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Les Femmes savantes de Molière. ACTE PREMIER. SCENE III

Publié le 12/07/2011

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CLITANDRE.

Mon cœur n'a jamais pu, tant il est né sincère, Même dans votre sœur flatter leur caractère, Et les femmes docteurs ne sont point de mon goût. Je consens qu'une femme ait des clartés de tout; Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d'être savante; Et j'aime ,que souvent aux questions qu'on fait, Elle sache ignorer les choses qu'elle sait; De son étude enfin je veux qu'elle se cache, Et qu'elle ait du savoir sans vouloir qu'on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l'esprit à ses moindres propos. Je respecte beaucoup Madame votre mère ; Mais je ne puis du tout approuver sa chimère, Et me rendre l'écho des choses qu'elle dit, Aux encens qu'elle donne à son héros d'esprit. Son Monsieur Trissotin me chagrine, m'assomme. Et j'enrage de voir qu'elle estime un tel homme, Qu'elle nous mette au rang des grands et beaux esprits Un benêt dont partout on siffle les écrits, Un pédant dont on voit la plume libérale D'officieux papiers fournir toute la halle.

L'ensemble. — Clitandre, l'amoureux d'Henriette, exprime ici la façon dont il comprend l'instruction d'une femme. Il a, jadis, été épris d'Armande, mais le caractère pédant et dédaigneux de celle-ci l'en a éloigné et il aime à présent Henriette, dont le charme l'a conquis. Il apprécie l'instruction, mais il repousse l'affectation, l'orgueil et le pédantisme. Il veut qu'une femme, tout en étant instruite, reste modeste, simple et conserve la grâce de la féminité. Il plaide en faveur de la culture générale, qui donne le plus grand agrément dans le monde, et il s'oppose à la sottise de l'orgueilleuse et autoritaire Philaminte, mère des deux jeunes filles, qui veut imposer l'aventurier Trissotin et le faire passer pour un grand esprit. Clitandre découvre non seulement son propre caractère, mais aussi celui de Philaminte et celui de Trissotin. Molière, par sa bouche, expose très nettement ses thèses personnelles. On voit que les livres qui n'avaient pas de lecteurs servaient alors à envelopper les légumes au marché.   

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