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Les Bijoux Indiscrets réduite ici ?

Publié le 11/04/2014

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Les Bijoux Indiscrets réduite ici ? " - Non ; au vrai, je n'y entends rien. " - Rien du tout ? " - Non, rien. " - Eh bien ! apprends, mon cher, que je voulais me convertir. " - Vous convertir ? " - Eh ! oui. " - Regardez-moi un peu ; mais vous êtes aussi charmante que jamais et je ne vois rien là qui tourne à la conversion. C'est une plaisanterie. " - Non, ma foi, c'est tout de bon. J'ai résolu de renoncer au monde ; il m'ennuie. " - C'est une fantaisie qui vous passera. Que je meure si vous êtes jamais dévote. " - Je le serai, te dis-je ; les hommes n'ont plus de bonne foi. " - Est-ce que Mazul vous aurait manqué ? " - Non ; il y a un siècle que je ne le vois plus. " - C'est donc Zupholo ? " - Encore moins ; j'ai cessé de le voir, je ne sais comment, sans y penser. " - Ah ! j'y suis ; c'est le jeune Imola ? " - Bon ! est-ce qu'on garde ces colifichets-là ? " - Qu'est-ce donc ? " - Je ne sais ; j'en veux à toute la terre. " - Ah ! madame, vous n'avez pas raison ; et cette terre, à qui vous en voulez, vous fournirait encore de quoi réparer vos pertes. " - Amisadar, en vérité, tu crois donc qu'il y a encore de bonnes âmes échappées à la corruption du siècle, et qui savent aimer ? " - Comment, aimer ! Est-ce que vous donneriez dans ces misères-là ? Vous voulez être aimée, vous ? " - Eh! pourquoi non ? " - Mais songez donc, madame, qu'un homme qui aime prétend l'être, et l'être tout seul. Vous avez trop de jugement pour vous assujettir aux jalousies, aux caprices d'un amant tendre et fidèle. Rien n'est si fatigant que CHAPITRE XLIII. VINGT-TROISIÈME ESSAI DE L'ANNEAU.. FANNI. 106 Les Bijoux Indiscrets ces gens-là. Ne voir qu'eux, n'aimer qu'eux, ne rêver qu'eux ; n'avoir de l'esprit, de l'enjouement, des charmes que pour eux ; cela ne vous convient certainement pas. Il ferait beau voir que vous vous enfournassiez dans une belle passion, et que vous allassiez vous donner tous les travers d'une petite bourgeoise ! " - Mais il me semble, Amisadar, que tu as raison. Je crois qu'en effet il ne nous siérait pas de filer des amours. Changeons donc, puisqu'il faut changer. Aussi bien, je ne vois pas que ces femmes tendres qu'on nous propose pour modèles soient plus heureuses que les autres ? " - Qui vous a dit cela, madame ? " - Personne ; mais cela se pressent. " - Méfiez-vous de ces pressentiments. Une femme tendre fait son bonheur, fait le bonheur de son amant ; mais ce rôle-là ne va pas à toutes les femmes. " - Ma foi, mon cher, il ne va à personne, et toutes s'en trouvent mal. Quel avantage y aurait-il à s'attacher ? " - Mille. Une femme qui s'attache conservera sa réputation, sera souverainement estimée de celui qu'elle aime ; et vous ne sauriez croire combien l'amour doit à l'estime. " - Je n'entends rien à ces propos : tu brouilles tout, la réputation, l'amour, l'estime, et je ne sais encore. Ne dirait-on pas que l'inconstance doive déshonorer ! Comment ! je prends un homme ; je m'en trouve mal : j'en prends un autre qui ne me convient pas : je change celui-ci pour un troisième qui ne me convient pas davantage ; et pour avoir eu le guignon de rencontrer mal une vingtaine de fois, au lieu de me plaindre, tu veux... " - Je veux, madame, qu'une femme qui s'est trompée dans un premier choix n'en fasse pas un second, de peur de se tromper encore, et d'aller d'erreur en erreur. " - Ah ! quelle morale ! Il me semble, mon cher, que tu m'en prêchais une autre tout à l'heure. Pourrait-on savoir comment il faudrait, à votre goût, qu'une femme fût faite ? " - Très volontiers, madame ; mais il est tard, et cela nous mènera loin... " - Tant mieux : je n'ai personne, et tu me feras compagnie. Voilà qui est décidé, n'est-ce pas ? Place-toi donc sur une duchesse, et continue ; je t'entendrai plus à mon aise. " " Amisadar obéit, et s'assit auprès de Fanni. " - Vous avez là, madame, lui dit-il, on se penchant vers elle, et lui découvrant la gorge, un mantelet qui vous enveloppe étrangement. " - Tu as raison. " - Eh ! pourquoi donc cacher de si belles choses ? ajouta-t-il en les baisant. " - Allons, finissez. Savez-vous bien que vous êtes fou ? Vous devenez d'une effronterie qui passe. Monsieur le moraliste, reprends un peu la conversation que tu m'as commencée, CHAPITRE XLIII. VINGT-TROISIÈME ESSAI DE L'ANNEAU.. FANNI. 107

