en robe de chambre?” Jacques: “C'est leur maniere de s'habiller; tu en as vu tout le long de la route; ils etaient tous en robe de chambre de drap bleu avec des ceintures rouges.

C'est tres joli, bien plus joli que les blouses de chez nous.” Ils arriverent aux chambres qu'ils devaient occuper et que Vassili, l'intendant, avait fait arranger du mieux possible.

Il y en avait trois, avec des canapes en guise de lits, des coffres pour serrer les effets, une table par chambre, des chaises et des bancs. “Elles sont jolies nos chambres, dit Jacques; seulement je ne vois pas de lits.

Ou coucherons-nous?” Derigny: “Que veux-tu, mon enfant! s'il n'y a pas de lits, nous nous arrangerons des canapes; il faut savoir s'arranger de ce qu'on trouve.” Derigny et sa femme se mirent immediatement a l'ouvrage, et quelques minutes apres ils avaient donne aux canapes une apparence de lits.

Paul s'etait endormi sur une chaise; Jacques baillait, tout en aidant son pere et sa mere a defaire les malles et a en tirer ce qui etait necessaire pour la nuit. Ils se coucherent des que cette besogne fut terminee, et ils dormirent jusqu'au lendemain.

Derigny, avant de se coucher, chercha a arriver jusqu'au general, qu'il eut de la peine a trouver dans la foule de chambres et de corridors qu'il traversait. Il finit pourtant par arriver a l'appartement du general, qui se promenait dans sa grande chambre a coucher, d'assez mauvaise humeur.

Quand Derigny entra, il s'arreta, et, croisant les bras: “Je suis contrarie, furieux, d'etre venu ici; tous ces gens n'entendent rien a mon service; ils se precipitent comme des fous et des imbeciles pour executer mes ordres qu'ils n'ont pas compris.

Je ne trouve rien de ce qu'il me faut.

Votre auberge de l'Ange-gardien etait cent fois mieux montee que mon Gromiline.

J'ai pourtant six cent mille roubles de revenu! A quoi me servent-ils?” Derigny: “Mais, mon general, quand on arrive apres une longue absence, c'est toujours ainsi.

Nous arrangerons tout cela, mon general; dans quelques jours vous serez installe comme un prince.” Le General: “Alors ce sera vous et votre femme qui m'installerez, car mes gens d'ici ne comprennent pas ce que je leur demande.” Derigny: “C'est la joie de vous revoir qui les trouble, mon general.

Il n'y a peut-etre pas longtemps qu'ils savent votre arrivee?” Le General: “Je crois bien! je n'avais pas ecrit; c'est Stepane qui m'a annonce.” Derigny: “Mais...

alors, mon general, les pauvres gens ne sont pas coupables: ils n'ont pas eu le temps de preparer quoi que ce soit.” Le General: “Pas seulement mon souper, que j'attends encore.

En verite, cela est trop fort!” Derigny: “C'est pour qu'il soit meilleur, mon general, c'est pour que les viandes soient bien cuites, qu'on vous les fait attendre.” Le General Dourakine II.

ARRIVEE A GROMILINE.

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