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Le sentiment de la responsabilité, source d'énergie

Publié le 26/04/2011

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Après avoir, selon votre préférence, résumé ou analysé le texte suivant, vous choisirez dans celui-ci un problème auquel vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.    Le sentiment de la responsabilité, source d'énergie    Un homme qui se sent responsable est, comme nous l'avons dit, un homme qui prend conscience que c'est à lui-même et non à autrui qu'on demandera compte d'une action donnée. Dans cette conscience s'associent l'obligation de la tâche à accomplir, la voix de l'intérêt touché par la représentation d'une sanction, et l'aiguillon de l'amour-propre, mû par l'évocation de l'allégresse en cas de succès ou de honte en cas d'échec. Loin de se combattre, ces éléments se fortifient et se disciplinent. Cette alliance du devoir, de l'intérêt et de l'amour-propre nous donne un bon exemple de ces sentiments mélangés dont la force sauve le monde.    Très souvent la responsabilité confère aux âmes la supériorité. D'abord, l'intelligence augmente. On assiste à de véritables transformations. Chacun de nous pourrait citer des camarades qui, au lycée, lui avaient paru médiocres et qu'il a retrouvés plus tard avec une netteté de jugement qui faisait sa surprise, mais que leur avait donnée la responsabilité d'un service important. D'ailleurs, n'est-il pas remarquable qu'on ne s'instruit bien et surtout utilement qu'auprès des hommes responsables, engagés pour leur compte dans un métier? Descartes, dans le Discours, recommande de consulter les praticiens, que l'événement punit en cas d'erreur, plutôt que les théoriciens qui tirent souvent prestige et profit d'opinions mal fondées. L'homme raisonne presque toujours bien dans les limites de sa profession. Cela se comprend. L'intelligence n'est pas une faculté donnée toute faite. Elle se développe et s'aiguise à proportion de l'ampleur et de la complexité des réalités qui pèsent sur elle. Allons même plus loin : l'expérience scientifique et l'expérience morale prouvent très clairement que la raison ne met en œuvre ses ressources et ne porte ses fruits que lorsqu'elle est mise au pied du mur, c'est-à-dire en face des obstacles à surmonter et des conflits à résoudre. L'homme se révèle alors plus malléable et plus capable de progrès qu'on ne le pense d'ordinaire; il s'augmente naturellement de tout ce qui pèse sur lui et, à moins d'infirmité radicale, devient vite compétent quand il est rendu responsable. La sagesse de la fable vante avec raison l'œil du maître. Il est certain que la responsabilité éclaire l'esprit.    Plus encore que l'intelligence, la volonté s'accroît. Dans le sentiment de la responsabilité, les pires efforts ne coûtent point. L'homme se soumet à l'œuvre et pour l'accomplir donne sans compter sa peine, ses ressources, sa vie. Il se dépense et se dépasse lui-même. La responsabilité d'une famille a transformé beaucoup de jeunes gens qui, avant leur mariage, semblaient incurablement légers.    La conscience d'une responsabilité allège le poids de tous les métiers. Ne pensez qu'aux heures de présence, aux exigences des supérieurs ou du public, tout vous sera corvée; pensez au service dont vous êtes responsable, rien ne vous coûtera, et loin de songer à éluder vos devoirs, vous songerez à les remplir malgré tout. Nous touchons ici, semble-t-il, le ressort de la conscience professionnelle, qui se confond, sur tant de points, avec la conscience tout court.    L'homme rendu responsable d'une tâche fait promptement corps avec elle, l'œuvre s'empare de lui, l'incite au « coup de collier créateur «. Dans les âmes émues de ce sentiment, germent les initiatives et les vigilances qui font aboutir. Aucune contrainte ne peut obtenir d'efforts comparables. Bien mieux, les efforts sont accomplis dans l'allégresse. Tous ceux qui ont senti reposer sur leurs épaules le sort d'un pays, d'un navire, d'une usine, d'une entreprise quelconque si humble qu'elle soit, ont trouvé dans cette conscience une joie splendide devant laquelle toutes les autres s'effacent.    La force du sentiment de la responsabilité est une des choses auxquelles il faut avoir foi. D'ailleurs, c'est peut-être du point de vue de la responsabilité qu'apparaît le mieux l'impossibilité d'éluder la morale elle-même. De cette vie qui nous est confiée, qui passe si vite et qui ne se retrouvera pas, il s'agit de faire quelque chose ou rien. Cette idée de la responsabilité en face du destin, pour peu qu'on la ressente un peu fortement, est de toutes la plus efficace sur les consciences et la plus capable de les déterminer pratiquement. Elle éveille en nous les échos les plus solennels, car elle est ancrée dans ces profondeurs où l'être trouve la certitude de sa causalité et de sa permanence.    André Bridoux, Morale.

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