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Le Grand Meaulnes o CHAPITRE IX.

Publié le 11/04/2014

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Le Grand Meaulnes o CHAPITRE IX. Les gens heureux. o CHAPITRE X. La "Maison de Frantz". o CHAPITRE XI. Conversation sous la pluie. o CHAPITRE XII. Le fardeau. o CHAPITRE XIII. Le cahier de devoirs mensuels. o CHAPITRE XIV. Le secret. o CHAPITRE XV. Le secret (suite). o CHAPITRE XVI. Le secret (fin). This Etext was prepared by [email protected] Préface. Henri-Alban Fournier (Alain-Fournier est un demi-pseudonyme) est né le 3 octobre 1886, à La Chapelle-d'Angillon (Cher). Après une enfance passée en Sologne et dans le Bas-Berry, où ses parents sont instituteurs, il commence ses études secondaires à Paris, puis va préparer à Brest le concours d'entrée à l'Ecole Navale, à quoi il renonce bientôt, ayant compris qu'il ne pourrait jamais vivre loin de ces campagnes de son enfance qu'il a passionnément aimées. Il revient faire sa philosophie à Bourges. Puis, ayant choisi la carrière de l'enseignement des Lettres, il poursuit ses études au Lycée Lakanal, à Sceaux, où il se lie de profonde amitié avec Jacques Rivière (qui épousera en 1909 se jeune soeur Isabelle). Tous deux se lancent à la recherche de la vérité et de la beauté dans tous les arts: peinture, musique et surtout littérature, où ils seront les premiers à découvrir, parmi les jeunes écrivainsalors incompris et moqués ceux qui deviendront les grands noms de notre époque: Claudel, Péguy, Valéry, etc. En juin 1905, Henri avait rencontré celle qui, sous le nom d'Yvonne de Galais sera l'héroine du Grand Meaulnes. Brève rencontre, unique conversation le long des quais de la Seine, d'où est né en lui, cependant, ce qui sera le grand amour de sa vie. Il ne retrouvera qu'en 1913, après huit ans de recherches et de souffrances, pour une deuxièle courte rencontre, "La Belle Jeune Fille", alors mariée et mère de deux enfants. Ses études ayant été interrompues en 1907 par les deux ans de son service militaire, il ne les avait pas reprises. Il avait tenu alors quelque temps un Courrier littéraire, publié divers poèmes, essais, contes (réunis plus tard sous le titre Miracles), cependant que s'élaborait lentement l'oeuvre qui l'a rendu célèbre. Et c'est quelques mois après la deuxième rencontrela dernière que parut Le Grand Meaulnes commencé presque au lendemain de la première, patiemment bâti, remanié, transformé au long de ces huit années, et qui est l'histoire, à peine transposée, de tout ce qu'il avait vécu jusqu'alors, et du grand douloureux amour qui a dominé sa vie. Un an plus tard, il était tué aux Eparges, le 22 septembre 1914. Sa soeur Isabelle, à qui est dédié le roman, après la mort de son mari, Jacques Rivière, en 1925, publia l'abondante Correspondance des deux amis; ensuite les Lettres au Petit B. (René Bichet, un gentil camarade de Lakanal) et les Lettres d'Alain-Fournier à sa Famille, puis des souvenirs sur son frère: Images d'Alain-Fournier, etc. A ma soeur Isabelle. PREMIÈRE PARTIE Préface. 2 Le Grand Meaulnes CHAPITRE PREMIER. Le Pensionnaire. Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189... Je continue à dire "chez nous", bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cour Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe. Une longe maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité du bourg; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers La Gare, à trois kilomètres; au sud et par derrière, des champs, des jardins et des prés qui rejoignaient les faubourgs... tel est le plan sommaire de cette demeure où s'écoulèrent les jours les plus tourmentés et les plus chers de ma viedemeure d'où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues sur un rocher désert, nos aventures. Le hasard des "changements", une décision d'inspecteur ou de préfet nous avaient conduits là. Vers la fin des vacances, il y a bien longtemps, une voiture de paysan, qui précédait notre ménage, nous avait déposés, ma mère et moi, devant la petite grille rouillée. Des gamins qui volaient des pêches dans le jarding s'étaient enfuis silencieusement par les trous de la haie... Ma mère, que nous appelions Millie, et qui était bien la ménagère la plus méthodique que j'aie jamais connue, était entrée aussitôt dans les pièces remplies de paille poussiéreuse, et tout de suite elle avait constaté avec désespoir, comma à chaque "déplacement", que nos meubles ne tiendraient jamais dans une maison si mal construite... Elle était sortie pour me confier sa détresse. Tout en me parlant, elle avait essuyé doucement avec son mouchoir ma figure d'enfant noircie par le voyage. Puis elle était rentrée faire le compte de toutes les ouvertures qu'il allait falloir condamner pour rendre le logement habitable... Quant à moi, coiffé d'un grand chapeau de paille à rubans, j'étais resté là, sur le gravier de cette cour étrangère, à attendre, à fureter petitement autour du puits et sous le hangar. C'est ainsi, du moins, que j'imagine aujourd'hui notre arrivée. Car aussitôt que je veux retrouver le lointain souvenir de cette première soirée d'attente dans notre cour de Sainte-Agathe, déjà ce sont d'autres attentes que je me rappelle; déjà, les deux mains appuyées aux barreaux du portail, je me vois épiant avec anxiété quelqu'un qui va descendre la grand'rue. Et si j'essaie d'imaginer la première nuit que je dus passer dans ma mansarde, au millieu des greniers du premier étage, déjà ce sont d'autres nuits que je me rappelle; je ne suis plus seul dans cette chambre; une grande ombre inquiète et amie passe le long des murs et se promène. Tout ce paysage paisiblel'école, le champ du père Martin, avec ses trois noyers, le jardin dès quatre heures envahi chaque jour par des femmes en visiteest à jamais, dans ma mémoire, agité, transformé par la présence de celui qui bouleversa toute notre adolescence et dont la fuite même ne nous a pas laissé de repos. Nous étions pourtant depuis dix ans dans ce pays lorsque Meaulnes arriva. J'avais quinze ans. C'était un froid dimanche de novembre, le premier jour d'automne qui fît songer à l'hiver. Toute la journée, Millie avait attendu une voiture de La Gare qui devait lui apporter un chapeau pour la mauvaise saison. Le matin, elle avait manqué la messe; et jusqu'au sermon, assis dans le choeur avec les autres enfants, j'avais regardé anxieusement du côté des cloches, pour la voir entrer avec son chapeau neuf. Après midi, je dus partir seul à vêpres. "D'ailleurs, me dit-elle, pour me consoler, en brossant de sa main mon costume d'enfant, même s'il était arrivé, ce chapeau, il aurait bien fallu sans doute, que je passe mon dimanche à le refaire". CHAPITRE PREMIER. Le Pensionnaire. 3
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« CHAPITRE PREMIER.