« ces gens-là.

Ne voir qu'eux, n'aimer qu'eux, ne rêver qu'eux ; n'avoir de l'esprit, de l'enjouement, des charmes que pour eux ; cela ne vous convient certainement pas.

Il ferait beau voir que vous vous enfournassiez dans une belle passion, et que vous allassiez vous donner tous les travers d'une petite bourgeoise ! " ­ Mais il me semble, Amisadar, que tu as raison.

Je crois qu'en effet il ne nous siérait pas de filer des amours.

Changeons donc, puisqu'il faut changer.

Aussi bien, je ne vois pas que ces femmes tendres qu'on nous propose pour modèles soient plus heureuses que les autres ? " ­ Qui vous a dit cela, madame ? " ­ Personne ; mais cela se pressent. " ­ Méfiez-vous de ces pressentiments.

Une femme tendre fait son bonheur, fait le bonheur de son amant ; mais ce rôle-là ne va pas à toutes les femmes. " ­ Ma foi, mon cher, il ne va à personne, et toutes s'en trouvent mal.

Quel avantage y aurait-il à s'attacher ? " ­ Mille.

Une femme qui s'attache conservera sa réputation, sera souverainement estimée de celui qu'elle aime ; et vous ne sauriez croire combien l'amour doit à l'estime. " ­ Je n'entends rien à ces propos : tu brouilles tout, la réputation, l'amour, l'estime, et je ne sais encore.

Ne dirait-on pas que l'inconstance doive déshonorer ! Comment ! je prends un homme ; je m'en trouve mal : j'en prends un autre qui ne me convient pas : je change celui-ci pour un troisième qui ne me convient pas davantage ; et pour avoir eu le guignon de rencontrer mal une vingtaine de fois, au lieu de me plaindre, tu veux... " ­ Je veux, madame, qu'une femme qui s'est trompée dans un premier choix n'en fasse pas un second, de peur de se tromper encore, et d'aller d'erreur en erreur. " ­ Ah ! quelle morale ! Il me semble, mon cher, que tu m'en prêchais une autre tout à l'heure.

Pourrait-on savoir comment il faudrait, à votre goût, qu'une femme fût faite ? " ­ Très volontiers, madame ; mais il est tard, et cela nous mènera loin... " ­ Tant mieux : je n'ai personne, et tu me feras compagnie.

Voilà qui est décidé, n'est-ce pas ? Place-toi donc sur une duchesse, et continue ; je t'entendrai plus à mon aise.

" " Amisadar obéit, et s'assit auprès de Fanni. " ­ Vous avez là, madame, lui dit-il, on se penchant vers elle, et lui découvrant la gorge, un mantelet qui vous enveloppe étrangement. " ­ Tu as raison. " ­ Eh ! pourquoi donc cacher de si belles choses ? ajouta-t-il en les baisant. " ­ Allons, finissez.

Savez-vous bien que vous êtes fou ? Vous devenez d'une effronterie qui passe. Monsieur le moraliste, reprends un peu la conversation que tu m'as commencée, Les Bijoux Indiscrets CHAPITRE XLIII.

VINGT-TROISIÈME ESSAI DE L'ANNEAU..

FANNI.

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