Le Pensionnaire. Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189... Je continue à dire "chez nous", bien que la maison ne nous appartienne plus.

Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cour Supérieur de Sainte-Agathe.

Mon père, que j'appelais M.

Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen.

Ma mère faisait la petite classe. Une longe maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité du bourg; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers La Gare, à trois kilomètres; au sud et par derrière, des champs, des jardins et des prés qui rejoignaient les faubourgs...

tel est le plan sommaire de cette demeure où s'écoulèrent les jours les plus tourmentés et les plus chers de ma vie\24demeure d'où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues sur un rocher désert, nos aventures. Le hasard des "changements", une décision d'inspecteur ou de préfet nous avaient conduits là.

Vers la fin des vacances, il y a bien longtemps, une voiture de paysan, qui précédait notre ménage, nous avait déposés, ma mère et moi, devant la petite grille rouillée.

Des gamins qui volaient des pêches dans le jarding s'étaient enfuis silencieusement par les trous de la haie...

Ma mère, que nous appelions Millie, et qui était bien la ménagère la plus méthodique que j'aie jamais connue, était entrée aussitôt dans les pièces remplies de paille poussiéreuse, et tout de suite elle avait constaté avec désespoir, comma à chaque "déplacement", que nos meubles ne tiendraient jamais dans une maison si mal construite...

Elle était sortie pour me confier sa détresse.

Tout en me parlant, elle avait essuyé doucement avec son mouchoir ma figure d'enfant noircie par le voyage.

Puis elle était rentrée faire le compte de toutes les ouvertures qu'il allait falloir condamner pour rendre le logement habitable...

Quant à moi, coiffé d'un grand chapeau de paille à rubans, j'étais resté là, sur le gravier de cette cour étrangère, à attendre, à fureter petitement autour du puits et sous le hangar. C'est ainsi, du moins, que j'imagine aujourd'hui notre arrivée.

Car aussitôt que je veux retrouver le lointain souvenir de cette première soirée d'attente dans notre cour de Sainte-Agathe, déjà ce sont d'autres attentes que je me rappelle; déjà, les deux mains appuyées aux barreaux du portail, je me vois épiant avec anxiété quelqu'un qui va descendre la grand'rue.

Et si j'essaie d'imaginer la première nuit que je dus passer dans ma mansarde, au millieu des greniers du premier étage, déjà ce sont d'autres nuits que je me rappelle; je ne suis plus seul dans cette chambre; une grande ombre inquiète et amie passe le long des murs et se promène.

Tout ce paysage paisible\24l'école, le champ du père Martin, avec ses trois noyers, le jardin dès quatre heures envahi chaque jour par des femmes en visite\24est à jamais, dans ma mémoire, agité, transformé par la présence de celui qui bouleversa toute notre adolescence et dont la fuite même ne nous a pas laissé de repos. Nous étions pourtant depuis dix ans dans ce pays lorsque Meaulnes arriva. J'avais quinze ans.

C'était un froid dimanche de novembre, le premier jour d'automne qui fît songer à l'hiver. Toute la journée, Millie avait attendu une voiture de La Gare qui devait lui apporter un chapeau pour la mauvaise saison.

Le matin, elle avait manqué la messe; et jusqu'au sermon, assis dans le choeur avec les autres enfants, j'avais regardé anxieusement du côté des cloches, pour la voir entrer avec son chapeau neuf. Après midi, je dus partir seul à vêpres. "D'ailleurs, me dit-elle, pour me consoler, en brossant de sa main mon costume d'enfant, même s'il était arrivé, ce chapeau, il aurait bien fallu sans doute, que je passe mon dimanche à le refaire".

Le Grand Meaulnes CHAPITRE PREMIER.

Le Pensionnaire.

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